Algérie

Poêles à gaz, chauffe-eau et autres produits non conformes



Poêles à gaz, chauffe-eau et autres produits non conformes
Le nombre de personnes victimes d'asphyxie au monoxyde de carbone évacuées par les éléments de la Protection civile vers les différentes structures de santé publique est important au point où chaque année, la sonnette d'alarme est tirée dès le début de l'automne.En effet, la chute de température est synonyme d'installation d'appareils de chauffage. Cependant, la qualité de ces derniers, souvent qualifiés de bombes à retardement, fait couler beaucoup d'encre et suscite un grand débat. La maîtrise est loin d'être atteinte, et distinguer un bon appareil d'un mauvais n'est pas une mince affaire. Du côté de souk Dubaï de la ville d'El- Eulma, l'un des plus grands du pays, plusieurs commerçants sont unanimes quant à la mauvaise qualité des poêles à gaz vendus en Algérie. L'entrée frauduleuse, la non-conformité aux produits d'origine, l'absence d'organismes spécialisés dans le contrôle de la qualité et la non- spécialisation des vendeurs sont les principaux griefs retenus. "Dans notre magasin, nous avons des produits iraniens qui coûtent 35 000 DA, ce sont de très bons appareils avec leur certificat de garantie. Cependant, il est rare d'avoir ces produits. Une marque italienne (Zass), usinée dans une wilaya limitrophe, ne fait que 14 000 DA. La différence est de taille", nous dira un vendeur d'électroménagers. "Nombreux sont nos clients à ne pas s'intéresser à la qualité, ils choisissent le prix. Même si vous leur dites que le produit est chinois et non garanti, ils l'achètent quand même", poursuit un autre. "Moi, je ne sais pas si ce poêle ou l'autre peut tuer. Je fais confiance à l'importateur qui, généralement, nous présente des documents qui prouvent que le produit a été dédouané", dira, par ailleurs, le propriétaire.Les bonnes marques reproduites en ChineDans le magasin mitoyen, un autre revendeur nous a affirmé qu'il ne propose à la vente que les produits turcs (Clever). "Je vous vends ce poêle à 35 000 DA. C'est un produit datant de 2012. Il est de très bonne qualité, garanti trois ans et avec service après-vente. Le même produit reproduit en 2013 en Chine est à 26 000 DA. Il est de qualité moindre. Nous le savons et nous avertissons nos clients", dira-t-il. "La délocalisation des usines européennes vers la Chine a laissé le pays du Soleil levant dominer le marché. Les produits destinés à l'Union européenne ne sont pas les mêmes proposés à la vente dans notre pays. C'est un secret de Polichinelle", a-t-il précisé. De son côté, un autre spécialiste de la vente de l'électroménager nous a indiqué qu'un produit fabriqué avec les normes de la CE (Communauté européenne) ne peut être cédé à moins de 70 000 DA. "Pour l'appareil à gaz d'une marque italienne (Delonghi), très connue en Algérie, le prix de l'unité avoisine les 80 000 DA. Les produits que nous avons ici sont tous usinés en Chine et nous le disons à nos clients qui, souvent, n'ont pas un grand choix", nous a-t-il encore affirmé. Plus loin, nous avons trouvé des produits usinés dans une wilaya de l'extrême est du pays (Starlight). "Tous nos produits sont garantis deux ans avec un service après-vente pièce et main-d'?uvre. Le pris de l'unité est de 18 500 DA", nous dira le représentant de la marque. Par ailleurs, nous avons appris que le spécialiste de l'importation des poêles à gaz est un commerçant d'El-Eulma. Un revendeur nous a confié que ce baron procède à l'étiquetage, qui ne se fait pas dans les normes, au niveau de ses dépôts sis à l'ex-Saint-Arnaud et qu'il échappe à tout contrôle.Le directeur du commerce de Sétif réfute le défaut de fabricationPour entendre le son de cloche de l'administration, nous avons contacté Abdelhak Bazinze, directeur du commerce de la wilaya de Sétif. "Je vous assure que toutes les enquêtes menées par les services de sécurité après les décès enregistrés suite à l'inhalation du monoxyde de carbone ne sont pas dues à un défaut de fabrication des poêles à gaz", dira-t-il d'emblée. Par ailleurs, depuis octobre 2013, les cadres de la direction, comme l'atteste le bilan, ont effectué 33 interventions et procédé à 5 prélèvements d'échantillons. Selon le chef de bureau de contrôle des produits industriels et services, M. Kribaâ, chaque wilaya a le devoir de contrôler les produits fabriqués sur son territoire. "Pour notre wilaya, nous avons cinq marques. Après les analyses au niveau du laboratoire de qualité de Constantine, il s'avère que les appareils ne répondent pas à la norme 613." Les réserves ont été notifiées aux fabricants qui, selon notre interlocuteur, ont accepté de collaborer afin de se mettre en conformité. Après quelques semaines, un autre échantillon des cinq marques a été prélevé et envoyé de nouveau au laboratoire précité. Les résultats ne sont pas encore connus. Des centaines d'appareils sont retirés du marché et risquent d'être saisis si les résultats des analyses s'avèrent positifs. Selon les responsables de la direction du commerce de Sétif, les principales réserves retenues sont l'absence du fabriquant, le défaut d'étiquetage, la non-conformité de la pression du gaz et le sellage non normé. "Sous d'autres cieux, les normes garantissent que le produit a été testé par un organisme officiel, et que les performances, la fiabilité et les éléments de sécurité du système qui ont été vérifiés sont vitaux. Cela sans parler du rendement, voire de la réduction de la consommation d'énergie", conclut notre interlocuteur.F. S.NomAdresse email




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