Algérie

Port d'Oran : 4,5 milliards de dinars pour gagner en performance, les opérateurs sceptiques



Avec 4,5 milliards de dinars d'investissement, l'Entreprise portuaire d'Oran (EPO) s'est dotée de nouveaux équipements devant améliorer sa performance. Pour les responsables de l'EPO, c'est déjà le cas et la perspective d'une reprise de l'enlèvement des marchandises par voie ferrée devrait permettre une fluidité encore plus grande du port. Les opérateurs économiques, eux, soulignent que les entraves bureaucratiques persistent.

Plus personne ne parle du projet de TCB SL, la société de gestion des terminaux à conteneurs de Barcelone, de prendre en gestion le port d'Oran. Une idée formulée en 2009 restée sans réponse de la part des autorités algériennes. TCB SL ne semble pas, en temps de crise, tenté de relancer sa proposition. L'option Dubaï Port était exclue depuis longtemps, le port d'Oran a cessé d'attendre une solution par le partenariat extérieur pour relever le défi d'une amélioration de ses prestations dont la qualité était fortement pointée du doigt par les opérateurs économiques. Ces derniers mettaient en exergue la faiblesse de ses moyens matériels ainsi qu'un fonctionnement bureaucratique rédhibitoire. La réponse est venue par un gros effort d'investissement pour le renforcement de la flotte et moderniser les équipements. Le port d'Oran cherche à changer de cap tout en faisant de la sécurité de ses activités une obligation et une priorité. Ce sont 4,5 milliards de dinars qui ont été investis entre 2010 et 2011 par l'Entreprise portuaire d'Oran (EPO) pour se doter d'un équipement moderne qui, selon ses responsables, lui a fait gagner du temps et de l'espace. L'investissement lui permet d'accroître sensiblement ses capacités de traitement mais certains opérateurs économiques disent ne pas le ressentir réellement en termes d'embarquement et de débarquement des marchandises.

DES BATONS DANS LES ROUES

Certains de ces opérateurs nous ont, une fois de plus, exprimé leur mécontentement et leur frustration. «Nous sommes toujours confrontés à la bureaucratie et à des lenteurs, qui restent inexpliquées, pour le contrôle de la marchandise. Nous attendons 15 à 20 jours avant de pouvoir retirer la marchandise. Ceci dans les meilleurs des cas et… avec les interventions», nous confie un opérateur économique spécialisé dans l'importation de produits médicaux. Selon lui, si l'Entreprise portuaire d'Oran a fait des acquisitions de matériels pour améliorer les prestations, cela «n'est pas palpable sur le terrain. En tant qu'opérateurs économiques nous continuons à subir les conséquences d'une mauvaise organisation». D'autres concèdent, à l'image d'un représentant d'une société de transit, que «des améliorations sont constatées au niveau du port d'Oran». Mais, ajoute-t-il, «on continue toujours de mettre les bâtons dans les roues des opérateurs économiques juste pour leur créer des problèmes».

Au niveau de l'Entreprise portuaire d'Oran, on estime ces jugements trop injustes alors que, selon ses responsables, un grand effort a été déployé pour aller dans le sens de la fluidité de l'activité portuaire. L'EPO a acquis deux remorqueurs, «Ahmed Zabana I» et «Ahmed Zabana II»pour apporter assistance aux navires de gros tonnage. Elle a également investi dans l'achat de 4 cavaliers gerbeurs. Ces engins ont permis une meilleure rationalisation de l'espace et le dégagement de zones pour la livraison de la marchandise. Ces cavaliers gerbeurs sont gérés par un logiciel qui peut repérer l'emplacement du conteneur par cellule et par ligne. Toujours dans le cadre du renforcement de sa flotte, l'entreprise portuaire a acquis trois nouveaux ponts-bascules, utilisés pour le pesage en plus de 4 grues de quai, des grues automobiles, une nouvelle pilotine (bateau pilote) de troisième génération et 5 portiques à grains d'une capacité de 1.000 tonnes par heure chacune, soit 12.000 tonnes par jour. Le directeur général adjoint, M. Djamel-Eddine Taleb, souligne que l'EPO va acquérir 4 scanners pour les opérations de contrôle et d'expertise des conteneurs et des véhicules. Il sera aussi procédé, selon ce responsable, au déplacement du scanner des services de douanes pour l'installer derrière l'unité Naftal. Sur le segment «passagers», l'EPO compte réaliser une nouvelle salle d'attente et renouveler la sécurité incendie.

VERS LE RETOUR DE TRANSPORT FERROVIAIRE

Reste, cependant, la réalisation du projet de l'extension vers l'est du port. Un projet dont l'étude a été finalisée en 2006, explique M. Djamel-Eddine Taleb, mais qui reste en veilleuse en attendant l'aval des autorités concernées. Par ailleurs, le port d'Oran veut renouer avec la voie ferrée pour le transport de marchandises après plusieurs années d'interruption. Une expérience timide a été menée l'année dernière. Selon le directeur général adjoint de l'Entreprise portuaire d'Oran, elle sera relancée prochainement et elle devrait fortement contribuer, une fois rodée, à la décongestion du trafic au sein du port d'Oran. L'option du chemin de fer fait partie d'un programme du ministère des transports visant à réhabiliter le Transport de marchandise par voie ferrée qui ne représente actuellement en Algérie que 1%. Considéré comme le plus grand port dans la région ouest et 2ème au niveau national, le port d'Oran a enregistré en 2011 un trafic global de 5,48 millions de tonnes de marchandises dont 2 millions de tonnes en vrac solide, 181.062 tonnes en vrac liquide et 2.857.000 tonnes en marchandises diverses.




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