Algérie

Plus qu'un dérapage, une sombre machination



A Alger et ailleurs, le déploiement de l'étendard amazigh à côté de l'emblème national a été chose vue dans les marches populaires du vendredi dès le 22 février, premier jour de l'intifada citoyenne contre le cinquième mandat et le régime qui en a été le promoteur. Il en a été ainsi toutes les semaines depuis quatre mois sans que le pouvoir de fait incarné par le chef d'état-major de l'armée y trouve à redire. Au vu de quoi la sortie de l'homme fort de ce pouvoir contre la présence de cet étendard dans les manifestations populaires très tardive qu'elle a été suscite de légitimes interrogations sur ce qui a poussé Gaïd Ahmed à décréter qu'un tel fait est attentatoire à l'unité nationale du pays et ses commettants passibles d'interpellations et de poursuites judiciaires.Il y a lieu de faire constater que la sortie du chef de l'armée s'est produite à un moment où tant au sein du mouvement populaire que de la société civile et de la classe politique s'instauraient des dynamiques de concertation visant à construire un consensus sur une feuille de route à présenter au pouvoir à la place de la sienne inacceptable pour eux du fait qu'elle privilégie un processus et des mécanismes qui ne feront que reproduire le système et le régime dont le peuple soulevé exige le changement radical. En agitant la prétendue menace sur l'unité nationale qui percerait selon lui derrière le déploiement de l'étendard amazigh, Gaïd Salah n'a pas commis par inconscience un dérapage comme certains ont qualifié sa sortie. Il a tout simplement réagi en homme du système face à une situation dont il a pris conscience qu'il ne peut plus en anticiper les développements.
L'histoire enseigne que les tenants du système ont pour logiciel de réaction devant de telles situations celui de la diversion et de l'exploitation de tout ce qui peut entraîner clivage et dissension dans les rangs de leurs contestataires. Convaincu que la problématique de l'identité constitue un angle d'attaque dans ce but, l'homme fort du pouvoir de fait s'est résolu sans état d'âme à exploiter sa charge clivante avec l'espoir qu'il en résultera une conséquence délétère pour le mouvement populaire donnant prétexte à sa répression inenvisageable tant qu'il est pacifique, unitaire et donnant l'image d'un peuple ayant dépassé le débat sur la question de ses identités. Que ce peuple et ses représentations toutes obédiences comprises prennent garde à ne pas tomber dans les rets que lui a tendus la sortie de l'homme fort momentanément du pays.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)