Algérie

Politiquement correct


Politiquement correct
Que peut-il y avoir d'anormal que l'APN ait eu à rejeter la proposition faite par le gouvernement d'interdire ce qui est qualifié par euphémisme de nomadisme politique et qui n'est en réalité que, malheureusement ou heureusement selon le bord où chacun se situe, l'expression même de l'instabilité chronique au sein des partis politiques pour ne pas dire l'inconsistance même du système et plus profondément d'une culture (politique) jamais ancrée chez ceux qui s'emploient par intérêt à s'investir dans un créneau qui semble être depuis 1990 le seul projet social porteur. Par ailleurs, au-delà des arguments avancés par certains députés et représentants de partis politiques pour juguler la saignée dans leurs rangs, ne serait-il pas plus logique de s'interroger sur les raisons qui font que le nomadisme politique ne ravage finalement que deux formations parmi les plus populistes activant sur la scène. Le Parti des travailleurs et le Front national algérien en l'occurrence qui en font le plus les frais en raison d'abord de l'importance des désertions qui les laminent et ensuite par la médiatisation effrénée qu'en font leurs chefs de file en mettant notamment cette hémorragie sur le «dos du pouvoir dont le rôle d'officines est de lézarder les partis qui gênent» en les dichotomisant, voire en les atomisant. Dans toute démocratie, il aurait semblé pour le moins étrange ou sinon inquiétant que l'Etat s'immisce dans le fonctionnement organique de formations politiques autrement que dans des cas bien précis, connus et avérés qui menaceraient directement sa stabilité. L'humeur vagabonde d'un élu, voire de dizaines, n'en fait très certainement pas partie. Loin s'en faut. Le gouvernement en serait donc, si la raison prévalait, à se discréditer par son intervention dans les affaires internes de formations politiques dont les responsables ne sont pas en mesure d'obtenir la fidélité de leurs militants et deux fois plus à partir du moment où ils se retrouvent investis d'une charge élective. Et une loi où il serait question d'aider à faire le ménage au sein de ces partis politiques ne reviendrait tel qu'un boomerang non plus à la face d'un gouvernement interchangeable selon les conjonctures mais de l'Etat lui-même en tant que garant des lois et du respect qui leur est dû. «Est déchu de plein droit de son mandat tout élu qui aura rejoint en cours du mandat, un parti politique autre que celui sous l'égide duquel il a été élu en qualité de membre de l'Assemblée populaire nationale, du Conseil de la nation, d'une Assemblée populaire communale ou de wilaya», une disposition, contenue dans le projet de loi, retoquée par la commission juridique de l'APN pour la très banale raison que l'élu s'y trouve (l'institution concernée) par la volonté populaire et ne pourrait donc en être délogé que dans les mêmes conditions. Voilà donc un front que le gouvernement aurait mieux de ne pas ouvrir pour laisser aux responsables des partis politiques de prendre en charge conséquemment le nettoyage de leurs rangs sachant qu'ils ne se sont jamais embarrassés de recruter sans rarement tenir compte de la morale et surtout de la moralité de ceux qu'ils «récupèrent» à la veille d'échéances électorales décisives en ce sens que les candidats cooptés et parachutés en dernière minute disposent effectivement de réelles chances d'être élus. C'est l'histoire à répétition du FNA et du PT, ceux-là mêmes qui auraient gagné en soulagement si la disposition relative au nomadisme politique avait été entérinée et qui, tout aussi, aurait confirmé tout ce qui se dit au sujet de leurs accointances.
A. L.
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