Algérie

Poésie kabyle : Adada Oulafsih, l'enchanteresse



La poésie de cette enchanteresse se fait actuellement rare. Il n'en reste de trace que chez quelques vieilles descendantes de sa famille qui conservent encore le peu de ce précieux héritage oral. Noureddine Bellal, magistère en littérature amazighe, s'est lancé dans l'aventure de la recherche et de la récupération du vécu de cette poétesse en vue de mettre en lumière son legs. «Je me suis investi pleinement depuis plus de deux ans dans une recherche et la collecte de la poésie de Adada Oulafsih. C'est une mission des plus difficiles, tant la matière manquait énormément et ce qui subsiste encore n'est pas souvent complet. D'où la nécessité d'un travail de sélection pour distinguer entre la poésie authentique d'Oualfsih et celle incrustée au fil du temps. Toutes ces contraintes ne m'ont cependant pas empêché de poursuivre la tâche que je compte finaliser prochainement», nous dira Noureddine Bellal, confiant. On suppose que Adada, issue de la famille des Ath Oumessaoud du village Takerboust, situé sur les hauteurs du majestueux Djurdjura, a hérité des gènes poétiques de son père, Mohand Oulafsih, qui était un éminent poète, à  l'époque de l'occupation ottomane. Adada a vécu dans une famille aisée, entourée d'un environnement du savoir et de l'éloquence, alors propices à  la passion poétique. Notre interlocuteur pense que le contexte historique de l'émergence de la poétesse est lié à  une période marquée par de persistants conflits. Le terme Takerboust en kabyle désigne le troussequin, cette proéminence de la selle de cheval ou du bât de mulet, ou encore quelque chose comme «tour». D'où l'appellation ainsi de ce village qui constituait, jadis, le poste avancé pour la fameuse citadelle du royaume d'Ath Abbas, en belligérance avec celui de Koukou. Des escarmouches éclataient alors sporadiquement entre ces deux adversaires, avant l'invasion ottomane qui verra une succession de batailles sanglantes. Fervente opposante à  la présence turque en Algérie, Adada s'animera naturellement de sentiments guerriers et épousera cette forme de poésie galvanisante pour les combattants à  l'avant-garde desquels elle clamait des plus farouches suscitant la bravoure patriotique. Adada chantait aussi l'amour et la fraternité. Ces quelques vers par lesquels elle défiait l'autorité du bachagha, en disent long : «Adada ulefsih m ugerjum yettisih / A bachagha Nnigh-ak a bachagha anida i yak-yeghder yides / Hkun-iyi-d ghef ubechkid-ik yuli-t sdad yulles / Ad t-hezned a la m-jana attaya teqqim wahdes / Nnigh-ak a Bachagha anida I yak-yeghder laman / Hkun-iyi-d ghef ubechkid-ik yuli-t sdad deg waman / Ad t'hezned a la m-jana tasagumt tesaa imawlan». En période de paix, dit-on encore, la poésie de Adada s'apparentait plutôt à  la description de la nature, notamment de la beauté des paysages et des monts du Djurdjura.                                                
 


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