Décidément, la compagnie aérienne nationale traverse de grosses turbulences. Air Algérie semble toujours être ‘'à terre'' après le crash, le 24 juillet dernier, du vol 5017 Ouagadougou-Alger, accumulant les retards, provoquant la colère de ses clients, alors qu'en interne, une profonde crise qui couvait depuis un certain temps menace d'exploser. Le directeur général d'Air Algérie, Mohamed Salah Boultif, qui a annoncé jeudi la mutation de trois directeurs centraux auparavant affectés à des postes sensibles, a également annoncé le renforcement prochainement (fin 20104, début 2015) de la flotte de la compagnie pour améliorer la gestion des vols et la prise en charge des passagers dont la réduction des retards des vols. En fait, le pavillon national est mal dans sa peau depuis le crash de l'avion de la compagnie de leasing espagnole Swiftair, car la perte de cet appareil a mis à nu les carences de gestion des vols à Air Algérie. Car, depuis cet accident qui a coûté la vie à 116 personnes, la compagnie n'a pu pratiquement plus respecter son programme, à tel point que le vol de 21 heures du vendredi 8 août n'a décollé, après de vives protestations des passagers qui ont passé la nuit à l'aéroport, que le lendemain vers 9 heures du matin.Et encore, il a fallu, selon les témoignages, que les passagers bloquent le guichet du vol Alger-Annaba de 7 heures pour que ‘'la compagnie affecte un avion pour le vol d'Adrar''. Le patron d'Air Algérie, sur la sellette depuis le crash du vol 5017 Ouagadougou-Alger et la pagaille qui règne dans les aéroports algériens, est revenu sur le principal problème de la compagnie jeudi dans un entretien à Ennahar TV. S'il a reconnu qu'il y a actuellement beaucoup de problèmes au sein de la compagnie, dont celui des gros retards des vols domestiques et internationaux, il a relativisé ces faits en rappelant qu'une amélioration a été constatée depuis 2010. Il a indiqué que durant cette année, «nous étions à 50% du respect des horaires, en 2012 à 60% et durant l'année en cours, nous sommes arrivés à 65% du respect des horaires».Problèmes techniques, sécurité des appareils, programme de vols des tours de contrôle et surtout l'insuffisance de la flotte expliquent, selon lui, les retards des vols en périodes de pointe, notamment en été avec des programmes chargés, qui obligent souvent la compagnie à recourir à l'affrètement pour exécuter son programme estival. «Quand il y a ce genre de problèmes, on serait dans l'obligation de faire des retards.Ce genre de perturbations peut arriver à n'importe quelle compagnie, sauf que Air Algérie est sous les feux de la rampe», explique-t-il. Revenant sur la question de l'affrètement des avions en périodes de pointe, notamment en été ou pour exécuter le programme Hadj ou Omra, il a rappelé que cette opération se fait selon la méthode classique de l'appel d'offres sur la base d'un cahier des charges pour les soumissionnaires.Ensuite, ce sera à la commission des marchés d'évaluer les offres. Boultif a indiqué que le coût des affrètements dépendent des capacités techniques et le nombre de sièges de l'avion, et ‘'peut atteindre 4.500 dollars par heure de vol, alors que l'acquisition d'un appareil neuf peut coûter entre 30 et 75 millions dollars». Il expliquera en outre qu'avec «l'acquisition prochaine de 16 appareils (Air Algérie) va dépasser cette crise. La réception se fera entre décembre 2014 et décembre 2016''. Sur le crash du McDonnell Douglas de Swiftair, il a surtout expliqué que les familles des victimes peuvent ‘'percevoir jusqu'à 180.000 dollars au titre des indemnisations, conformément à la convention de Montréal. Mais nous devons tout d'abord verser en urgence aux familles 16.000 euros/victime'', avant de faire remarquer que ‘'la priorité pour nous, c'est de déterminer l'identité des corps pour les rendre aux familles et après, on aura le temps pour trouver les rasions du crash''. Il annoncera, sinon il a confirmé ce qui était dans l'air : la fin de fonction des directeurs des opérations, de la maintenance