Algérie

Portrait d'un rescapé



Il revient dans ce témoignage sur la difficile épreuve qu'il vient de vivre en isolement à l'hôpital pour vaincre le coronavirus qui l'a contaminé. Un témoignage poignant.Quatre jours après sa sortie d'hôpital, Hocine Ammi commence peu à peu à reprendre des forces physiques mais aussi et surtout morales. Sa voix, presque éteinte, comme ses propos, laisse aisément deviner qu'il vient de vivre la pire épreuve de sa vie ; cette épreuve qui fait aujourd'hui trembler tout un chacun et contre laquelle le monde entier se mobilise : la contamination au Covid-19. Contacté, Hocine a accepté de nous livrer quelques bribes de sa souffrance, tout en espérant que les citoyens prendront désormais toutes les précautions nécessaires afin de ne pas avoir à vivre ce cauchemar qui continue de le hanter.
Tout avait commencé le 8 mars dernier. Ce jour là, comme tous les habitants de la wilaya de Tizi Ouzou qui ne savaient encore du coronavirus que ce que les chaînes de télévision diffusaient, cet homme de 49 ans n'avait encore pour souci que d'accomplir son travail habituel de transporteur. "J'ai été à l'aéroport où j'ai accueilli des émigrés rentrés de France et que j'ai accompagnés au village", se rappelle-t-il. Hocine Ammi était encore loin d'imaginer que la menace était si près et qu'il allait être la deuxième victime de cet ennemi invisible à être enregistrée dans la wilaya de Tizi Ouzou après un jeune de Bouzeguène qui venait de rentrer de France. Pourtant, le 14 mars, il sera admis au service infectiologie de l'hôpital Krim-Belkacem de Drâa El-Mizan où, après prélèvement, il sera bel et bien déclaré positif au Covid-19. «Le mardi 11 mars, j'ai senti une forte fièvre. J'ai pris des comprimés contre la fièvre qui m'ont soulagé. Le lendemain mercredi, je me suis même déplacé jusqu'à Tizi Ouzou. Mais, dans l'après-midi, j'ai commencé à ressentir une grosse fatigue", raconte-t-il, lui qui croyait plutôt à une grippe saisonnière. Il était loin de se douter que ses déboires ne faisaient que commencer. "Le surlendemain, jeudi, ayant constaté que la fatigue et la fièvre persistaient et même s'accentuaient, je me suis rendu à l'hôpital de Draâ El-Mizan où, après un contrôle de ma température suivi de prélèvements, j'ai été invité à rentrer chez moi et à m'isoler", se souvient Hocine, désormais gagné par le doute. Le samedi 14 mars, vers dix-heures du matin, le doute devient réalité. Le virus tant redouté était en lui. "J'ai été appelé en urgence pour me rendre à l'hôpital parce que les prélèvements étaient positifs", dit-il. Commence alors le cauchemar d'un interminable isolement qui vient rajouter une couche à son état de santé qui se dégradait. Un isolement qui aura duré 28 jours durant lesquels, aucune visite n'était possible. "J'étais face à ma maladie et à mon destin", témoigne Hocine qui voyait, ainsi, sa situation se compliquer de jour en jour. "J'étais isolé dans une salle où les infirmiers me mettaient sous perfusion à chaque fois que la fièvre montait. Celle-ci ne dépassait pas 39° et quand elle revenait à la normale, je ne recevais aucun autre médicament. Au cinquième jour, je fus transféré au service médecine hommes qui se trouve au 4e étage. Mais ma température ne s'était pas stabilisée et les perfusions se poursuivaient en présence des infirmiers et du médecin.
Cependant, le jeudi 27 mars, j'ai ressenti, en plus de la forte fièvre, une toux continue durant une bonne vingtaine de minutes et des irritations à la gorge", détaille t-il. Il pensait alors au pire. "Il était tellement inquiet lui aussi que l'infirmier a fait appel au médecin", se souvient-il. "Devant mon état qui s'aggravait, le médecin de garde m'a administré des antibiotiques parce que j'avais aussi une angine. Deux ou trois jours après, je commençais à me sentir un peu plus en forme", a-t-il poursuivi soulignant avoir également perdu le goût et qu'il ne mangeait alors plus rien. "J'étais tellement affaibli que j'avais eu une hypoglycémie", dit-il.
Après une souffrance de plusieurs semaines, la situation de Hocine a fini par se stabiliser et les nouveaux prélèvements se sont révélés enfin négatifs. "Le premier test était négatif. Les deux suivants l'ont été également mais je devais encore être prélevé pour une quatrième fois. Fort heureusement, le dernier test de confirmation a été négatif. J'ai été vraiment très content lorsque l'équipe médicale m'a annoncé que j'allais rentrer chez moi et que j'étais guéri", précise-t-il non sans soutenir que sa joie n'est devenue complète qu'après avoir appris que toutes les personnes qu'il avait contactées n'étaient pas contaminées. "J'étais très content d'être guéri, mais ma joie n'a été complète qu'après avoir appris que ma famille et mes voisins étaient indemnes après qu'ils furent isolés durant quatorze jours chez eux. C'est très réjouissant en dépit de ce véritable cauchemar", dira-t-il. Hocine a quitté l'hôpital mercredi dernier. Désormais il se repose chez lui, entouré de sa famille qu'il a retrouvée après cette dure et longue épreuve. Mais, cependant, le virus a gagné du terrain.
Il a déjà contaminé plus de 100 personnes et en a tué 12. Face à cette situation, Hocine Ammi a bien voulu donner un conseil à la population et surtout à ceux qui continuent à ne pas prendre au sérieux ce redoutable et invisible ennemi : "Restez chez vous. Evitez les sorties inutiles. Il vaut mieux être confiné à l'intérieur de chez soi que d'être isolé dans une chambre d'hôpital."
O. Ghilès


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)