Algérie

Politique de l'emploi et taux réel de chômage en Algérie


Politique de l'emploi et taux réel de chômage en Algérie
Le ministre du Travail donne, depuis des années, des chiffres erronés sur le taux de chômage réel en Algérie, induisant en erreur les plus hautes autorités du pays et la population algérienne. Pour preuve, les tensions sociales actuelles dans la plupart des wilayas où les chômeurs, en majorité des jeunes diplômés, réclament, par millions, du travail.
Comment a-t-on pu abaisser le taux de chômage avec le dépérissement du tissu productif dont l'industrie représente à peine 5% du PIB ' Selon l'adage, lorsque le bâtiment va tout va. En ce XXIe siècle et à la lumière des bulles immobilières, cet adage tient-il toujours la route ' Miser uniquement sur la résolution de la crise du logement sans entrevoir la dynamisation de la sphère productive avec l'épuisement inéluctable des hydrocarbures traditionnels dans 15, voire 20 ans, ne conduit-il pas l'Algérie droit au mur avec le risque d'une implosion sociale différée, la cellule familiale et les transferts sociaux de 18 milliards de dollars en 2012 non ciblés et mal gérés, permis grâce à cette rente, servant temporairement de tampon social. L'entreprise et l'innovation permanente au sein de cette économie mondialisée, un monde turbulent et instable, renvoyant à la nécessaire vision stratégique comme facteur d'adaptation, ne sont-ils pas la voie salutaire pour un développement, durable ' Comment fera-t- on pour absorber la sortie uniquement pour l'enseignement supérieur de 2 millions d'étudiants à l'horizon 2015/2017 et un flux additionnel global de 350.000, voire 400.000 par an ' Un paradoxe : avec le taux officiel annoncé, l'Algérie ne devrait-elle pas connaître de remous sociaux ' Pourquoi donc ces données euphoriques déconnectées de la réalité sociale ' J'invite donc pour éclairer l'opinion publique le ministre du Travail, en tant qu'expert international, à un débat public sur la politique de l'emploi qu'il préconise et sur les données qu'il livre régulièrement concernant le taux de chômage car connaissant le dossier et ayant eu à diriger un audit sur l'emploi et les salaires pour le gouvernement entre 2007 et 2008, avec un diagnostic serein et des propositions concrètes. 1) N'a-t-on pas assisté au communiqué de l'APS en date du 08 août 2011. Je le cite : «Quelque 1.090.435 emplois ont été créés durant le 1er semestre de 2011, indique un bilan des services du Premier ministre». Le Premier ministre a-t-il été induit en erreur par le ministre de tutelle ' D'après ce communiqué, en Algérie, le chômage était déjà en 2011 en voie d'éradication. Pour le ministre du Travail, le taux de chômage s'établirait à 15% en 2007, 11,3% entre 2008 et 2009, 10,2 % en 2010, 10% en 2011 et 9,5% en 2012 sur une population active estimée à environ 11 millions à la fin de 2012. Cela signifie qu'avec une demande additionnelle d'emplois d'environ 350.000 ou 400.000 par an , minimisant d'ailleurs la demande féminine, que le taux de croissance réel a permis en plus d'absorption de ce flux, de réduire le stock précédent. Or,il existe une loi économique valable pour tout pays : le taux d'emploi est fonction de l'entreprise, ne créant pas des emplois par décret du taux de croissance et des structures des taux de productivité, la crise mondiale actuelle étant une crise de la sphère réelle. Comment avec un taux de croissance selon les rapports internationaux de trois pour cent entre 2004 et 2012 peut-on avoir créé autant d'emplois malgré une dépense publique en cette période d'environ 500 milliards de dollars alors que le taux de croissance aurait dû être entre 10 et15%. La mauvaise allocation des ressources, la mauvaise gestion avec des surcoûts exorbitants et la corruption expliquent cette situation. En fait, le pays dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats par rapport aux pays similaires du niveau du bassin méditerranéen selon une récente étude pour la région MENA. Des calculs précis, que je peux mettre à la disposition des lecteurs, montrent clairement que sur les 6% de croissance hors hydrocarbures, officiellement 80% l'ont été par la dépense publique via les hydrocarbures et que les entreprises évoluant dans le cadre des valeurs internationales contribuent à moins de 20% du produit intérieur brut. Pour preuve, l'Algérie exporte 98% en hydrocarbures brut et semi-brut et importe plus de 70% de ses besoins. Toujours dans ce cadre, 70% de la dépense publique ont été absorbés par les infrastructures, dont le BTPH, qui ne sont qu'un moyen, l'entreprise et le savoir étant dévalorisés. Pour preuve, le poste services est passé de 2 milliards de dollars en 2002 à plus de 12 milliards à la fin de 2012 avec ce paradoxe fuite des cerveaux algériens et appel à l'assistance étrangère. Après la fin des chantiers, que deviendront ces milliers de travailleurs en espérant une non-chute brutale du cours des hydrocarbures due à la crise mondiale ' A-t-on médité la crise immobilière en Occident, notamment en Espagne ' L'actuelle structuration économique et les différentes