et du centre de contrôle opérationnel. ‘'Ils sont appelés à d'autres missions au sien d'Air Algérie'', a-t-il ajouté. ‘'Dans la gestion, il y a des conjonctures. Et dans le domaine opérationnel, les choses évoluent. Je refuse le terme de limogeage. Ce sont des cadres de la compagnie qui sont appelés à d'autres fonctions'', a-t-il déclaré dans cet entretien, ajoutant avoir remarqué «un manque de coordination entre ces trois responsables malgré la discussion qu'il avait eue avec eux, trois mois auparavant». Air Algérie, à l'image des Algériens, «a une dimension humaine», a-t-il encore précisé.SYNDICATS DES PILOTES DE LIGNE : TIRS CROISESLa sortie de Boultif, dans la soirée de jeudi, intervient en fait comme une réaction à chaud à un sulfureux communiqué du syndicat des pilotes de ligne algériens (SPLA, autonome), qui a alerté l'opinion publique et la direction d'Air Algérie ‘'sur l'imminence d'un accident grave au sein de notre compagnie (…). Aujourd'hui, après un crash très récent, le comportement de certains responsables et le climat de travail qui règne au sein de la compagnie nous font craindre le pire. En effet, la mauvaise gestion et le non-respect du régime de travail des pilotes mettent en danger immédiat la sécurité des passagers. Cette gestion nous a amenés à la situation actuelle catastrophique, jamais connue de mémoire de pilote». Le SPLA ajoute: «Les pilotes d'Air Algérie sont fatigués; en effet, les refus de congé ont atteint des summums (14 mois de reliquat de congé pour certains) avec un total de plus de 132 années de reliquats pour l'ensemble des pilotes. Cette situation dure depuis plusieurs années, ce qui oblige les pilotes à tricher pour avoir quelques jours de repos».La décision de mettre fin aux fonctions de trois directeurs centraux est ainsi commentée par le SPLA: «Le problème de notre compagnie est plus profond; faire sauter quelques fusibles n'apportera rien du tout, d'autant qu'il s'agit d'un remaniement de quelques directeurs, passant d'un poste à un autre, forts de leur incompétence avérée et leur appartenance régionale''. ‘'Les responsables d'Air Algérie peuvent soit travailler de manière professionnelle et être éjectés aussitôt, soit accepter les compromis en portant atteinte à la sécurité des vols en travaillant dans l'anarchie'', indique encore le SPLA qui appelle à ‘'la vigilance l'ensemble des professionnels de l'aviation au sein d'Air Algérie afin d'éviter un drame de plus''. Ce communiqué, publié jeudi par la presse nationale, a provoqué un tollé chez l'autre syndicat des pilotes de la compagnie, affilié celui-là à la centrale syndicale UGTA, le syndicat des pilotes de ligne algériens (Personnel naviguant technique, PNT), qui a désavoué le SPLA et l'accuse d'''attaques injustifiées'', et dire des ‘'mensonges''. »Ces attaques injustes et injustifiées sont jalonnées de mensonges et de déclarations insidieuses visant le discrédit de la compagnie, dont l'origine renvoie à des cercles biens connus et identifiés», indique le PNT-UGTA d'Air Algérie, qui s'interroge sur le «timing» de cette sortie médiatique du SPLA. «Bien que certains problèmes socioprofessionnels des pilotes, ne datant pas d'aujourd'hui, subsistent encore, nous sommes étonnés quant au choix du timing et de la conjoncture précise pour les faire resurgir. Ces problèmes trouveront leur solution à l'intérieur de la compagnie». Air Algérie compte une flotte de 43 appareils dont 31 pour les vols internationaux avec un programme de 80 vols/quotidiens du 22 juin au 20 septembre 2014.«Notre compagnie n'a jamais disposé d'un avion de réserve, tous ses avions sont dans les airs ou en maintenance, ce qui fait que lorsqu'un appareil présente des problèmes techniques, même minimes, il est acheminé pour maintenance sans être remplacé. Ce qui chamboule le programme des vols de la journée», indique un mécanicien d'Air Algérie, cité par Maghrebemrgent.info.
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Posté Le : 16/08/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com