Plus que des amis !

La dimension révolutionnaire, universelle, de la lutte armée déclenchée par le peuple algérien, le 1er novembre 1954, pour son indépendance, lui a valu immédiatement le soutien d'étrangers, dont beaucoup de Français, mais aussi de diverses autres nationalités, (yougoslave, argentine, allemande, suisse?).Les autorités algériennes ont choisi de les ppeler «Amis de la Révolution algérienne». Evidemment, il ne s'agit pas des moudjahidine algériens d'origine européenne, comme Maurice Audin ou Pierre Chaulet, ou d'origine martiniquaise comme Frantz Fanon, ou Roberto Muniz, connu sous le nom de Mahmoud l'Argentin, qui indique son origine… Récemment, un de ceux-là est décédé : le moudjahid Villar Raphaël Luc qui a rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN) dans la wilaya II historique sous le commandement de Salah Boubnider pour, ensuite, rejoindre la base de l'Est, jusqu'à l'indépendance en 1962.
Villar Raphaël Luc a été enterré ce jeudi à Larbaâ Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, en présence du ministre des Moudjahidine et des Ayants-droits, Laid Rebiga, des membres de la famille révolutionnaire et des autorités locales. Dans une oraison funèbre prononcée à l'occasion, le ministre a salué «la mémoire d'un homme qui a cru en la justesse de la cause de Novembre, ses valeurs, ses principes nobles et sa pensée humaine pour la liberté», un homme qui est «resté fidèle à l'Algérie qu'il a toujours portée en lui avec fierté», a-t-il dit.
Parmi ceux que l'on appelle les «Amis de la Révolution algérienne», il y a, pour ne citer que les plus connus, les membres des Réseaux Henri Jeanson et Henri Curiel, surnommés «les porteurs de valises». Ils ont directement participé à l'activité de la Fédération de France du FLN qui menait la lutte armée sur le sol français. Ils ont affronté les mêmes risques que les combattants du FLN et ont été, pour la plupart, arrêtés, condamnés et emprisonnés.
Le qualificatif, honorifique, d'«amis», correspond-il exactement au niveau de leur engagement dans la lutte armée ? Il y a une différence entre les «porteurs de valises» et ceux qui ont pris part, en plusieurs endroits dans le monde, aux manifestations pour la paix en Algérie, ce qui revenait, à cette époque, à appeler à la fin de la guerre faite au peuple algérien par l'armée française, c'est-à-dire le recouvrement par l'Algérie de sa souveraineté nationale.
Encore que dans ce cas, il y a lieu de distinguer les manifestants qui sont sortis dans la rue en France, ce qui exigeait beaucoup de courage, comme la manifestation contre la Guerre d'Algérie du 8 février 1962 à Paris, qui a fini par «la répression au métro Charonne», sur ordre du préfet de police de Paris, Maurice Papon, faisant finalement neuf morts, tous militants et syndicalistes français de gauche. C'est en mai 2022, que les participants au Séminaire international sur les «Amis de la Révolution algérienne», organisé, sous le thème ?'La Révolution algérienne, source de rayonnement des valeurs humaines, pont d'amitié entre nations , sous le haut patronage du Président Abdelmadjid Tebboune, avaient recommandé la création d'une association internationale des ?'Amis de la Révolution algérienne , en vue de préserver les liens forts entre l'Algérie et les amis de sa Révolution et de sauvegarder sa mémoire historique et renforcer les valeurs suprêmes pour lesquels ils ont lutté.
L'Assemblée générale constitutive de l'Association des ?'Amis de la Révolution algérienne s'est tenue début juillet 2023. Le président de la République avait inauguré, le 5 juillet 2022, au niveau de l'esplanade de Riadh El Feth (Alger) une stèle dédiée aux ?'Amis de la Révolution algérienne . Le 2 novembre dernier, le Président Tebboune a reçu, au titre d'Amis de la Révolution algérienne, plusieurs personnalités venues assister aux festivités de commémoration du 70e anniversaire du déclenchement de la lutte armée pour l'indépendance, le 1er novembre 1954.
Leurs ascendants n'ont pas participé à la lutte armée du peuple algérien pour se libérer du colonialisme français, mais ont offert leur soutien précieux ou, au moins, ont fait preuve d'une sympathie active pour cette lutte. Leurs noms sont prestigieux : Mme Aleida Guevara, la fille du révolutionnaire légendaire Ernesto Che Guevara, Pablo Sepulveda Allende, le petit-fils de l'ancien président chilien Salvador Allende, Vo Hong Nam, le fils du général emblématique du Vietnam, Vo Nguyen Giap, la petite fille de Enrico Mattei, Roseanglea Mattei, et Zwelivelile Mandela, le petit-fils du leader sud-africain, Nelson Mandela.
Lakhdar A.