Algérie

Poisson d'avril


Hier, 1er avril, journée réputée être jour de farces des plus déroutantes, n'a pas brillé cette année non plus par des gags dont on avait l'habitude de se méfier. L'indolence coutumière à laquelle on se prêtait sans réticence et sans s'offusquer outre mesure a disparu. Le poisson d'avril a changé de couleur et s'est armé d'une prestance non espérée. Les farces ont changé de registre et cette année plus que par le passé, elles ne se formalisent plus avec une date fixée car nature et décadences des us obligent, elles ont décidé de s'étaler sur tous les jours de l'année. Elles ne font plus de distinguo entre les dos réceptifs ou revêches aux plaisanteries et elles ont vite fait de transformer l'hilarité et les rires en tristesse et amertume.Le poisson en carton s'est rebiffé pour que les rôles s'inversent et pour que le dindon de la farce ne soit plus celui qui l'a été. Aujourd'hui, les crises et les colères de la nature ont aussi provoqué l'inflation des gags et des farces qui apostrophent tout le monde sans distinction aux rebords des étals pour que l'on finisse à apprendre à rire jaune.
Le poisson s'est trop anobli pour ne plus accepter de servir de pendentif ridicule sur les dos déjà flagellés par l'hilarité des prix. Sa revanche date depuis longtemps déjà et il prend plaisir aujourd'hui à affirmer sa vengeance avec l'aura de son coût. Il n'a pas engagé son départ à l'abordage seul. Le pince-sans-rire s'est fait accompagner par une armada aigrie des ressources de vie. Trop de gags a tué le gag pour que l'on ne sache plus qui du poisson ou de l'homme est le vrai outil de plaisanterie.
Trop de secousses de toutes sortes répétées ont fait que le c?ur n'est plus à l'humour. Les sourires forcés ont l'acidité de la tomate et de l'oignon et de l'aridité du couffin.
A croire que le rire n'est plus le propre de l'homme et que la plaisanterie, comme le reste, tout le reste, a mauvais goût.
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