Polémique autour de la cave Gay

Qui ne connaîtpas la cave Gay ? A Oran, le lieu symbolise à la fois la longue présencefrançaise et les pieds-noirs restés dans notre pays après l'indépendance. Lepère Etienne-Henri Gay y est resté jusqu'à sa mort, en 1984. La «Cave», quiporte encore le nom de cet ancien sénateur d'Oran et de Tlemcen durant lacolonisation française, est connue de tous et est convoitée par certains: leterrain, situé sur l'ex-avenue d'Arcole à Gambetta, a gagné en valeur, conséquencedu développement d'Oran.Aujourd'hui, lacave Gay est au centre d'une nouvelle affaire de foncier. Un autre scandale ?Peut-être. L'affaire de la cave Gay a commencé il y a plusieurs années, lorsqueEtiennette, la fille d'Etienne Gay, a commencé à rêver d'un retour dans saville natale. Mauvaise surprise: en 2006, elle a découvert qu'une partie des1.242 m² de la cave Gay a officiellement changé de main et de nom. La propriétés'étend sur exactement 6.043 m², selon les documents notariés. La direction desDomaines de la wilaya d'Oran a décidé en 2002, dans la cadre de la cession desbiens de l'Etat, de céder une partie de la cave Gay à une personne qui occupaitles lieux, pour plus de cinq millions de dinars, selon l'acte de cession établile 2 octobre 2002. Deux ans plus tard, le 25 mai 2004, le notaire Me Mahiétablit l'acte notarié de transfert de propriété du défunt GayEtienne-Paul-Henri vers ses héritiers: sa fille Etiennette-Jacqueline-Christineet ses deux fils Louis-Pierre et Paul-Etienne. Les trois sont nés à Oran. Unepartie de la cave Gay, 4.272 m², est destinée à la construction. Le père Gayest propriétaire de la «cave Gay» depuis le 17 janvier 1934, selon l'actenotarié dont nous disposons d'une copie. Pour la famille Gay, il n'y a pas dedoute: toute la cave leur appartient. Elle décide alors de saisir par écrit lesautorités algériennes et françaises. Des lettres ont été envoyées au présidentAbdelaziz Bouteflika, à son homologue français, au wali d'Oran... La familledemande du soutien pour récupérer son «bien spolié». «Notre père Etienne Gay,né à Oran et de nationalité française, est toujours resté en Algérie et plusprécisément à Oran pendant toute sa vie (1902-1984). Grand défenseur des droitsdu peuple algérien, il a toujours été résident oranais pendant la Guerred'Algérie comme après l'indépendance. Son certificat de résidence à Oran commeressortissant français atteste de sa présence effective à Oran jusqu'à la finde ses jours. Sa profession sur ce certificat indique d'ailleurs «propriétairede caves», précise Etiennette Gay dans sa lettre envoyée au président de laRépublique. Au lendemain del'indépendance, des biens des Français d'Algérie furent nationalisés et versésdans les biens vacants, sauf pour ceux qui sont restés dans notre pays. «En1963, un recensement général des biens des pieds-noirs a été effectué par lesautorités. Les Français qui voulaient vendre après 1963 devaient et doiventobtenir de la wilaya un certificat de non-vacance. Un registre esttenu au niveau de chaque wilaya dans lequel sont consignés tous les biensvacants», explique un spécialiste du dossier. Pour EtiennetteGay, il n'y a aucun doute: les Domaines ont vendu un terrain qui ne leurappartient pas. «Cette affaire traîne depuis plusieurs années. Les Domaines ontvendu une partie du terrain à notre insu à une indue occupante. Nous allonstout faire pour récupérer notre bien. Pourquoi lesDomaines ont agi de cette manière sur une propriété qui ne leur appartient pas?», s'interroge Etiennette Gay. Cette femme a déjà reçu le soutien du consulatde France à Alger et de la Présidence française qui ont répondu à sa lettre.«Je n'ai pas encore reçu de réponse de la part des autorités algériennes»,affirme Etiennette Gay, qui a engagé des avocats et porté l'affaire devant lajustice à Oran. «Je compte revenir dans ma ville natale cet été. Je ne vais pasbaisser les bras», promet Etiennette Gay. Contactée, la direction des Domainesn'a pas voulu s'exprimer sur cette affaire.