Algérie

Politique et coopération économique internationale



Selon M. Vernières, le contraste existant entre les économies des pays du Nord à l'industrie développée avec des niveaux de revenus élevés, et celles du Sud à l'industrie peu développée avec des faibles revenus par tête d'habitant,  s'est longtemps prescrit comme une évidence ou une vérité. Face à cette situation de disparate péréquation des richesses matérielles et des données économiques à l'échelle globale, la coopération entre ces deux ensembles était donc conçue comme des rapports d'aide financière ou d'assistance technique dans le cadre des relations asymétriques entre les pays riches et les pays en développement. En effet, depuis la Deuxième Guerre mondiale et durant toute la guerre froide, il y avait deux Nord (l'Occident et l'Est) en concurrence ardente auprès des pays du Sud aux indépendances politiques récentes et cela pour les attirer dans leur camp. La coopération durant cette période a donc été très marquée par cet enjeu stratégique. L'aide au développement devait créer des liens politiques et surtout éviter qu'il ne s'en crée avec l'autre camp. L'impact réel de ce genre de coopération sur le développement économique et social n'était pas prioritaire pour les pays donneurs, même si leurs discours annonçaient le contraire. La fin de la guerre froide en cette fin de XXème siècle a radicalement changé les données de la coopération : le Nord, en général, a cessé d'aider réellement les pays du Sud qui continuent à faire même appel à l'aide occidentale. Bien que celle-ci ait changé de couleur et ne représente que de l'ordre minime de celle destinée auparavant aux pays du Sud, certains de ces derniers s'inquiètent réellement d'une concurrence potentielle auprès des pays donateurs de cette aide ou de ce développement. En fait, la question de la coopération était souvent mal posée car son traitement était en termes quantitatifs, alors que la vraie question actuelle sur la coopération avec le Sud en général et l'Algérie en particulier est essentiellement relative à la qualité et l'efficacité de cette coopération. Il semblerait plutôt qu'un Monde différent impose une coopération différente. C'est pour cela que les pays du Sud et même l'Algérie doivent changer d'attitudes pour pouvoir tirer profit de cette nouvelle coopération dans le cadre de cette mondialisation politique, économique et culturelle... Dans ce sens, M. Vernières indique, dans son livre intitulé Nord-Sud Renouveler la coopération, que « coopérer, c'est agir ensemble... Cela suppose, de la part des acteurs, une volonté d'intervenir dans la vie économique. Cette action commune implique que les partenaires soient égaux en droit, sinon de fait, ce qui semble impossible du fait de leur inégalité de richesse économique. La coopération apparaît donc, dans ses fondements théoriques et idéologiques, comme directement liée à des valeurs de solidarité. Pour qu'elle puisse être effectivement admise par les sociétés concernées, donc mise en oeuvre, il convient que l'intérêt économique, politique et culturel de cette coopération soit réel et compris par les populations... ». Dans le cadre de cette approche, l'on peut dire que si certains pays du Sud demeurent exclusivement fournisseurs de matières premières, d'autres commencent à jouer un rôle important en tant qu'exportateur de produits manufacturés ou autres. Il n'est désormais plus possible, par exemple pour notre pays l'Algérie dans le cadre de ces pays, de concevoir ou de réduire les politiques de coopération à la seule question de l'exportation des hydrocarbures ou de l'aide au développement à travers l'attraction des investissements directs étrangers pour juste assiéger dans les services, les projets d'infrastructures ou les commercialisations des produits fabriqués ailleurs... Dans le cadre de cette nouvelle dynamique internationale qui croit beaucoup plus à la qualité et à l'efficacité de la coopération, il s'agit donc d'utiliser politiquement ce potentiel énergétique constitué du gaz et du pétrole de l'Algérie pour faire de la coopération un levier de production à l'intérieur du pays et cela pour une véritable industrialisation... En effet, ces politiques de coopération doivent concerner les problèmes monétaires, financiers, commerciaux, technologiques et surtout productifs..., aussi bien lors des grandes négociations internationales, comme celle de l'OMC ou autres avec des pays, que pour le suivi des négociations et de l'action d'un pays partenaire. Cependant, la croissance de la mondialisation des relations économiques n'a pas exclu un renouveau de la coopération au sein de zones régionales, ce qui doit conduire l'Algérie qui a fait beaucoup de progrès sur le plan diplomatique durant ces dernières années, à repenser sa propre politique de coopération régionale et internationale... Ce renouveau nécessaire s'impose à l'Algérie dont les institutions et les bases de sa politique de coopération doivent s'adapter à ce renforcement international. Enfin, l'indispensable action de l'Etat doit davantage s'appuyer sur l'amélioration des collectivités territoriales et sur des opérateurs étrangers productifs qui apportent réellement du nouveau à la société, qu'il s'agisse des entreprises, des organismes ou autres... Autrement dit, des transformations radicales de l'environnement économique imposent de renouveler les politiques de coopération en mettant en priorité l'accent sur les questions multilatérales commerciales, financières et productives : tout ceci invite, dès lors, à proposer en permanence des améliorations et des nouveautés aux institutions étatiques chargées de la coopération. Force est de constater que la coopération économique doit être l'une des priorités des relations bilatérales de l'Algérie avec n'importe quel partenaire stratégique. Cette coopération bilatérale existante ou qui va naître doit avoir pour but, de promouvoir l'utilisation du potentiel des ressources naturelles et économiques pour rendre l'Algérie un pays exportateur hors hydrocarbures. Le centre de gravité de la coopération à venir se situera donc dans le domaine de la lutte contre la pauvreté et de la prise en charge des ressources humaines. Il s'agit ici de définir des principes rationnels de la politique de coopération économique qui doivent être fixés par l'action publique permanente. Dans ces cas, les objectifs comme les outils de la coopération doivent, à l'évidence, être diversifiés pour s'adapter à des situations différentes. * Docteur en sciences politiques (politologue)


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