De toutes les propositions, aucune ne peut se faire avec le gouvernement actuel ni avec le chef de l'Etat intérimaire, qui incarnent le régime Bouteflika.Les propositions de sortie de crise se multiplient et émanent de la classe politique, mais aussi d'animateurs de la société civile. Si tout le monde est d'accord sur la nécessité impérieuse d'engager une période de transition, les avis divergent sur le format et la durée à lui donner.
Il y a ceux qui veulent aller vers une Assemblée constituante et ceux qui préfèrent préparer le terrain et les conditions adéquates pour la tenue d'une élection présidentielle honnête et transparente. La manière et les étapes à suivre diffèrent d'une proposition à l'autre.
Le Parti des travailleurs (PT) estime que l'Assemblée constituante est un passage obligé pour aller vers la refonte totale de l'Etat national et pour l'avènement d'une IIe République. Pour la formation de Louisa Hanoune, la Constituante constitue un traitement curatif à la crise politique qui secoue le pays depuis l'indépendance.
Pour ce parti, aller vers des élections même avec des conditions de transparence optimales ne réglera pas les problèmes de fond liés à la refonte de l'Etat. Le PT considère qu'il s'agit d'une issue positive, «à même de préserver la nation du chaos, qui réside dans le respect de la volonté de la majorité du peuple d'exercer sa pleine souveraineté, définir elle-même la nature du régime à mettre en place et donc la forme et le contenu des institutions dont elle a besoin pour la satisfaction de toutes ses aspirations démocratiques, économiques, sociales, et culturelles».
Le Front des forces socialistes (FFS) aussi tient à son projet d'une Assemblée constituante. Le plus vieux parti de l'opposition considère que la crise politique est profonde et appelle à un traitement de fond pour la régler définitivement. Pour ce parti, dont le défunt fondateur Hocine Aït Ahmed avait toujours milité pour une Constituante, cette forme de transition, déjà testée avec succès dans d'autres pays, serait l'issue à la crise actuelle.
Une issue qui permettrait, selon ce parti, un nouveau départ à l'Algérie, sur des bases solides, faites de droit et de justice. Le Parti socialiste des travailleurs (PST) aussi réclame une Constituante pour préparer une Constitution qui donnera des institutions «fortes» au pays. Le PST comme le PT ont lancé des appels pour que la société s'organise à travers, notamment, des comités populaires.
Ceux qui refusent d'aller vers une Constituante sont plus nombreux. Ils expliquent leur position par le coût élevé, notamment sur le plan socioéconomique, d'une longue transition. Car, aller vers une Assemblée constituante, c'est mettre deux années pour faire revenir le pays à la normalité institutionnelle. Ces partis et personnalités proposent ainsi des formats de transition écourtée, qui mèneront tous vers des élections dans moins d'une année.
C'est le cas de Ali Benflis et de son parti Talaie El Hourriyet, qui suggèrent ainsi des mesures urgentes d'apaisement, qui seront suivies de la mise en place d'une instance présidentielle, d'un gouvernement de compétences nationales et d'une instance indépendante d'organisation d'élections. Ali Benflis parle ainsi de la possibilité d'organiser des élections dans six mois.
De son côté, le RCD propose une transition de courte durée, à travers l'installation de trois personnalités respectées et consensuelles à la tête d'un Haut conseil d'Etat, la désignation d'un gouvernement de salut national et la mise en place d'une instance indépendante d'organisation des élections qui assainira le fichier électoral.
Le MSP aussi est en faveur d'une solution transitoire ne dépassant pas une année. Il plaide pour un gouvernement d'union nationale et une commission indépendante d'organisation des élections. D'autres personnalités, à l'instar de Mustapha Bouchachi, vont également dans le sens d'une transition qui permettrait d'assainir la situation pour que le peuple puisse s'exprimer à travers des élections honnêtes et transparentes.
L'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, insiste sur le rôle de l'élite dans le règlement de cette crise. Il estime, dans une contribution dans El Watan, qu'il faut trouver «les voies et moyens pour rétablir la norme légale et instaurer la vérification et le contrôle». «Pour pouvoir prétendre modifier et remplacer des pratiques et des habitudes en vigueur, il faut les identifier, les corriger et les imposer.»
L'opération de substitution de ces pratiques par des normes et des règles est plus importante et plus difficile, mais plus efficace que le changement d'hommes. «A la condition qu'elle se déroule sous l'?il vigilant d'une vraie justice, de militants du projet Algérie et de la démocratie, de la presse, de citoyens et de l'opinion», soutient-il.
Selon lui, pour sortir de cette situation, «il serait primordial d'obtenir des tenants du système, de l'armée et des partis un accord, sur le schéma final de l'organisation de l'Etat et ses pouvoirs régaliens, la place de l'armée comme structure étatique de défense et de sécurité, la forme démocratique de gouvernement, de contrôle politique et institutionnel qui seront en ?uvre à l'avenir». De toutes ces propositions, aucune ne peut se faire avec le gouvernement actuel ni avec le chef de l'Etat intérimaire, qui incarnent le régime Bouteflika.
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Posté Le : 15/04/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mokrane Ait Ouarabi
Source : www.elwatan.com