L'ambitieux
objectif de 200.000 nouvelles PME d'ici 2014 risque de sombrer sur l'écueil du
financement. Les banques ont-elles les moyens de devenir un agent actif et de
quitter la posture de guichet passif ?
le comité ad hoc
pour le «développement des capacités des PME» qui regroupe le Conseil national
économique et social (Cnes) et le Conseil national consultatif des PME (CNC
PME), installé en décembre dernier a tenu sa seconde réunion. Le discours
officiel fait désormais du développement de la PME algérienne un axe essentiel
de la politique économique du pays. Mohamed Seghir Babes, président du CNES, a
rappelé que «90% des entreprises à travers le monde sont d'envergure PME» et
emploient jusqu'à hauteur de 80% de la main-d'Å“uvre.
En Algérie, on en est loin. Selon Reda Hamiani,
patron du Forum des Chefs d'entreprises, au niveau institutionnel tout est
«presque parfait», le problème réside dans la traduction des dispositions
existantes sur le terrain.
Ce constat vaut particulièrement pour la
relation, vitale dans les économies, entre les PME et les banques. Selon la
Banque mondiale, l'Algérie se trouve à la 135ème place en matière d'octroi de
crédit bancaire. La moyenne des projets financés par les banques publiques ne
dépasse pas les 30%. Un niveau bas qui rend illusoire l'objectif de création de
200.000 PME entre 2010-2014. Et qui, selon le gouvernement, permettraient la
création de 3 395 000 postes d'emplois.
Renforcer le tissu des PME est un objectif
consensuel chez les économistes algériens qui craignent cependant qu'il ne
reste lettre morte si la question du financement demeure irrésolue.
Le Maroc compte trois fois plus de PME (1,2
million) que l'Algérie (450.000). Dans une étude du réseau Anima Network
Investment sur le financement des PME, l'Algérie a reçu une note de 2,5 que
celle de la Tunisie est de 3,8 et celle du Maroc 4,3.
Rattraper le retard est difficile d'autant
que le durable dialogue de sourds entre les banques et les porteurs de projets
persiste. Pour l'heure, l'existence de la Caisse de garantie des crédits
d'investissements (CGCI) – dotée d'un capital de 30 milliards de dinars – ne
suffit pas à lever la méfiance.
L'intelligence
économique absente Pour certains spécialistes, le développement des PME est
bloqué par une prudence excessive, «administrative et non économique» des
banques qui invoquent régulièrement l'inexistence de projets bancables.
Le secrétaire général de l'Association
générale des entrepreneurs algériens, Mezine Belkacem, demande aux banques de
«réviser à la hausse le volume des crédits alloués aux investisseurs». Il leur
reproche d'ailleurs de favoriser les spéculateurs au détriment des entreprises
productrices.
A l'opposé, les banques font valoir qu'elles
sont tenues par des règles prudentielles et qu'elles doivent préserver leurs intérêts.
Pour un ancien cadre financier, les banques algériennes n'évoluent pas. Au lieu
de se lamenter sur l'inexistence de projets bancables, elles peuvent s'occuper
des projets qui marchent déjà pour les aider à s'agrandir et à se diversifier.
«Les banques devraient constituer des
portefeuilles de projets elles-mêmes pour pouvoir jouer le rôle pédagogique,
mais fort rentable, que les banques jouent ailleurs. Attendre derrière le
comptoir que des investisseurs arrivent avec des projets ficelés sous les bras
est une attitude stérile. Ces banques sont un peu comme nos commerçants les
plus traditionnels, ils ouvrent le rideau le matin, attendent les clients et le
soir venu baissent tranquillement le rideau…».
Selon lui, les banques demeurent des guichets
passifs en matière d'allocation de ressources alors qu'elles devraient investir
dans l'intelligence économique. «Elles ne disposent pas de structures d'études
économiques, d'analyses sectorielles, d'études de terrain. Le suivi des
activités n'existe pas, les banques ne publient aucune étude d'aucun type. Ni
étude macro-économique ni analyses opérationnelles. Ces banques n'ont pas de
moyens d'appréhender l'économie de manière dynamique et critique. Elles ne
peuvent pas jouer le rôle que l'économie dans sa phase actuelle requiert».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 23/03/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salim Rabia
Source : www.lequotidien-oran.com