Algérie

Politiques d'emploi



Politiques d'emploi
Les résultats obtenus par les politiques publiques d'emploi sont globalement ambivalents. Ces derniers témoignent à la fois des succès obtenus mais aussi des limites atteintes, notamment de financement budgétaire. Illustration : le taux de chômage est certes descendu de 29,6% en 2000 à 9,3% fin 2013 mais 21% de primo demandeurs ne trouvent toujours pas d'emploi et 37% de postes de travail n'ont pas preneurs (déclaration du ministre en charge de l'emploi). Alors quels changements sont-ils requis pour obtenir des résultats plus décisifs et surtout durables sur le double plan économique et social ' Pour répondre à cette question, il convient d'évaluer au préalable les bénéfices rapportés aux coûts et d'identifier les contraintes structurelles et financières qui en bornent les limites de faisabilité et d'efficacité. Ma conviction est que l'inflexion de la stratégie ne sera pas suffisante et qu'il faudra, là aussi, changer de paradigme. Le premier signal a été lancé par le FCE lors de la Journée de l'entreprise algérienne du 29 octobre 2013 consacrée à "la formation, l'emploi er l'employabilité". Les travaux ont clairement pointé du doigt les nouvelles exigences de toute politique d'emploi. D'abord celle de mettre en adéquation le système de formation avec les besoins de l'entreprise. C'est loin d'être le cas aujourd'hui avec un système de formation vivant en autarcie. Le professeur Mohamed-Chérif Belmihoub y a même suggéré "la présence de chefs d'entreprise dans les conseils d'administration des instituts". Pour ma part, je pense qu'il faut aller plus loin en mettant en place par exemple un Conseil national de l'emploi, l'éducation et la formation. Ce Conseil serait conçu comme une institution permanente d'interaction entre les savoirs scolaires, universitaires et professionnels et les besoins de qualifications du monde productif. Il est temps en effet de dépasser les seules interventions ponctuelles pour s'inscrire dorénavant dans une action structurelle de long terme touchant tous les secteurs d'activités et tous les systèmes de formation. Ceci dit cela suppose un pré-requis : un tissu dense d'entreprises diversifiées sectoriellement et territorialement d'où l'enjeu crucial de la ré-industrialisation comme vecteur de leur promotion. Mais cette proposition ne prendra de sens que si elle est insérée comme composante constitutive d'une nouvelle démarche en matière d'emploi. Une des visions les plus lucides en a été donnée par l'expert El Hachemi Ouzir dans sa contribution portant sur "l'analyse critique des dispositifs de l'emploi". Il propose la "rupture avec les référents conceptuels qui sous- tendent les mesures (du dispositif institutionnel de la promotion de l'emploi) dans une logique de gestion de la demande d'emploi". Pour ce faire, il convient de transformer les mesures en vigueur en "leviers d'offres d'emploi" et en soutien au développement extensif de l'emploi. Pour s'en rendre compte, il n'y a qu'à se reporter à la structure de la répartition sectorielle des "occupés" : 11,7% pour l'agriculture, 19,7% pour le BTPH, 13,7% pour l'industrie et 55,2% pour le commerce et les services. Cette répartition déséquilibrée "offre encore de larges possibilités pour un développement extensif de l'emploi" mais nécessite certaines ruptures méthodologiques comme indiqué plus haut. Mohamed Saïb Musette, directeur de recherches au CREAD abonde dans le même sens lorsqu'il remarque que les solutions aux problèmes de l'emploi "peuvent exiger des réformes profondes du marché du travail, à l'exemple de l'amélioration de l'environnement des affaires et de la restructuration économique ainsi que la rationalisation du secteur public" et met l'accent sur "l'amélioration de la qualité du système de formation continue". Sur cette problématique de l'emploi, et à l'inverse, j'ai trouvé trop timide une contribution institutionnelle du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle d'Oran(CRASC) qui nous avait pourtant habitué à des productions plus percutantes. Il s'agit de la communication du CRASC pour le Forum latino-américain des ministres du Développement social ayant pour titre "Jeunesse et politiques publiques : d'une préoccupation socio-éducative à une prise en charge en termes d'emploi".La périodisation proposée, pour acceptable qu'elle puisse être (1962-80 : tout Etat, 1980-2000 : moins d'Etat, 2000-2013 : l'Etat autrement), ne met pas assez en évidence les contenus essentiels des évolutions correspondantes des problématiques de l'emploi. Elle ne précise pas que le développement remarquable de l'emploi de la première période était adossé au développement de l'industrie. Elle n'identifie pas non plus les dégâts sur l'emploi qualifié, par la destruction de l'industrie de la deuxième période. Ni enfin des succès mais aussi des limites en matière de création d'emploi de la troisième période. En conclusion, cette politique rénovée de l'emploi, dont on a esquissé quelques traits, fait partie intégrante des conditions à réunir pour passer au nouveau régime de croissance requis pour diversifier structurellement notre économie. J'en fais déjà le pari.M.M.NomAdresse email




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