Algérie

Portrait



Portrait
Certes, il est encore jeune et a beaucoup à apprendre dans le métier, mais, pour ne pas le nommer, Mokrane Dahmane de Timizart n Sidi Mançour, dans la région d'Ath Jennad, a ce métier de ses parents dans les veines.Depuis son enfance, il ne se départit guère de cet art ancestral, qu'on trouve toujours vivace dans cette Kabylie maritime, comme il le fait remarquer. Selon lui, il réalise à la main la quasi-totalité des styles en poterie, comme il ne cesse de réussir en d'autres modèles dans ce métier. «C'est en admirant, lors de mes moments de ?'répit ou de ?'fuite des autres jeux enfantins, la dextérité des mains de ma maman, que je suis toujours attiré par le malaxage de la pâte argileuse, qui nous permet de réaliser toutes les formes et les figures que l'on veut», nous dira Mokrane, aujourd'hui presque la quarantaine, mais toujours potier invétéré.Selon lui, «l'amour» pour ce métier l'a poussé, au lendemain des événements d'octobre 1988, à fréquenter le Centre de formation professionnelle et d'apprentissage (CFPA) de Boukhalfa (commune de Tizi Ouzou). Après sa période d'apprentissage, il obtint son diplôme de fabricant de céramique et de la faïence. Tout en exploitant son atelier traditionnel chez lui à Timizart, notre potier indique qu'il ne «rate pas la moindre exposition ou foire consacrée à cet art dans notre pays, et même à l'étranger lorsque c'est possible», ce qui lui permet de pénétrer tous les secteurs avec ses beaux articles en poterie, en céramique, en faïence, ainsi qu'en bois, puisque Mokrane affûte chaque jour ses précisions dans la réalisation, avec cette matière, des formes hétéroclites plaisantes, à son goût, ainsi que des ustensiles très prisés dans les cuisines kabyles.«Même pendant mon service national à Oran au début des années 1990, je ne ratais jamais mes moments ?'oisifs pour fabriquer, à l'aide d'un canif, toute sorte d'objet en bois qui venait à «surfer» dans mon tête : une quille, un signe amazigh ou de liberté, une lettre, des choses cultuelles et culturelles, etc.», nous dira encore ce potier qui croit «qu'il n'y a pas plus tuant pour un jeune que l'oisiveté, tandis que l'activité, quelle qu'elle soit, stimule l'esprit inventif?». Les objets et articles divers du potier de Timizart «avaient intéressé beaucoup de monde, y compris des étrangers, africains notamment, lors de ma participation, en 1995, au Palais des expositions de la Safex (Pins maritimes), à Alger, même si les étrangers, les Européens particulièrement, ne pullulaient pas alors chez nous.»Depuis 2001, Mokrane s'est installé à Fréha (daïra d'Azazga), ce qui lui permet d'avoir un riche atelier, de former beaucoup de stagiaires, souvent des étudiants intéressés, et de prendre part à toutes les foires organisées dans la wilaya. Il accompagne aussi l'association Yousef Oukaci d'Ath Jennad dans ses activités culturelles, nous précise-t-il. Ayant pris part au 6e Salon national de l'artisanat à Tizi Ouzou (Jardin Colonel Mohand-Oulhadj) fin mai dernier, puis à d'autres manifestations plus ou moins récentes dans la wilaya, notamment sur le tourisme local, Mokrane se dit toujours satisfait par ce genre de manifestations qui promeuvent l'activité et ses richesses.Il ne manque pas de remercier les responsables de la Chambre des métiers et de l'artisanat, ceux de l'APW pour leurs efforts, «très encourageants pour notre pratique qui a toujours une liaison avec le tourisme solidaire, très utile au développement et à l'environnement de nos régions», ajoute Mokrane qui déplore en revanche «l'importation effrénée, depuis la Tunisie voisine, de conteneurs entiers de produits de poterie». L'enfant potier d'Izarazene (Timizart) indique qu'il ramène la matière première pour la fabrication de ses articles (poterie ou ustensiles en bois) de Bounouh, commune de Aïn Zaouïa (sud de la wilaya), «une façon pour tous les potiers de chez nous de contribuer et d'encourager, réciproquement, le développement de nos localités respectives», fait-il remarquer.




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