Algérie

Polémique entre un auteur et le théâtre de Constantine Adaptation, «piratage» ou question d'argent ?



L'adaptation libre du roman «Le pêcheur et le palais» de Tahar Ouettar,par la troupe du Théâtre régional de Constantine, est-elle l'un de ces événementsmajeurs qui marquerait le retour d'un nouveau cycle de production de cettetroupe si longtemps suspendue à ses heures de gloire ? Ce n'est pas si sûr. Ala vérité, il y a assurément loin de la coupe aux lèvres, étant entendu quedepuis la tenue de la «générale» à Alger et de quelques représentations donnéesici et là, cette pièce est déjà entrée de plain-pied dans une polémiqueimpromptue, qui risque de lui faire quitter rapidement la scène théâtralenationale pour les colonnes de faits divers des journaux. «Le pêcheur et lepalais» qui a été présentée pour la première fois à Constantine, jeudi dernier- quatre autres rendez-vous avec le grand public sont au programme et celajusqu'au 8 octobre courant -, nourrit en effet, ces jours-ci, un contentieux annoncédont les protagonistes ne sont pas moins que le commissariat de «Alger,capitale de la culture arabe», le TRC et l'écrivain Tahar Ouettar. Un véritablevaudeville semble se mettre en place, en tous cas, autour de cette pièce tiréedu livre en question, publié en 1974 et dont l'écrivain dénonce aujourd'hui«l'authentique piratage», étant entendu que les choses se sont faites,affirme-t-il, sans son accord.«Le pêcheur et le palais», une fable du temps où dans le Polygone laliberté d'expression était une notion bourgeoise et subversive, avec pourobjet, souligne Tahar Ouettar, «le pouvoir qui n'avait pas de visage, niRoyaume, ni Empire, ni République»... Comme de bien entendu, toute ressemblanceavec l'Algérie du temps du socialisme spécifique étant fortuite et une purecoïncidence.Ce texte, insiste pour sa part M. Ramdani, le directeur du TRC, «a étéchoisi par une commission spécialisée au niveau du commissariat chargé desfestivités dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe», avec, jecrois savoir, l'autorisation de l'auteur, moyennant un cachet, avant qu'il nesoit confié pour son adaptation au TRC. Je ne comprends pas, aujourd'hui, lavolte-face de l'auteur qui a assisté sur mon invitation, à la «générale»d'Alger. A l'occasion, Ouettar s'est même montré très enchanté à la fin de lareprésentation, félicitant la troupe et déclarant textuellement : ‘vous m'avezfait rafraîchir le coeur'». En vérité, poursuit Ramdani, «le revirement deTahar Ouettar est lié à un problème d'argent lié au cachet, qui ne semble pasêtre à la hauteur de ses prétentions, rappelant que le TRC ne peut que seplier, en l'espèce, à la décision de la tutelle qui en a fixé à l'avance lemontant». De toute évidence, c'est là un véritable pavé qui est jeté dans lamare des réjouissances de la capitale de la culture arabe, et c'est le moinsque l'on puisse dire, quand on apprend par la bouche de Tahar Ouettar, joint autéléphone, qu'il est d'un tout autre avis, réfutant cette version des faits dudirecteur du TRC. Personnage haut en couleur et au verbe truculent, bien auxfaits de l'alchimie complexe du marigot culturel national, et rompu auxcontorsionnismes des uns et des autres, Tahar Ouettar parle ni plus ni moinsque de «piratage», dont son livre aurait fait les frais, étant entendu,ajoute-t-il, «qu'aucun contrat n'a été dûment signé avec quelque organisme quece soit». «Plus grave encore, martèle l'écrivain, lors de la «générale» donnéeà Alger, à laquelle j'ai assisté en tant que simple citoyen, on ne m'a pas invitéofficiellement, et c'est Ramdani qui a pris sur lui de m'appeler, et m'a payéun café en passant au «Tontonville». Tahar Ouettar, dans la foulée et pourmarquer sa désapprobation à l'endroit d'une adaptation qui s'est faite sanslui, n'est pas tendre, en prime, pour la pièce montée par le TRC, considérantqu'elle tient plus d'un long et navrant «sketch» que d'une vraie productionthéâtrale.Le voyage de «Ali le pêcheur», en quittant les pages du livre, semble leconduire, avouons-le, bien loin des planches, et sans doute plus sûrement versdes chemins escarpés et tortueux, ceux des droits d'auteur qui en Algérierestent franchement une contrée encore en jachère. Pour la petite histoire,même si les donneurs d'ordre, comme les ombres chinoises, n'ont pas de réalitévraiment, sur la scène de ce «bras de fer» théâtral, il reste que ni TaharOuettar ni Ramdani ne veulent lever le moindre coin de voile sur lespropositions comme sur les enchères financières des uns et des autres.L'écrivain ayant confié, dit-il, la défense de ses intérêts à l'ONDA, tout lereste n'est que littérature... Dans le marigot des professionnels du spectacleon dit, çà et là, que l'auteur aurait exigé un cachet de 150 millions decentimes, quand le commissariat ne lui aurait offert qu'un maigre cachet. Surle sujet, Ramdani qui devrait signer le chèque, pourtant, a préféré donné salangue au chat. Affaire à suivre sans modération...?


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