Algérie

Plus vite, plus haut, plus fort'



Plus vite, plus haut, plus fort'
Les Fédérations nationales chargées des sports achèvent dans les prochains jours le renouvellement de leurs instances dirigeantes afin d'entamer un nouveau cycle olympique. Une quarantaine de fédérations sportives, dont celle du football, étaient ainsi concernées par ces assises électives. Or, le sport constitue désormais l'une des facettes de l'économie moderne qui brasse des milliards. D'où les appétits pour une fonction qui ne génère pas uniquement le plaisir platonique de jouer et de gagner que résume la maxime olympique «plus vite, plus haut, plus fort». Le sport est devenu un business qui fait gagner à ses pratiquants et à ses administrateurs (en aval et en amont) des fortunes que tous convoitent. Le sport est également, hélas, le lien et le lieu idéal pour le blanchiment d'argent et la corruption (cf; les affaires de paris truqués qui secouent des championnats de sports huppés sur tous les continents). Si le sport en général, le football en particulier, est devenu un phénomène de société, il est évident que celui-ci a définitivement perdu son innocence, devenant un support économique porteur et ouvrant la voie aux magouilles et à la constitution de fortunes sans cause. Cela pour dire que le sport n'est plus l'affaire des «sportifs», mais de véritables hommes d'affaires, des businessmen, lesquels ont trouvé dans le sport des vecteurs d'enrichissement rapide, sinon facile. Aussi, au moment où en Algérie on procède au renouvellement des instances dirigeantes du sport, aurons-nous la naïveté de croire que le sport algérien serait épargné par le phénomène mondial de la concussion qui gangrène le monde du sport' Surtout lorsque l'on constate que malgré les investissements colossaux consentis par l'Etat, le sport algérien reste scotché à ses starting-blocks. Aussi, peut-on se demander si les autorités sportives et singulièrement politiques du pays se sont-elles donné les moyens d'assainir le milieu sportif algérien qui est loin d'être exempt de tout reproche comme la disparition en catimini de sports qui faisaient la fierté du pays' Les sports collectifs (basket, handball et volley-ball) ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Le hand, qui nous valut de dominer le jeu à sept en Afrique durant une décennie, a disparu corps et biens. Le cyclisme, la boxe (seul sport avec l'athlétisme médaillé olympique) ne sont plus ce qu'ils étaient. Il serait vain d'énumérer tous ces sports auxquels l'Etat alloue des dividendes qui ont disparu de la nomenclature sportive nationale. En effet, il convient de le relever, à l'exception du football qui engrange la part du lion des investissements étatiques ou de sponsoring, les autres sports vivotent quand ils ne tendent pas à disparaître. Il y a de ce fait un déséquilibre flagrant dans la gestion du sport en Algérie, délaissé et dans le même temps instrumentalisé. A l'exception donc du football, les autres sports sont, soit peu développés - comme le tennis et le basket - soit ne sont pas porteurs et n'intéressent point les investisseurs. Devenu «opium» du peuple, le football - qui accapare tout - est désormais l'arbre qui cache la forêt. Au moment où se tiennent les assemblées électives des fédérations sportives et avant que de donner leur quitus, les autorités sportives n'auraient-elles pas dû demander des comptes aux fédérations quant à l'utilisation des deniers de l'Etat - souvent faramineux - qui leur ont été alloués sans résultat apparent' Ainsi, l'instauration du professionnalisme dans le football n'a rien changé aux dérives observées alors que le niveau du jeu à Onze demeure médiocre. Or, par la construction d'infrastructures sportives (stades, salles omnisports, pistes athlétiques et cyclables) et par d'autres aides matérielles et techniques, l'Etat a énormément investi dans le sport sans qu'il y ait eu jusqu'ici le décollage attendu du sport de performance en Algérie. Où sont donc passés les efforts consentis par l'Etat pour l'avènement d'un sport algérien compétitif au niveau international' Il semble bien que la question n'a pas été posée à des responsables sportifs qui continueront leur petit bonhomme de chemin aux frais du contribuable. Il est patent que la maxime «plus vite, plus haut, plus fort» qui célébrait la haute performance d'un corps sain dans un esprit sain a désormais d'autres significations!


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