Algérie

...PORTRAIT... Docteur Ka



Comme ma tension artérielle faisait le yoyo, un ami médecin, que Dieu lui pardonne, me recommanda d'aller voir un cardiologue qui officie dans un quartier populaire. J'y vais. Il y avait du monde. J'avais envie de m'asseoir. Pas assez de chaises. J'avais envie d'aller aux toilettes. Pas de toilette. Fermée à double tour. Il faisait très chaud. Pas de clim. J'ai compris tout de suite qu'il fallait être jeune, endurant, en très bonne santé pour supporter ces contraintes : debout pendant des heures, nageant dans sa sueur, sans envie d'aller aux toilettes. Un rapide coup d''il aux patients, je devrais plutôt écrire clients, me renseigna sur leur état : ils étaient tous fatigués, malades, avachis, faisant peine à voir, tous des petites bourses. Certains étalés par terre quand d'autres avaient ramené avec eux des tabourets ! Je me suis pincé pour voir si des fois je ne rêvais pas. Aïïïe ! J'ai mal, donc je ne rêve pas. Au bout d'environ d'un certain temps, je vois un homme sortir furtivement du cabinet de consultation. Il rasait les murs. J'ai eu pitié de lui. Je pensais que c'était un patient trop malade du c'ur pour trouver l'assurance de marcher tête haute. Mon voisin, un vieux beau ou un beau vieux à cause de la maladie, c'est selon, me détrompa : 'Le type qui est sorti sur la pointe des pieds, c'est le cardio. Il a l'habitude de prendre la poudre d'escampette." Stupéfait, je demandai à mon interlocuteur s'il allait revenir : 'ça dépend, parfois il revient, parfois non ! Souvent après une heure d'attente inutile, son assistante nous informe qu'il a eu une urgence ailleurs. Si au moins il avait l'élégance de nous prévenir à temps, et si au moins il était accueillant... Il faut le voir pour croire !" Je suis donc parti. Mais comme je voulais voir de quelle chair et de quel c'ur est fait cet homme, je suis revenu un autre jour. Il m'accueillit froidement, fébrilement, pressé et stressé comme s'il avait la police à ses trousses. Je lui posais des questions sur mon état, il grogna : 'échographie." Je fis l'écho. Je lui posais des questions sur les résultats, il grogna : '2000 DA !" Il me prescrivit une ordonnance longue comme un jour de ramadhan. Je lui posais des questions sur le traitement, il grogna à sa secrétaire, toujours sans me regarder :
'Au suivant !" Des idées commençaient à germer dans ma tête : 'Me prend-il pour un mouton ' Peut-être suis-je avec un vétérinaire '" Son anxiété ayant déteint sur moi, je lui dis qu'il n'est pas vraiment aimable. Il me répondit, cette fois-ci, en me regardant dans les yeux : 'J'offre une prestation, pas un sourire !" Zut !
H. G.
hagrine@gmail.com


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)