Il s'exprimait lors d'une rencontre organisée à la librairie Chaib Dzaier par les éditions Anep, en hommage à l'universitaire, critique littéraire et poète, décédé le 17 septembre dernier, à Djelfa, à l'âge de 63 ans, des suites d'une longue maladie. Le débat a été animé également par Sid Ali Sekhri et Mohamed Balhi. Lors de son intervention, Mohamed Sari a affirmé que « Hamid-Hadj Nacer était un académiste, un intellectuel qui a beaucoup donné à la littérature algérienne ». « Il était aussi un poète discret ayant choisi de s'installer à Djelfa alors qu'il avait l'opportunité de résider à Alger ou même en France », a-t-il ajouté. « On lui doit surtout d'avoir réuni en 1999 tous les recueils publiés de Sénac en un seul volume critique », a-t-il rappelé.Ami et héritier de SénacHamid, diplômé de l'ENA, a commencé à écrire depuis son jeune âge. Dans « Les Gémeaux », « il nous plonge dans l'Algérie des années 60. C'est un roman mi-fiction, mi-biographique », insiste Sari. Dans son journal, il a raconté comment il a envoyé une lettre à Jean Sénac qui animait alors une émission « Poésie sur tous les fronts » sur les ondes de la chaîne 3 de la radio. A sa surprise, Sénac lui a répondu et avait lu ses poèmes puis intégré son nom dans sa célèbre anthologie des jeunes poètes parue en 1971. Il l'a même invité chez lui.Selon Sari, « Hamid avait sa façon de raconter et de narrer. Il a tout décrit, la maison, les meubles. Il a même évoqué l'homosexualité de Jean Sénac. Dans son roman, on retrouve les traces du bouillonnement culturel des années 60 et 70 », rapporte-t-il. Il a, par ailleurs, évoqué les correspondances entre Camus et Sénac que Nacer Khodja a recueillies. Mohamed Sari a regretté que son unique roman « Les Gémeaux » n'ait été publié qu'en 2012 par la maison d'édition El Marsa. Le conférencier a souhaité que les maisons d'édition s'intéressent à ses ouvrages, ses essais et récits. « Il ne faut plus être guidé par les médias français. Nous sommes liés dans les deux langues à Paris, Liban ou Le Caire. Il est temps de créer nos propres références », souligne-t-il.Humble et déçuDe son côté, Sid-Ali Sekhri, modérateur de la conférence, a souligné dans son intervention, qu'il avait rencontré Hamid-Nacer Khodja, cinq fois. « Il avait un visage expressif, toujours souriant mais il avait un regard triste. J'ai apprécié ses contributions dans des journaux notamment français », décrit-il. A une question sur la définition de la critique littéraire, il m'avait dit : « C'est comme l'amour qui casse la cage sans blesser l'oiseau. » « C'est Camus qui lui a fait aimer la littérature. J'atteignais l'ivresse dans nos discussions », a-t-il reconnu. Sid-Ali Sekhri a révélé que Hamid-Nacer était déçu par l'édition algérienne. « On méprisait ses écrits. On a rejeté ses manuscrits. Il pouvait le faire mais il était pudique et humble », précise Sari. Pour Sid-Ali Sekhri, « son présumé assassin était mon camarade au lycée à Bab El Oued. Il n'était pas son tueur ». Mohammed Balhi, journaliste, a été un peu sévère dans son intervention. Il a connu Hamid quand il venait voir Tahar Djaout à Algérie Actualité. Il a déploré ensuite le manque d'un « leader » de la poésie en Algérie.« Hamid Nacer a fait sa thèse sur Jean Sénac, qui a milité pour l'indépendance. S'il avait écrit sur Albert Camus, il aurait bénéficié de visas et sollicité par des éditions françaises. Il faut revoir notre culture, notre littérature. Etre poète en Algérie, qui va vous éditer ' », s'est-il indigné. Il a appelé à l'élargissement du cercle des intellectuels. Selon lui, même s'il a été oublié, à l'instar de Youcef Sebti et autres, Hamid Nacer Khodja « reste un intellectuel atypique ».
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Posté Le : 02/10/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Neïla Benrahal
Source : www.horizons-dz.com