Algérie

Point de vue : Enfin une loi sur le cinéma !


Depuis le temps que nous la réclamons, elle est enfin là, cette loi sur le cinéma qui va servir de cadre juridique à  tous les efforts qui doivent àªtre faits pour la relance de ce secteur. Mais, en tant que professionnel, je suis déçu par la tournure des débats qui se focalisent sur l'article 5, dont je ne comprends pas l'existence dans cette loi, mais auquel ne doit pas àªtre réduit ce texte de loi.
J'ai, par exemple, été gêné de n'être interpellé par la presse au téléphone dans le cadre de ce débat que sur cet article, surtout que ma réaction a été assimilée à  un rejet de la loi ; ce qui est loin d'être le cas, y compris dans ses articles 16, 17, 18 à  propos du visa d'exploitation et de classification des films, comme cela se pratique dans tous les autres pays. Il y a le risque que cet article 5, instrumentalisé politiquement, n'empêche le débat sur l'essentiel, qui est la mise en place des conditions qui permettront véritablement à  ce secteur d'exister et de jouer son rôle : assurer la formation à  tous les métiers du cinéma, asseoir les bases de l'industrie cinématographique, élargir et garantir les différentes sources de financement et les différents mécanismes d'aide directe et indirecte à  la production, remettre sur les rails la distribution des films et accélérer la restauration des salles existantes et la construction de nouvelles, travailler à  la réconciliation de la société avec le cinéma et l'image en commençant par leur (ré)introduction dans les écoles, etc. Car, après tout, l'absence de production et de circulation des images n'est-elle pas la meilleure des censures '
Par ailleurs, ce débat révèle, à  leur décharge, le degré de méconnaissance de ce secteur de la part de nos élus à  la lecture de certaines de leurs interventions : celle qui fait le reproche, je suppose, au film égyptien de Y. Chahine sur Djamila Bouhired en 1958, qui était un acte de solidarité de la part du réalisateur égyptien avec la révolution algérienne, ou celle du député qui assimile la carte professionnelle au fonctionnariat, alors qu'elle est indispensable pour mettre de l'ordre dans la profession, ou encore celui qui demande l'ouverture du champ cinématographique au privé, confondant visiblement la production cinématographique (où le champ est ouvert mais n'intéresse pas le capital privé ) avec le champ de la diffusion télévisuelle. Cela est probablement le reflet de la longue séparation de ce secteur d'avec notre société. Que de travail en perspective pour la réconciliation !La production, la distribution et la pratique cinématographiques sont en elles-mêmes des vecteurs de modernité et des «locomotives» de la sphère culturelle dans son ensemble.
Faisons en sorte que la discussion de cette loi soit l'occasion pour la presse et les politiques de jeter les bases de leurs réappropriations par notre société.

 
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