Algérie

Polémique douteuse


Que cache cette polémique qui distille le doute autour de l'identité des 24 crânes de résistants algériens restitués par la France à l'Algérie le 5 juillet 2020 ' Lors d'une intervention la semaine dernière, le ministre des Moudjahidine, Laïd Rebiga, a qualifié ces informations de « campagne médiatique mensongère », affirmant de son côté que « les 24 crânes ont été clairement identifiés, de manière scientifique et suivant les normes mondiales, comme étant des restes mortuaires de résistants algériens, et ce, bien avant leur restitution à l'Algérie ». En s'engageant et promettant de dévoiler plus de détails concernant cette affaire prochainement. Mais on commence déjà à voir plus clair sur ce registre quand le débat sur cette affaire fait irruption dans le Sénat français. Le 26 octobre dernier, la sénatrice Catherine Morin-Desailly (Union centriste) a demandé des explications au gouvernement au sujet du travail « écourté » du comité d'experts scientifiques franco-algérien qui ?uvrait depuis 2018 à l'identification des crânes. La sénatrice s'est référée aux conclusions d'une commission parlementaire, qui s'est réunie le mois précédant le rapatriement des crânes en question, et qui soulignent « le caractère autoritaire et précipité de l'opération », sous l'urgence diplomatique. Pour sa part, la ministre française de la Culture, qui a piloté cette opération, a soutenu devant le Sénat que le comité mixte avait mené un travail d'identification « rigoureux » pendant 18 mois, sur une « base consensuelle et documentée » et que « la commission est arrivée à la conclusion que 24 crânes sur 45 remplissaient toutes les conditions pour être restitués ». Fin du débat ' Pas du tout. Car la sénatrice visait plus loin que cette affaire d'identification des crânes de héros de la résistance algérienne.Pour elle, cette affaire est une démonstration supplémentaire qu'il faut « remettre de l'ordre » dans le sujet des restitutions de biens culturels aux pays étrangers. Considérant ces biens culturels pillés en Afrique, appartenant à d'anciens pays colonisés, et exposés dans des musées en France, et ailleurs en Europe, ou en possession de collectionneurs privés, comme des « collections nationales », la sénatrice veut que le gouvernement agisse suivant un « acte législatif de restitution », une loi qui doit passer par l'approbation du Parlement et non « une convention de dépôt », comme cela a été le cas lors des récentes opérations engagées par la France dans le cadre des restitutions d'?uvres culturelles aux pays africains. Jugée à l'ombre de ces développements, l'affaire des doutes émis autour de l'origine des crânes de héros de la résistance algérienne rapatriés en Algérie n'a-t-elle été qu'un sujet de rebondissement pour ceux qui s'opposaient âprement à toute opération de restitution des ?uvres d'art pillés en Afrique depuis l'engagement du président Macron sur cette voie, en 2017 '
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