Algérie

Pondération



Peut-on concurrencer la Turquie, la Chine, ou d'autres pays asiatiques, comme le Bengladesh, en matière de production et de commercialisation de produits textiles ' Certainement que l'industrie textile algérienne, en l'état actuel des choses, n'est pas de taille à réaliser un tel objectif, mais c'est ce qu'il faut se mettre devant les yeux quand on a l'ambition de développer ce secteur. Les autorités, en effet, qui ont entamé ces derniers temps l'élaboration d'une stratégie nationale pour le développement de l'industrie du textile, prévoyant la création de mini zones d'activités et de centres techniques chargés de mener des recherches et de dispenser des formations, ainsi que la relance de complexes textiles liquidés, il y a de cela une décennie, en parallèle à la recherche de partenariats solides avec des étrangers, devraient tirer les leçons de l'expérience algérienne dans ce domaine. Celle-ci a abouti à un naufrage dramatique, mettant sur le carreau des milliers de travailleurs et conduisant à la désintégration de toute une chaîne commerciale très prospère dans les années 70, et qui commençait même à s'affirmer sur la scène internationale. On a bien essayé de faire redémarrer cette industrie en 2012, en injectant 2 milliards de dollars pour la relance des activités, sans grand résultat. On a même vu, durant la même période, une délocalisation d'une grande marque de l'industrie textile locale vers la Turquie, attirée qu'elle a été par des conditions qui semblaient meilleures, dont l'ouverture sur des marchés extérieurs, le savoir-faire et des bénéfices plus conséquents. Tant d'amères expériences qui poussent à la pondération. Conscientes de l'importance de la relance cette filière industrielle, sur le plan de la création d'emplois et d'interconnexions avec d'autres filières, à l'enseigne de l'élevage et de la récupération des peaux de moutons, ainsi que le développement de la culture du coton, notamment au sud du pays, les autorités compétentes ont déjà initié des actions en profondeur pour préparer le terrain à la relance de l'industrie des textiles. Est-ce suffisant pour prétendre un jour prochain concurrencer la production étrangère et séduire les consommateurs algériens en matière d'habillement, notamment les jeunes ' L'industrie des textiles est, certes, un puissant levier économique, pourvoyeur d'emplois, mais il ne suffit pas que de bonnes intentions socio-économiques pour l'actionner.En sus des atouts dont on dispose déjà, ou dont on pourrait disposer aisément, soit une base industrielle qu'on peut réactiver sans grande peine et une matière première qu'on peut obtenir localement, la filière textile doit faire l'objet d'une étude très approfondie afin de s'assurer des limites à ne pas franchir, et éviter d'autres pertes dans ce domaine qui connaît une rude concurrence. A elle seule, la contrefaçon, qui sévit à grande échelle dans cette filière, peut détruire tous les objectifs sains.


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