Algérie

Poésies de Abderrahmane Lounès : Dits d'un « phénomène social »



Poésies de Abderrahmane Lounès : Dits d'un « phénomène social »
Inclassable, irremplaçable' S'il n'existait pas, il aurait fallul'inventer'La petite maison d'édition, Dar El Othmania, poursuit son petit chemin par ses vaillances éditioriales. Après l'étude de Barkahoum Ferhati sur l'histoire de la prostitution en Algérie, l'éditeur nous a fait parvenir le recueil de poèmes, Poèmes pieds et poings liés d'Abderrahmane Lounès, personnage presque légendaire d'Alger, pour le moins haut en couleurs. Une poésie de contestation, sans fioritures, parfois au vitriol, dénonçant les injustices et les hypocrisies, la misère, le chômage, le machisme et les interdits à l'amour. Les textes évoluent entre la poésie et la prose avec une constante : l'impression d'un cri de révolte continu où le sarcasme, l'humour, l'ironie et la dérision dominent. Un langage dont tout le style tient dans le caractère très direct et les jeux de mots, si bien qu'il approche parfois l'oralité, presque de la même façon que procède le slam, cet art littéraire urbain. Ce recueil, qui a obtenu en 1998 le Grand prix littéraire de la ville d'Alger, est sous-titré « textes à dire, à jouer et à chanter », ce qui confirme en partie l'analogie au slam.Dans la première partie, Abderrahmane Lounès reprend quelques textes de son fameux recueil Poèmes à coups de poing et à coups de pied qui l'avait fait connaître dans les années 1980, avec ses incroyables « lettres » d'amour à la birmandressienne, élégie du poète. La quatrième de couverture cite les grands écrivains à qui Abderrahmane Lounès avait confié la lecture de ses textes. On y retrouve Kateb Yacine pour qui « Lounès est un phénomène social », de même que Mouloud Mammeri qui affirme : « Lounès me rappelle François Villon. Chapeau bas, mon frère'humain ».Quant à Fellag, il lui consacre des lignes émouvantes, le comparant aussi à Villon et ajoutant : « Abderrahmane Lounès est un redresseur de tares et un détecteur d'émotions breveté SGDG (sans garantie du gouvernement) ». Ces commentaires n'ont pas empêché le ministère de la culture de soutenir l'édition de ce petit ouvrage et cela est rassurant pour la santé du champ culturel national. Mais le plus important est de découvrir ce petit bijou qui quelque fois se rapproche de Prévert mais aussi, à bien y penser, de Si Mohand ou M'hand le révolté, mais avec plus de sens de l'humour, bien qu'il arrive à Abderrahmane Lounès de toucher la gravité. Ses poèmes courts et simples sont des témoignages. « Cette période, l'amour a eu envie de se suicider. Les bancs publics étaient désertés. On ne marchait qu'à un mètre l'un de l'autre ». Sans commentaire.Poèmes pieds et poings liés » d'Abderrahmane Lounès. Ed. El Dar El Othmania, Alger, 2009. 154 p.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)