Mokrane Aït Larbi avertit, dans un entretien accordé à El Watan, contre une succession dynastique.
Ancien membre fondateur de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, ancien sénateur Mokrane Aït Larbi reste un esprit libre. Il obverse qu’ « au moment où l’opposition subit les dommages collatéraux des dernières élections législatives, les «faiseurs» de présidents préparent un candidat de consensus des différents groupes d’intérêt. Puis de préciser son tir : "ce «consensus» trouvera bien entendu un soutien inconditionnel de dizaines de partis politiques sans militants, de la direction de l’UGTA et autres «organisations de masse", du FCE… ". A preuve la dernière sortie du FCE et de l’UGTA, dans une espèce d’alliance de la carpe avec le lapin, ont en chœur réitéré leur soutien au président.
Cinglant, il s’interroge : "Est-ce que la classe politique et les médias sont condamnés à passer les 18 mois qui nous séparent de la prochaine élection présidentielle à parler d’un éventuel 5e mandat pour Abdelaziz Bouteflika ou d’un éventuel premier mandat pour son frère ?". Aussi en la matière, l'ancien sénateur rappelle que, comme de tradition en Algérie, l'armée aura son mot à dire car "je ne vois pas pour quel motif l’armée dérogerait à cette règle en 2019. Il est de notoriété publique que le pouvoir n’a pas de candidat naturel, et que chaque clan du système cherche à imposer son chef pour préserver ses intérêts claniques", argumente-t-il
S’il voit en ce débat une manière de détourner l’opinion sur la crise dans laquelle le pouvoir se débat, il avertit que "ce discours repris par calcul ou de bonne foi risque de banaliser cette option et de laisser le peuple indifférent ». Pour Aït Larbi, le verdict est clair : "le fait d’envisager un 5e mandat pour un Président qui a du mal à terminer le 4e est en soi une provocation et un mépris pour le peuple". Pour ceux qui doutent de la capacité des Algériens à se dresser contre le règne dynastique qui se précise, le membre fondateur du RCD rappelle les mouvements populaires de décembre 60, l’été 1962, Avril 1980 et enfin octobre 1988.
"L’absence de Bouteflika pendant huit mois ne l’a pas empêché le 4e mandat", estime Mokrane Aït Larbi qui constate aussi la paralysie du Conseil constitutionnel et donc l’impossibilité d’application le fameux article 120.
De fil en aiguille, "l’opposition, réduite à s’opposer par communiqués, est invitée à trouver d’autres options de sortie de crise. Par ailleurs, le peuple algérien n’a pas entendu la voix du Président depuis son investiture en avril 2014. Face à cela, je ne pense pas qu’il y ait un Algérien qui n’ait pas de réponse à ce sujet."
Comme tous les Algériens, Mokrane Aït Larbi affirme que "le Président ne s’exprime pas, le commandement militaire ne communique pas sur les relations entre le Président et l’armée, comment voulez-vous qu’à partir de mon cabinet ou d’une salle d’audience, loin d’El Mouradia, des Tagarins, et même de Zéralda, je puisse connaître les relations entre ces deux institutions ? Ceci étant dit, je pourrais me livrer, comme certains, à une analyse virtuelle sur des sujets aussi graves relatifs au fonctionnement au sommet de l’Etat, mais je laisserai cela à des esprits plus éclairés". Par ailleurs, Ait Larbi regrette l'incapacité de l'opposition à se réunir autour d'une seule candidature.
Yacine K.
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Posté Le : 20/03/2019
Posté par : lahbiben
Ecrit par : TSA Yacine K.
Source : TSA Mokrane Aït Larbi