Algérie

Plusieurs opérations pour un échec patent ! Assainissement financier des entreprises publiques



Plusieurs opérations pour un échec patent !                                    Assainissement financier des entreprises publiques
Le gouvernement ne fera plus de discrimination en matière de soutien entre l'entreprise publique et privée, puisqu'après des années d'assainissement financier sans résultat au profit des premières, il a décidé de rééchelonner les dettes des secondes.
Mais si pour le secteur privé, l'opération est à peine à son commencement, pour les entreprises publiques, en revanche, l'expérience en matière d'assainissement est aussi longue que riche en enseignements. La dernière en date depuis 2009, quand le gouvernement dans un contexte mondial de retour au patriotisme économique, a décidé de redonner vie à l'entreprise publique. D'ailleurs, un article de la loi de finances 2009 stipulait que «le Trésor public est autorisé à procéder à l'assainissement financier des entreprises et établissements publics déstructurés».
L'objectif de l'opération est de faire repartir un secteur industriel en déclin qui ne représente que 5% du PIB. Les entreprises publiques concernées sont entre autres Saidal dans l'industrie pharmaceutique, la SNVI pour les véhicules industriels, le Complexe moteurs tracteurs (CMT) pour l'industrie mécanique et pour les transports la SNTF et Air Algérie.
Mais ce regain d'intérêt pour les entreprises publiques n'est pas fortuit, selon certains. Hocine Amer Yahia, expert en économie, estime dans une déclaration à El Watan Economie que «les dernières mesures décidées pour l'assainissement financier d'un certain nombre d'entreprises publiques économiques s'inscrivent plus dans le cadre du contexte actuel fait de «tensions» que dans le cadre d'une stratégie de développement bien réfléchie». «Les ressources financières aidant, on peut se permettre de jouer aux ''pompiers''», dit-il. Réconforté par une conjoncture pétrolière à nouveau favor able, le gouvernement ne compte donc pas lésiner sur les moyens financiers pour soutenir les entreprises publiques.
Encore plus de soutien
En 2010, le premier ministre, Ahmed Ouyahia, donnait pourtant devant les sénateurs un aperçu sur la nouvelle opération, «historiquement la quatrième depuis la fin des années 1980», selon l'économiste Abldemadjid Bouzidi qui le déclarait il y a quelque temps au journal Les Afrique.Selon M. Ouyahia, «près de 200 entreprises publiques ont déjà bénéficié de la mise en route de leur processus de modernisation pour un total de 600 milliards de dinars, dont près de 500 milliards de crédits à long terme et fortement bonifiés». Alors que de nouveaux efforts financiers sont annoncés par le gouvernement, les chiffres concernant les précédentes opérations d'assainissement restent aussi vagues qu'imprécis.
En 2004, le gouvernement avait indiqué que l'assainissement financier des entreprises publiques avait coûté 28 milliards de dollars depuis 1986. Selon l'économiste Abderrahmane Mebtoul, l'assainissement des entreprises publiques «a coûté au Trésor public plus de 50 milliards de dollars entre 1971/2011, sans résultat probant, car 70% des entreprises publiques étant revenues à la case de départ».
Problèmes conjoncturels
Pour expliquer cet échec, plusieurs causes sont invoquées, notamment le fait que la plupart des mesures prises dans le cadre de cet assainissement n'ont pas apporté d'argent frais, mais seulement effacer une partie des dettes des entreprises.
C'est un processus qui «correspond à une opération financière curative : il s'agit de remédier à une situation de déséquilibre structurel de la trésorerie, résultant des conditions d'exploitation défavorables et au recours systématique au crédit bancaire à court terme, très coûteux», explique Ahmed Koudri, professeur d'économie à l'université d'Alger. Or, la relance «concerne l'avenir ; pour qu'elle soit crédible, possible, il faudrait que la situation initiale soit au moins assainie». Elle suppose aussi «des investissements financiers et autres».
Outre les problèmes structurels, il y avait aussi des problèmes d'ordre conjoncturel. Le rapport de conjoncture économique du premier semestre 1995 du conseil national économique et social mettait, en avant, «la libération du commerce extérieur, un niveau élevé de l'inflation avec mise en 'uvre du plan d'ajustement structurel entraînant un rétrécissement de la demande qui s'adressait aux entreprises publiques. Les déstructurations ont été aggravées par les pertes de change conséquentes à la baisse du cours du dinar». Dans un ouvrage intitulé «Où va l'Algérie '», les auteurs Ahmed Mahiou et Jean Robert Henry soutiennent que «les opérations d'assainissement ont été annulées par des actions menées sur d'autres plans». Ils expliquent notamment que «les entreprises dépendantes fortement de l'importation pour leurs approvisionnements en intrants et pour leurs investissements, n'ont pas cessé de subir les effets des dérives du dinar».
A cela s'ajoute le fait qu'elles soient également dépendantes d'un «système bancaire entièrement étatisé et fortement, alimenté par les déséquilibres financiers des entreprises publiques». A partir de ces données, les auteurs concluent que «dans un climat d'instabilité du taux de change du dinar, de restriction de la demande pour l'industrie notamment, le traitement financier a montré ses limites». Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il serait étonnant de voir les nouvelles opérations d'assainissement financier réussir là où les précédentes ont échoué. «La relance ne se décrète pas par la seule volonté des dirigeants et des moyens financiers qu'ils pourraient mobiliser ; elle suppose que les conditions du marché y soient favorables», nous dit M. Koudri.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)