institutions chargées de promouvoir l'investissement et l'emploi, organes bureaucratiques, se sont avérés un véritable échec, avons-nous noté dans notre rapport en 2008. Le peu de performance est confirmée par la tertiairisation de l'économie ( 83% de la superficie économique), la dominance des entreprises unipersonnelles à responsabilité limitée (Eurl) avec 48,84%, suivies des sociétés à responsabilité limitée (Sarl) avec 41,96%. Fait plus grave, l'ONS confirme certaines enquêtes au niveau de l'ANDI et l'ANSEJ où les dépôts de bilan dépassent 40% ces cinq dernières années, c'est-à-dire d'entreprises radiées du répertoire des entreprises pour cessation d'activités 2) Il ne suffit pas de donner des intentions mais les réalisations effectives en distinguant la part en devises et la part en dinars, tant des équipements que des entrants, le tout afin de dresser une balance devises prévisionnelles non biaisée, tenant compte de la concurrence internationale. Quel a été le devenir des projets qui ont bénéficié des avantages financiers et leur durée de vie et le nombre de faillite ' Cette euphorie actuelle où la majorité des jeunes déposent des dossiers à l'ANDSEJ se concrétiseront-ils par l'émergence d'entrepreneurs dynamiques alors que ceux déjà installés souffrent de contraintes d'environnement (bureaucratie, système financier inadapté, foncier, rareté de main-d''uvre qualifiée adaptée) ' A-t-on tenu compte des sureffectifs dans les administrations et entreprises publiques, la productivité du travail en Algérie selon les rapports de l'OCDE étant une des plus faibles au niveau du bassin méditerranéen. Il s'agit de ventiler les emplois à valeur ajoutée, des emplois non productifs ou faiblement productif ' le commerce de détail connaît une implosion selon le dernier recensement du Centre national du registre de commerce ', des temporaires qui constituent le plus gros des effectifs. Dans ce cadre, quelle est la structuration des effectifs recrutés par niveau de qualification, la ressource humaine étant une richesse bien plus importante que toutes les richesses d'hydrocarbures ' Enfin, quelle est la part de l'emploi informel en distinguant les emplois à valeur ajoutée et de la sphère informelle marchande spéculative dominante. Le taux officiel redressé par les sureffectifs, les emplois fictifs temporaires, le taux de chômage ne fluctuerait-il pas entre 20 et 25%. C'est que les Algériens vivent dans la réalité et ne mangent pas les chiffres. Car, comment mener une bonne politique sans avoir un tableau de bord clair évitant de falsifier les données. Il s'agit de dire la vérité, rien que la vérité, et ne pas verser dans la sinistrose, ni dans l'autosatisfaction, source de névrose collective. Les Espagnols n'ont pas honte d'affirmer que le taux de chômage de 24% est dû à la crise économique. Invoquer des données qui ne correspondent pas à la réalité, surtout à l'ère d'internet où le monde est devenu une maison de verre, favorise tant le divorce Etat-citoyens que le discrédit de l'Algérie au niveau international. C'est que, corrigé, le taux de chômage et le taux de croissance officiel sont des taux artificiels irrigués par la rente des hydrocarbures avec des salaires sans contreparties productives pour calmer le front social. Il en est de même pour l'inflation que l'on comprime artificiellement par des subventions généralisées et non ciblées source de gaspillage et de fuite de produits hors des frontières, donc avec des impacts mitigés sur le pouvoir d'achat des Algériens, faute de production suffisante et de mécanismes clairs de régulation avec la dominance de la sphère informelle qui contrôle les principaux segments clefs des produits de première nécessité. Cela traduit les liens dialectiques entre la logique rentière et l'extension de cette sphère, de la nécessité de la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures, qui renvoie à une autre gouvernance. Et à l'urgence d'imaginer dès aujourd'hui un nouveau modèle de consommation énergétique car l'Algérie sera importatrice, tenant compte de la forte consommation intérieure, des exportations extrapolées car dépensant en équipement et en fonctionnement sur la base d'un cours de plus de 100 dollars le baril de pétrole à l'horizon 2020 et de gaz conventionnel horizon entre 2025 et 2030. Sans cela, ce sera la révolution sociale permanente avec des incidences politiques désastreuses. En conclusion, je considère que le rôle d'un cadre de la nation, de l'intellectuel n'est pas de produire des louanges contreproductives mais d'émettre des idées constructives, base de l'action concrète, par un discours de vérité pour faire avancer la société. Notre seul souci est de servir les intérêts supérieurs de l'Algérie au moment où d'importants bouleversements géostratégiques s'annoncent. Dans ce cadre, je suis prêt à un débat public contradictoire et productif au niveau des télévisions algériennes animé par des journalistes spécialisés avec le ministre du Travail. La population algérienne qui est en droit de savoir jugera.
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