Algérie

Plus un dévoiement qu'un renouvellement de la scène artistique



Plus un dévoiement qu'un renouvellement de la scène artistique
A. LemiliDepuis quelque temps si ce n'est depuis longtemps, la scène artistico-culturelle de Constantine s'est scindée en deux. Il y a désormais les anciens, évoqués au passé et les nouveaux dont le style, notamment dans le domaine musical, tranche nettement...de l'original quoique forcément ils y puisent et les textes et la mélodie, les déparant toutefois de la magie des paroles, de leur nature même. Evacué, cet aspect qui met bien mal même non seulement l'élément essentiel d'un hymne à l'amour, l'amitié, le courage généralement inspiré d'évènements authentiques, faits établis quoi que très souvent romancés, les nouvelles figures de l'art, toutes natures confondues, noient de leur présence les espaces encouragés en cela par les tenants de la culture locale au motif decontribution, voire encouragement au renouvellement de la scène alors queréellement c'est leur propre inculture qui y installe la médiocrité. Une médiocrité qui deviendra et, s'agissant de Constantine, est devenue la mesure étalon.Quand nous évoquons les anciens, il ne s'agit pas obligatoirement d'interprètes et/ou comédiens âgés. Loin s'en faut, au jour d'aujourd'hui, tous ceux qui même quadragénaires et parfois trentenaires et dont la particularité est d'avoir appris à bonne école leur art se retrouvent littéralement disqualifiés sur la scène, une scène «mutée» au nom de nouveaux besoins placés sous le vocable de «nouvelles tendances» de l'art et de la musique outrageusement consommables parce qu'éphémères. Les consommateurs en question appellent ça «Er-Raïssi» dont les chantres se comptent sur les doigts d'une main, ce qui par ailleurs leur aallègrement permis un monopole et une domestication de l'écoute musicale des uns et des autres jusqu'à la pervertir et, dans la foulée, créer et renouveler sans cesse les besoins précédemment évoqués.Seul le théâtre, depuis l'arrivée d'un nouveau responsable, un ancien confrère par ailleurs, a saisi l'importance d'une revitalisation de sa scène, et même si sous d'autres cieux rarement un comédien est frappé de limite d'âge en ce sens que tout d'abord il y a un foisonnement de textes et une écriture sans cesse renouvelée et par voie de conséquences autant de créations qu'il existe de rôles à interpréter, a fait le choix de faire appel à de nouvelles «têtes» aussi bien sur les planches que dans les coulisses : éclairagistes, machinistes, sonoristes.Ceci étant si les musiques traditionnelles locales, même dévoyées, parviennent à se maintenir, il n'en est pas de même de la musique moderne, le chaâbi et la musique occidentale.Cette dernière, exception faite du groupe Sinouj (jazz) et illusion, ne disposepratiquement pas de formation en mesure de soutenir la différence avec ce qui avait existé auparavant.En fait, ce sont toutes les formes d'expression artistique qui sont frappées d'extinction. Ceci à telle enseigne que même les Aïssaoua ne sont plus ce qu'ils étaient il y a une quarantaine d'années et, mieux encore, les Wasfane, cette troupe qui n'existait qu'en modèle unique et comme son nom l'indique, était composée intégralement de personnes de couleur, autrement dit des Noirs, s'est désormais blanchie. Un vrai paradoxe d'autant plus que nul n'aurait jamais imaginé que cette troupe en arrive à s'exhiber sur scène alors que sa force et sa particularité est qu'elle ne le faisait qu'en intérieur et pour, non pas un public comme c'est le cas actuellement, mais pour un noyau très restreint de personnes. Conclusion, tout va à vau-l'eau.A. L.




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