Algérie

Poésie algérienne francophone contemporaine d'Abdelmajid Kaouah, 2004



Poésie algérienne francophone contemporaine d'Abdelmajid Kaouah, 2004
Présentation de l'éditeur
La poésie algérienne de graphie française, selon la formule de Jean Sénac, a été aux avant-postes du combat algérien. Tantôt ténue, délicate, à l'image des tapisseries traditionnelles, tantôt vociférante et éclatée, tel un oued en crue, elle a accompagné les douleurs et annoncé les orages historiques. Insurrection de l'esprit, elle a dressé dans la nuit " le fanal de certitudes ". Poésie de résistance et de transition, elle a maintenu sa vigueur en dépit des oracles qui la vouaient au dépérissement au lendemain de l'Indépendance. Dans le sillage de Jean Amrouche, Kateb Yacine, Malek Haddad, Anna Gréki, Messaour Boulanouar, de nouvelles voix ont résonné face aux pesanteurs de la société et à l'impéritie des pouvoirs. L'heure du dynamitage des tabous et des mystifications était venue. Mais, dans les années quatre-vingt-dix, les poètes ont payé un lourd tribut à la barbarie. Par-delà les générations, cette anthologie réunit ces poètes connus ou à découvrir qui ont fait de la langue française, ce " tribut de guerre ", l'outil d'un dialogue nuptial entre les deux rives de la Méditerranée.

Eclairage sur un mouvement littéraire

Présent à la dernière édition du Salon international du livre (SILA), Madjid Kaouah, auteur d’un livre sur la poésie algérienne francophone, y a été convié par l’université de Médéa dans le cadre d’un cycle d’activités culturelles et scientifiques qui s’y sont déroulées.

Cela a été l’occasion aussi pour nous de lui demander les raisons d’une publication consacrée à l’anthologie de la poésie et non à une anthologie de la littérature, il répondra que, poète lui-même, il est dans la logique des choses pour lui de s’interroger d’abord sur ce que font les poètes. « Quant à la particularité que revêt le livre, elle est surtout l’aboutissement d’un travail de réflexion et d’étude de la poésie algérienne qui s’étale sur plusieurs décennies. » Il dira en substance que son anthologie est aussi « une volonté d’apporter un éclairage sur un genre qui a beaucoup donné en faveur du mouvement littéraire en favorisant l’esprit de contestation et d’affirmation de l’identité algérienne ».
Sachant que la poésie est condamnée à la marginalité, l’auteur indiquera en avant-propos de son ouvrage que « la nouvelle poésie n’est pas à proprement parler une école littéraire, mais une clameur de révolte jaillie du sein de la jeunesse ». L’auteur situe la naissance du mouvement poétique à la parution en 1934 du premier recueil de Jean Amrouche intitulé Etoile secrète. Selon la périodisation établie par l’auteur, c’est à partir de la Seconde Guerre mondiale que la poésie de résistance a marqué de son sceau l’avènement du genre.
Au nombre de ses pionniers, il est fait référence à Ismaël Aït Djafer qui publia, en 1951, La Complainte des mendiants arabes de La Casbah et de La petite Yasmina tuée par son père. Parmi les sujets qui ont été traités à travers les réflexions de l’auteur, il est fait référence à la question de la langue française dans l’optique des revendications alternatives entre situation d’exil ou de « butin de guerre » qui a de tout temps suscité des débats passionnés au sein de l’intelligentsia. Concernant le choix de la palette des poèmes et des poètes, la démarche a privilégié la présentation du plus grand nombre afin de faire connaître certains poètes oubliés ou méconnus tels Messaour Boulanouar, M’hamed Aoun, Rabah Belamri, etc.
L’auteur reconnaîtra que la palette découle d’un choix electrique qui n’est pas indemne de subjectivité, car aussi conditionné par la disponibilité des recueils publiés. Interrogé sur l’intérêt porté à Jean Sénac, il nous dira que ce poète est considéré comme le principal théoricien de la poésie algérienne et demeure un auteur incontournable. « Jean Sénac a été un inlassable inspirateur de piste et de cheminement poétiques, c’est une métaphore du destin de la poésie. » « Même s’il a eu à souffrir parfois d’ostracisme, cela n’a pas entamé sa foi dans son appartenance à ce pays. »
Madjid Kaouah qui a dû prendre le chemin de l’exil des suites du climat de terreur créé par la violence terroriste est aussi connu pour avoir fait partie des contingents de la presse publique et dirigé quelques publications.


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