Algérie

Point de vue



El Moufid ! Depuis sa sortie historique à la veille de la commémorations du 60e anniversaire du 8 Mai 45 à Sétif, le président Bouteflika n?a cessé de fustiger - à Tlemcen à l?occasion du 50e anniversaire de la création de l?Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) ; à Alger, au colloque international sur « La naissance et l?évolution de l?ALN », et à la veille de la fête de l?indépendance et de la jeunesse - la « prétendue mission civilisatrice du colonialisme qui reste pour nous et pour tous les peuples colonisés de la planète l?un des plus grands crimes contre l?humanité que l?histoire ait connus ». A Tlemcen, il s?indignait à propos de la loi 2005-158 du 23 février 2005 parue au Journal officiel du 24 février. « Aussi est-il difficile, avait-il souligné, de ne pas être révolté par la loi votée par le Parlement français le 23 février dernier et qui représente une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme. » Le 7 juin 2005, soit 140 jours après la promulgation de cette loi, le FLN, par la voix de son secrétaire général, marquait sa réprobation ! Et puis le suivisme a fait son chemin jusqu?à l?UGTA qui manifesta le 4 juillet - mieux vaut tard que jamais - ses derniers outrages ! Il ne reste plus que l?association des boulomanes du Grand-Alger qui n?a pas encore fait dans l?indignation ! La loi est parue le 24 février 2005. Pourquoi donc ce long silence ? Les services consulaires n?auraient-ils pas fait leur travail ? L?agence de presse nationale et les correspondants locaux de notre presse ont-ils fait un « ratage », comme on dit dans le jargon journalistique ? Ce n?est que bien après que des historiens, des universitaires et des personnalités françaises se sont élevés le 25 mars dernier contre la scélératesse de cette loi, à Paris, que la fièvre a gagné... Alger (1) Pour sa part, la Fondation du 8 Mai 45 n?a pas manqué de réagir dès le début avril à la promulgation de cette loi. Nous avons dans la publication DoulceFrance dit ce que nous en pensons et nous l?avons transmise début mai à Gilles Mauceron, historien qui a introduit pour la ligue des droits de l?homme, le 7 mai 2005 à l?Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) le colloque « Il y a soixante ans : l?autre 8 Mai 1945 : le trou de mémoire colonial et la société française d?aujourd?hui ». Cette publication a été, dans le même temps, adressée à Samia Messaoudi de l?association Au nom de la mémoire. Nous l?avons même transmise au bureau de la BBC à... Alger ! Cette loi est une loi française et l?Etat français est libre de promulguer les lois qu?il veut, tout comme l?Etat algérien est libre d?en faire autant. El moufid ! Cette agitation nous laisse perplexes. N?est-ce pas faire injure à la sagacité du président Bouteflika qui ne pouvait être plus clair qu?il ne l?a été ? Ne sommes-nous pas dans un pays démocratique ? Qu?est-ce qui pouvait empêcher - dans le cadre du parallélisme des formes - les deux chambres algériennes (Sénat et Parlement) de voter cette loi tant attendue qualifiant les crimes de la colonisation de crimes contre l?humanité que de penser à une résolution ou à une motion pour condamner, avec ou sans émotion, une loi étrangère ? Il est vrai que dans les faits le colonialisme a bel et bien disparu, mais en est-il de même dans les mentalités ? Allons messieurs les élus du peuple ! le président vous a fait un clin d??il. Il reste à libérer vos consciences et, sans lever la main, offrir aux « indigènes de la République » cette loi(2) qui restera gravée pour l?éternité dans l?histoire de l?Algérie car, somme toute, il s?agit de mettre fin à une conception unilatérale et impitoyable des rapports humains engendrée par une colonisation aveugle et barbare, suffisamment puissante pour asservir et avilir nos valeurs et dévorer nos richesses. (*) l?auteur est membre fondateur de la Fondation du 8 Mai 45 . - (1) El Watan des 14 et 28 avril 2005  (2) Révolution Africaine n° 1402 du 10 au 16 janvier 1991


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)