Algérie

Polémique entre la défense et la Cour de Tipasa



La polémique enfle entre la famille de Karim Tabbou et sa défense, d'un côté, et les autorités judiciaires, d'un autre, à propos du droit du détenu à un appel téléphonique tous les quinze jours. Chaque partie y va de sa version, alors que l'opposant politique devra comparaitre, à nouveau lundi prochain, devant le tribunal de Koléa, pour "atteinte au moral de l'armée". "Karim Tabbou ne s'est pas désisté de son droit d'appeler sa famille, il a seulement décidé de reporter le coup fil à aujourd'hui (samedi) en attendant de se concerter avec sa défense", nous a déclaré hier Me Abdelghani Badi, en réaction au communiqué du parquet général de la Cour de Tipasa.La Cour de Tipasa a, en effet, affirmé dans un communiqué rendu public jeudi dernier, que le coordinateur national de l'Union démocratique et sociale, en détention depuis septembre 2019, a volontairement refusé de contacter par téléphone sa famille, sans consultation préalable avec ses avocats, en dépit de la réponse favorable des autorités judiciaires, à sa demande de bénéficier de ce droit. Le parquet général de la Cour de Tipasa a, de ce fait, rejeté "catégoriquement les informations relayées par des organes de presse, portant sur le refus de la demande émise par l'intéressé pour un appel téléphonique avec sa famille, durant sa période de détention au niveau de l'établissement pénitentiaire relevant du territoire de compétence de ladite Cour", est-il souligné dans le même communiqué.
Me Badi a tenu à préciser, toutefois, que l'établissement pénitentiaire de Koléa n'a autorisé l'accès au téléphone à Karim Tabbou que le lendemain du communiqué diffusé par le collectif d'avocats dénonçant sa privation de ce droit, dont bénéficient tous les prisonniers, une fois tous les quinze jours, depuis la note interdisant les visites familiales à cause de la pandémie du coronavirus. "Nous étions aux parloirs avec lui, mercredi quand un gardien est venu lui dire qu'il pouvait téléphoner à sa famille. Tabbou a répondu qu'il préférait reporter à samedi, le temps de s'assurer de la présence des membres de sa famille à la maison et d'avoir l'avis de ses avocats", raconte Me Abdelghani Badi, soutenant que trois demandes, dans ce sens du concerné, sont restées précédemment.
La première date du 4 avril, la deuxième du 10 avril et la dernière du 10 mai. C'est ce que confirme l'épouse du détenu dans un post sur sa page Facebook. La défense de l'opposant politique considère que cette privation du droit du détenu de contacter par téléphone ses proches, "viole totalement" la loi sur l'organisation pénitentiaire, en particulier l'article 72 et les articles contenus dans le décret exécutif n°05-430 du 8 novembre 2005, précisant les moyens de communication à distance et leur utilisation par les prisonniers. Ses avocats exigent "l'équité et l'application de ces textes juridiques sans aucune discrimination et loin de tout calcul politicien". "Au début, on avait pensé déposer plainte contre cet abus devant le tribunal administratif. Plusieurs membres du collectif de défense voulaient aller dans ce sens, puis on a préféré commencer par rendre public un communiqué de dénonciation", soutient l'avocat qui pense que la permission d'utiliser le téléphone a été accordée à Karim Tabbou après le communiqué de protestation de sa défense.


Nissa H.


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