La Bourse d'Alger se porte mal. L'année 2011
s'est achevée sans nouvelle introduction d'entreprises à la Bourse d'Alger.
Mais ce n'est pas
tout. Le bilan de l'activité du segment obligataire du marché financier
algérien, qui en constituait jusqu'ici la vitrine, est en recul sensible. Qu'est-ce
qui pousse donc depuis 2 ans les entreprises publiques et privées à bouder
aussi complètement la Bourse
d'Alger ? Quelques réponses ici avec des spécialistes.
Dans son rapport
annuel pour 2010, publié voici seulement quelques semaines, la COSOB annonçait déjà un
bilan particulièrement maigre côté obligation avec un seul visa accordé en 2010
à Maghreb Leasing Algérie (MLA) pour un montant de 2 milliards de dinars. A la
suite de l'arrivée à échéance de 4 emprunts réalisés par des entreprises
publiques (ENTP, ENAFOR, Air Algérie et Sonelgaz), l'encours
des obligations disponibles à fin 2010 était déjà en baisse de 15 % en une
année.
On s'attendait à
ce que le mouvement s'accélère en 2011. Les chiffres de 2011, annoncés la
semaine dernière par le DG de la
Bourse d'Alger, M.Ferfara, sont
encore pire que prévus. La baisse en 2011 est de 53% !
En fait, il ne reste plus que 2 obligations cotées à la Bourse d'Alger puisque sur
les 5 qui figuraient encore à son bilan en début d'année, 3 obligations émises
par Air Algérie, Sonelgaz et Algérie Télécom sont
arrivées à échéance l'année dernière.
Le bilan de
l'institution n'est sauvé que par la cotation de 23 obligations du Trésor public
(OAT) souscrites par des investisseurs institutionnels, essentiellement les
banques publiques.
LE VIDE LAISSE PAR
LA DISPARITION DE
STRATEGICA
Ni les
informations fournies par la Cosob, ni les déclarations du DG de la Bourse d'Alger ne
permettent de comprendre les raisons de cette évolution. Seuls quelques experts
indépendants tentent de proposer des éléments d'explication. Omar Berkouk insiste tout d'abord sur la disparition, précisément
depuis 2 ans, d'un acteur majeur comme le cabinet conseil Stratégica
qui avait joué un rôle essentiel auprès des émetteurs potentiels au cours des
dernières années : «personne aujourd'hui ne fait plus ce démarchage des
entreprises que seul Stratégica a été en mesure de
réaliser à la fois pour des raisons objectives qui tiennent aux compétences
qu'il a pu mobiliser et pour des raisons plus subjectives qui sont liées aux
introductions dont il a pu bénéficier». Les quelques cabinets indépendants
présents sur la place financière d'Alger ne disposent aujourd'hui, selon notre
expert, ni de l'un ni de l'autre de ces atouts.
On pourrait penser que les banques publiques
notamment, qui ont été invitées par leur tutelle à s'engager plus activement
dans le rôle d'intermédiaire en opérations de Bourse (IOB) sont susceptibles de
tenir ce rôle ? Pas du tout .Pour les banques publiques qui sont les principaux
souscripteurs de ces emprunts, les émissions obligataires viennent en réalité
en concurrence de leurs crédits à long terme. «Les banques algériennes du
secteur public qui croulent sous les liquidités n'éprouvent pas le besoin de
créer un département dédié à la banque d'affaires car elles sont aujourd'hui
capables de proposer un crédit à 7 ans plus intéressant à la fois pour elles et
pour leurs clients en terme de durée et de conditions surtout si on tient
compte des frais de placements des emprunts qui alourdissent leur coût
financier pour l'emprunteur» explique Omar Berkouk.
LES FINANCEMENTS
DU FNI ELIMINENT DES CANDIDATS
Le dirigeant d'une
banque privée ajoute à ces premiers éléments de décryptage le rôle qu'ont pu
jouer, également depuis environ deux ans, les crédits substantiels et assortis
de conditions très favorables en terme de durée et de taux d'intérêt accordés
par le Fonds national d'investissement (FNI) à un certain nombre d'entreprises
publiques de premier plan qui auraient été des candidates potentielles pour le
marché obligataire algérien.
Du côté des
entreprises privées, l'échec relatif de l'emprunt réalisé par le groupe Dahli, début 2009, pourrait également avoir refroidi les
ardeurs de beaucoup de postulants.
Pour sa part, le
DG de la Bourse
d'Alger ne se contente pas de constater l' «absence de renouvellement et
d'alimentation du marché entre 2009 et 2011».
M. Ferfara plaide en faveur d'une relance et d'une dynamisation
du marché financier. Il rappelle l'importance des mesures d'exonération
fiscales adoptées par les dernières lois de finances et plaide en faveur d'un
«programme national d'émissions obligataires»impliquant secteur public et privé,
la professionnalisation des IOB ainsi qu'une mise à niveau du cadre
réglementaire «qui date des années 90».
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Posté Le : 07/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Taleb
Source : www.lequotidien-oran.com