Algérie

Poésie Un corps de langage, un corps de mots



Poésie Un corps de langage, un corps de mots
Passion - Sapho, de son vrai nom Danielle Ebguy, est connue pour être une chanteuse polyglotte, puisqu'elle chante en français, en arabe, en anglais, en espagnol...Elle est cependant moins connue dans le domaine de l'écriture, car elle est aussi romancière, essayiste et poétesse. «Il est vrai que tout le monde me connaît ' même en Algérie ' en tant que chanteuse et très peu en tant que poétesse. Je suis en effet moins connue dans le domaine de l'écriture», dit-elle.
Celle qui se livre à l'écriture depuis très longtemps explique avoir un penchant particulier pour la poésie. Car, explique-t-elle : «La poésie, pour moi, est l'écriture la plus difficile, la plus dense.»
Sapho, qui dit avoir tourné autour de la poésie, avoir écrit d'abord de la fiction avant de se lancer dans cette aventure, qu'est la poésie, estime : «Je trouve que la poésie est une langue énigmatique et, en même temps, extrêmement dense, chaque mot compte, elle condense l'état des choses et en poésie, chose qui me passionne, on peut dire tout un monde. Je trouve que c'est l'exercice extrême du langage.»
A la question de savoir quel monde, Sapho répond : «Pour moi, le monde c'est le monde. Il y a, bien sûr, un monde pluriel, mais je crois que ce qu'il y a de beau dans l'art, c'est que, à titre d'exemple, lors d'un concert ou d'une pièce de théâtre, on se sent frère, tout à coup, de tous et se reconnaître dans cette chose artistique, qui fait qu'il n'y a pas d'étrangeté. Il y a une fraternité qui circule, et là est un endroit où l'on peut parler à tous de la même manière. Il n'y a pas de différences, de frontières, de langue. C'est humain dans la façon de le dire. Cela nous rassemble, nous condense en quelque chose d'unique, d'universel.»Sapho, pour qui la poésie se révèle un moyen de s'évader, de voyager, dira : «La poésie n'est importante que si elle parle de ce que nous vivons. Elle témoigne de ce qu'on rêve, elle a l'air d'être un langage rêveur, mais elle parle aussi d'une réalité, simplement elle dit les choses qu'on n'arrive pas à dire avec la prose. Ce qui est indicible avec la prose, peut être dit avec la poésie. Ce que l'on ne peut pas saisir dans le langage normal, par la poésie on y arrive.»
S'exprimant sur le lien pouvant exister entre la poésie et la chanson, Sapho, à l'esprit bohémien, souligne qu'il y en a un évidemment.
«A l'origine, la poésie était toujours chantée, et puis le chant s'est séparé de la poésie. La poésie est devenue une chose à part», rappelle-t-elle, et de renchérir : «La poésie est un corps de langage, un corps de mot, et c'est également un corps sonore. C'est quand même du son. On y entend un rythme, quelque chose de musical.»
- Sapho tient à expliquer qu'il ne faut pas confronter l'écriture de la chanson à celle de la poésie, «parce que, explique-t-elle, la chanson est une écriture très codée, alors que la poésie est l'aventure de l'écriture.» «C'est vraiment un endroit où on doit tout le temps inventer un langage, où on doit faire un travail sur le langage pour qu'il soit neuf, inattendu. Il faut fracasser la langue, arriver à avoir sa propre langue, faire échec à la langue, tout en faisant parler cette langue. La poésie est un drôle d'exercice, c'est la délinquance du langage et, à la fois, elle est une langue qui doit parler plus fort. Elle doit être une langue nouvelle, subversive. Il faut subvertir le langage pour dire les choses plus justement», estime celle pour qui l'art n'a pas de frontières. Pour rappel, Sapho a donné un concert à Alger, en 2005, à la salle Ibn Khaldoun où elle a rendu, à travers les mouachahate qu'elle a interprétées, un hommage à la diva de la chanson arabe Oum Kaltoum.


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