Politique et dialogue de nuls

Il y en a encore qui parlent politique parmi les Algériens ordinaires. C'est difficile à croire mais ça existe. On a pu croire, convaincus ou presque, qu'il n'y a plus rien à faire ou c'est inutile quoi qu'on fasse. Pour autant, il reste des Algériens qui en éprouvent toujours le besoin. Certains prétendent que c'est juste une (mauvaise) habitude, une sorte d'addiction dont on a du mal à se débarrasser même si on sait que dans le meilleur des cas elle est inutile, dans le pire, délétère. Ils en parlent même s'ils prétendent parfois que leurs sujets ne sont pas... politiques. Où commence la politique et où elle s'arrête ' C'est un sujet de dissertation aussi philosophique que l'histoire de l'?uf et de la poule. Tenez, l'autre fois, on a surpris deux amis qui s'y sont mis sur la route du marché. La première chose «entendue» dans leur bouche est qu'ils ne portent pas de bavettes et ils ne donnent pas l'impression d'avoir entendu parler de la distanciation physique. De toute façon, pour nos deux sexas, le port du masque, c'est... politique et ils n'ont pas l'intention d'en faire un sujet du jour. Pourtant, la politique, ils étaient en plein dedans mais là c'est différent. Alors, le plus entreprenant et certainement le plus loquace aussi ouvre les hostilités, pour ainsi dire : il paraît qu'ils vont refaire la loi électorale. Oui, il se dit même que beaucoup de partis ne pourront plus présenter de candidats. Le FLN et le RND qui seront d'ici là au musée ' Non, les autres, les... petits partis qui n'ont pas pu obtenir 4% lors des derniers scrutins. Sérieux ' Il y a des petits partis dans notre grand et beau pays, ça veut dire qu'il y a aussi des grands, c'est ça ' Et puis si les dernières élections sont une référence en matière de «scores», ça veut dire qu'elles ont été démocratiques, régulières, propres, transparentes et tout le tralala ' Et si tel est le cas, ça veut dire que la loi électorale est bonne. Et si elle est bonne pourquoi la changer alors ' Tu fais trop de politique, toi, réplique l'autre, moins bavard et surtout moins disponible à continuer la conversation. Ils conviennent donc de changer de sujet. «Tu penses vraiment que la vaccination va se faire de façon juste et équitable, qu'il n'y aura pas de privilégiés qui vont avoir leurs doses en priorité et accéderont au meilleur vaccin tandis que les fils du peuple vont attendre longtemps avant de pouvoir se faire piquer avec de la «khourda» ' Arrête de... faire de la politique, on s'est entendu qu'on allait parler de la pluie et du beau temps, non ' On parle de la pluie ou du beau temps, ce n'est pas la même chose. Et puis, parler des deux en même temps, ça va être difficile, non ' Devant la porte du marché, ils décident finalement de se séparer parce qu'ils savent qu'ils ne peuvent pas éviter la discussion sur les prix. La politique s'arrête au seuil du marché 'S. L.