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Pollution/ Front de mer de Bou Ismaïl À qui profite le crime '



Complicité passive - Le front de mer de Bou Ismaïl s'est transformé depuis maintenant plusieurs années en une véritable décharge à ciel ouvert qui accueille toutes sortes de déchets (industriels et ménagers).
Seuls quelques habitants éc'urés ont bien voulu nous donner leur vérité. Une vérité bien amère, au demeurant. Ainsi, ce sont des centaines de mètres cubes de liquide à la couleur suspecte, provenant des déchets des usines surplombant la plage (Le Vivier), qui sont déversés chaque jour à même le sable. Ce même sable qui accueillait autrefois les «Casti» (ancienne appellation des habitants de Bou Ismaïl), qui se plaisaient à y recevoir leur ration quotidienne de soleil. Les pêcheurs, en ce lieu, pouvaient, pour leur part, espérer remplir leur couffin de l'une des vedettes de la table «Castiglione» d'alors : la sardine.
Aujourd'hui, poissons et crustacés ont fui les eaux infectes de cette plage, selon les amateurs de pêche à la ligne rencontrés sur place. Inutile en effet d'être un génie des ressources démérsales pour se rendre compte, de visu, de l'ampleur de la pollution et de ce qui repousse les sardines de cette eau «rougeâtre». Même ces dernières ont compris. Elles ne sont d'ailleurs pas les seules à avoir fui l'odeur éc'urante qui s'y dégage. Ainsi, nombreux sont les habitants de la cité estampillée «résidentielle», «la Paillote», qui juxtapose la plage, qui ont dû quitter et vendre leurs biens à des habitants «fantômes», tant les lieux sont désertés une fois l'acquisition confirmée.
Ce qui fait dire à Farid, un pêcheur rencontré sur les lieux, que les prédateurs de l'immobilier ne sont pas «innocents» de l'état exécrable dans lequel se trouve ce qui, pendant longtemps, était appelé le «Petit Paris». C'est à ces derniers que profiterait ce «crime», selon lui. Usant de toutes sortes de man'uvres, ces nouveaux riches (ou anciens pauvres, c'est selon), poussent les propriétaires locaux à vendre leurs biens.
Ainsi, «Le Vivier» est l'un des multiples fronts où se joue l'avenir d'un autre coin du littoral algérien.
Une bataille à laquelle quelques pêcheurs parmi les habitants, rencontrés sur place ont tenté de prendre part, un temps. Mais l'usure a eu raison de leurs volontés et la résignation a, depuis, pris le dessus, après une guerre sans violence, menée par certains d'entre eux, qui s'est exercée par le mépris autant que par les sempiternelles phrases creuses et sans lendemain de la part des pouvoirs publics locaux, sept ans durant.
Les pouvoirs publics semblent impuissants devant ce désastre qui se déroule sous leurs yeux, tous les jours, et depuis presque une décennie. Une impuissance considérée au mieux comme «une complicité passive», comme le souligne «Ammi» Slimane, un autre pêcheur rencontré sur place.
Scandaleux !
À 40 km à peine de la capitale, ce sont des tonnes d'ordures ménagères et autres déchets solides qui cachent «soigneusement» les déchets industriels qui se déversent quotidiennement à même le sable de ce littoral. Ces derniers proviennent pour l'essentiel de la zone industrielle située à quelques kilomètres de la plage. Surtout, ne pas faire de vagues : tel semble être le mot d'ordre silencieux qu'on applique, à différents niveaux, de la base au sommet de l'édifice social et institutionnel local. Ne rien faire qui pourrait faire fuir de la zone, les tenants de l'emploi local. Ne rien dire qui pourrait donner prise à l'accusation d'hostilité envers les patrons, brandie dès que quiconque invoque le droit à vivre dans un cadre salubre et sain. Même certains tenants et défenseurs de l'écologie au niveau de la région nous ont raccroché au nez dès que nous avons tenté de les approcher «de près». Il est vrai aussi que marquer son indignation via le confortable anonymat d'un site web est largement moins contraignant que de faire face à l'injuste à visage découvert.


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