Algérie

Poésie de facture classique



Poésie de facture classique

C'est de la poésie classique dans toute la splendeur de sa forme, celle que nous avons coutume de lire dans «Les Fleurs du mal, les Châtiments» de V. Hugo, avec cependant cette différence qu'il n'y a pas de ponctuation, comme chez les surréalistes.Des vers bien rimés et rythmés qui en disent long sur la vie en général et la vie de l'auteur. La complexité du texte est à la mesure des perturbations qui règnent dans le monde des humains face à une nature elle aussi déséquilibrée à cause des phénomènes climatiques. La particularité de ce recueil assez grande pour être remarquée, c'est qu'il n'y a ni préface et avertissement ni introduction qui donnent des orientations de lecture pour aider au décryptage du langage ésotérique d'une poésie dont les transgressions exposent à des confusions. Un poète de nouvelle génération Nous sommes à l'ère du modernisme le plus perfectionné qui a donné naissance à une ouverture sur le monde des humains, des sciences, des arts, des civilisations via Internet et du portable multifonctions. Mais la poésie est toujours là dans toute sa beauté et ses particularités des premiers temps parce que la versification est le propre de l'homme. Dans un monde où les langues connaissent un regain d'intérêt à l'image des pays avancés, nos jeunes font une surconsommation des émissions télévisées, de l'internet et des communications téléphoniques au lieu de s'adonner à des activités plus bénéfiques comme la lecture des livres dont les librairies sont bien achalandées. On aurait souhaité une poésie qui donne à tous les lecteurs dont le niveau est variable, la possibilité de lire avec passion, moyennant un vocabulaire adap-té, à l'exemple de celui de la poésie populaire. Des vers pour exprimer le vécu Le titre l'Ecume du temps renvoie à l'idée de souvenirs. « Belle d'un soir » donne beaucoup d'indications de quelque chose qui a marqué un être comme partenaire d'une union et qui s'exprime à la première personne. « Je puis te monter les mirages, je puis te parler de voyage, je puis te parler de beauté, je puis te décrire mes fleurs ». Tout tourne autour de « l'amour » sentimental. Les fleurs, le coup de foudre, les secrets, les belles senteurs, le chagrin, le sage fou, les cornes du bélier, notre nid que veillent les anges, ce chant à toi seule consacré sont des détails significatifs où seule » au féminin clôt le champ national de « l'amour » comme thème principal du poème, pour désigner l'autre partenaire. La passion et la vocation de Mohamed Abdoun se confirme par référence à Alfred de Vigny dont il a choisi un extrait de poésie pour introduire en guise d'illustration à son poème Homonymes pour les doux leurres, le thème de l'amour étant prédominant chez le poète français. « Et se jetant de loin un regard irrité. Les deux sexes mourront chacun de son côté » vers d'Alfred de Vigny que Abdoun a choisi pour confirmer sa dominante parmi les classiques. Chez lui un « je » s'adresse à un « tu » en ces termes : « J'aurais aimé de supplier / De croire en tout de te prier / Te soulever ne croire en rien / Ni moi ni toi ni mal ni bien. J'aurais aimé aimer t'aimer / D'un amour à peine né / Te raconter le monde beau / Des livres des rêves des mots. « Pèlerinage », titre de poème à fortes connotations et mis en lumière par ces autres vers de Vigny: « Et de moi-même à moi si grande est la distance / Que je ne comprends plus ce que dit l'innocence ». Le poème traduit l'idée de cheminement à poursuivre pour concilier le c?ur et la raison. Ne dit-on pas que le c?ur a ses raisons que la raison ignore ' « J'arpente sillon par sillon / L'ennemi d'une vie à son terme / Si tard la récolte et se sème / De blancs cailloux si nous rions ». Au fur et à mesure que les années passent, on se rend compte que la vie est faite de péripéties, de découvertes. La vie est un long fleuve semé d'embûches et de murs d'incompréhension que l'on admet pour le moment parce que cela entre dans un processus implacable mais dont on retient des leçons pour l'avenir. Les chanteurs nous apportent aussi parfois des solutions pour leur capacité à susciter un éveil des conscien-ces. Ce qui explique l'hommage rendu à Jacques Brel. Puis des paroles de Paul Eluard : « J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres », placées en tête de texte sans titre, nous mettent dans l'univers de la poésie surréaliste qui, en bannissant la ponctuation, nous déconcerte davantage face à des vers ambigus parce que faits de mots sans lien sémantique et syntaxique : « C'est comme un gouffre que j'attrape / Au vol lumineux de la grappe / La grappe enchantée qui me hèle / M'atteint au rire de la stèle ». On est dans les pires transgressions du langage esthétique qui use sans limitation d'images métaphoriques, de symboles, hyperboles, métonymes rendant le texte inaccessible pour un public non averti. Une poésie trop en avance sur son temps Lorsqu'on lit ce recueil de poésies, nous avons l'impression de revisiter la génération d'étudiants algériens des années soixante, familiarisés avec la poésie de Mallarmé, de Baudelaire, d'Alfred de Vigny ou d'Alfred de Musset, des poètes qui ne peuvent être bien compris qu'avec un bon niveau de langue. On se rappelle du philosophe du langage et linguiste de renommée mondiale, J. Derrida venu parler à la salle des actes de l'université d'Alger pour parler ou suggérer des méthodes d'analyse des poèmes de Mallarmé jugés hermétiques. C'était dans les débuts des années soixante-dix. Le lecteur d'aujourd'hui pourrait peut-être faire l'effort de comprendre la strophe du poème « Le mouvement perpétuel » : « La crainte du noir est un mythe / L'homme toujours poursuit sa fuite / Se tourne à l'entour et hésite / Perd de vue son unique but». Mais que peut retenir ce même lecteur d'aujourd'hui de la stro-phe du poème : « Offrande » : Le désir précède le lent pas des distances / Arbuste l'insouciance en hasards d'impuissance / Il se sait impuissant triomphant sur les larmes / Que laissent tous les pas qui s'esclaffent en drames » On aurait voulu des poèmes semblables à ceux de Victor Hugo, surtout ceux de « La légende des siècles » dont la plupart sont d'un abord plus facile. C'est de la versification fondée sur un rythme et une rime extrêmement riche. Il en est de même d'Aragon. Il manquerait à ce recueil une table des matières et une bonne introduction qui aiderait à deviner le contenu par un contenu trop rigides pour être bien décrypté. Il faut savoir que lorsqu'on écrit, on pense au public à appâter avant qu'il ne soit totalement déconnecté, d'autant plus que la poésie en général est considérée comme une source de plaisir.




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