Algérie

...PORTRAIT...



...PORTRAIT...
Quand je l'ai connu dans sa bonne librairie Média Plus de Constantine, il avait alors cette énorme moustache frémissante qui lui barrait tout le visage en lui donnant un air sévère. Il parle, et on devine tout de suite qu'il est sorti d'un livre de Maupassant. Tenez, ne cherchons pas loin : Bel ami. Avec cette réserve : ce n'est ni un séducteur ni un manipulateur. Manipulateur, si, un peu quand même, beaucoup : il manipule les livres avec un tel amour qu'on se dit qu'il les aime trop pour ne pas coucher avec.Ou carrément manger, ce qui est conseillé, semble-t-il pour les ulcéreux. Je n'ai jamais vérifié cette confidence qui m'avait été faite par un gastro amoureux fou des livres. Il a fini sa vie fou tout court, entouré de livres et d'araignées. Ce n'est pas le cas de Yassine. Il a les pieds sur terre. Et il préfère la bonne chère aux livres. Il mange comme deux. Et boit comme quatre. De l'eau, je vous le jure. Avant de devenir l'une des figures du livre et de la culture à Constantine, Yassine a fait d'abord des études de médecine vétérinaire.La fréquentation des animaux lui a appris qu'ils sont meilleurs, pour l'essentiel, que nous autres animaux à deux pieds, à mille bêtises et mille ruses. De cette période, il gardera un grand amour pour l'espèce animale. Et une grande méfiance pour l'espèce humaine. Le voilà prof de lycée, le voilà tâtant du journalisme, le voilà libraire. Avant de devenir éditeur des coups de c?ur. Et c'est dans la librairie qu'il éclate au milieu des livres qu'il couve avec une tendresse toute paternelle. Sa librairie Média plus deviendra, au fil du temps, la référence en la matière à Constantine et aussi le RDV incontournable des intellectuels et des amoureux des livres. Les plus belles plumes algériennes ont signé chez lui. Il leur offre le gîte, le couvert et l'humour.Pour avoir partagé quelques moments avec lui, je peux dire qu'ils furent conviviaux et passablement enfumés. L'homme fume avec un plaisir non dissimulé et vous enfume avec le même plaisir. Pour un asthmatique, il est déconseillé de dîner avec Yassine. Je le suis. Pourtant, j'ai pris ce risque. Je m'en suis sorti avec quelques toux et les vêtements sentant la cigarette blonde. Parce qu'il n'aime que les blondes. Je parle de cigarettes évidemment. Pour le reste, y a pas plus fidèle mari que lui. Généreux, Yassine ne répugne pas à faire des ristournes aux étudiants et, parfois, quand il voit un jeune ou moins jeune tourner autour d'un livre, le peser, le soupeser, le humer, l'ouvrir puis le fermer, il devine tout de suite que cet amoureux n'a pas de quoi s'offrir l'objet de son amour. Que fait-il ' Il le lui offre. Passionné de littérature et encore plus par le genre humain, Hannachi ne sait ni biaiser ni ruser. Il est d'une pièce. Ce qui le touche, il le dit sans fioritures. En cela, il est bien algérien. Mais un Algérien qui avance. Et ça dérange un Algérien qui avance...H. G.hagrine@gmail.comNomAdresse email




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)