S'il y a un pays que j'étais curieux de voir, c'était bien l'Afrique du Sud. Trois raisons à cela. La première coule de source : je voulais humer le même air que le légendaire Mandela. J'aime me frotter aux géants. On y gagne toujours quelques centimètres dans l'estime de soi. Un géant vous fait croire en l'humanité quand un crétin vous fait désespérer. La deuxième raison est touristique. J'aime tout ce qui est beau. Et l'Afrique du Sud est d'une beauté à couper le souffle à un marathonien dopé. La troisième raison touche ma fibre d'ex-colonisé. Un arabisant, partisan du Baas, me hoquètera que je le suis toujours, en pratiquant encore la langue de l'ex-colonisateur. Comme le bonheur est dans l'assentiment, je ferai plaisir au baathiste et je lui dirai : "Tope là frère ! Tu as raison sur toute la ligne !" Par ces temps de froid, il faut réchauffer son prochain même avec des mensonges, n'est-ce pas ' Revenons à nos moutons. Et mon mouton, en l'occurrence, c'est voir comment se passe la cohabitation entre les deux populations : noires et blanches, oppresseurs et opprimés. À l'origine de cette démarche, un personnage de mon roman Un parfum d'absinthe était convaincu qu'il aura manqué à l'Algérie un Mandela, et que Ferhat Abbès aurait pu être notre Mandela. Je n'étais pas tout à fait du même avis que mon personnage. Et je voulais le renvoyer au monde de l'imagination et de la fiction en le mettant face à son délire. Le pied en AFSUD, j'allais d'étonnement en étonnement. Le premier. Le monument qui rend hommage aux "héros de la bataille de Blood River qui a vu 530 Boers mettre en déroute plus de 12 000 Zoulous". Il y avait du monde, des descendants des Blancs qui ont vaincu les Noirs. Vous imaginez la même chose en Algérie ' Inimaginable. Deuxième étonnement. On était au Cap, dans un transport en commun. Une blanche, seule, à l'avant, quelques Noirs en arrière. J'étais avec 3 Algériens : Nounou, la figure du foot bien connue, Nacer Guedioura et son épouse, claire de peau et de cheveu. L'épouse s'adresse à une vieille Noire pour je ne sais pas quoi. Il fallait voir la mine ravie de la femme qui se tourne à gauche, à droite comme pour montrer son bonheur à ses compatriotes de la même couleur. Ses yeux, fous de joie, disaient : "Regardez ! Mais regardez bon sang de bon sang, une Blanche s'est adressée à moi, vous vous rendez compte !" Nous pensions qu'il y avait mélange des races, nous avions compris, et la suite nous le confirmera, que les communautés, en général se frôlent, mais ne se touchent pas. Troisième étonnement : toutes les réserves, toute l'économie, toute la finance est en majorité entre les mains des Blancs. Le miracle de Mandela est là : il a fait accepter à sa communauté majoritaire ce qu'aucun dirigeant algérien, y compris Ferhat Abbès, n'aurait osé nous proposer : une indépendance politique sans toucher aux acquis des ex-colonisateurs. Mandela l'a fait pour ne pas plonger l'AFSUD dans le chaos. L'OAS a choisi le chaos. KO aussi pour Ferhat.H. G.hagrine@gmail.comNomAdresse email
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Posté Le : 15/12/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hamid GRINE
Source : www.liberte-algerie.com