Algérie

Plus qu'impréparation



Plus qu'impréparation
à l'aune d'une célébration qui impose un minimum de sérieux et d'engagement, l'Algérie découvre qu'elle n'a pas pu préserver les forces de sa société. Le constat est implacable. Il est, une fois de plus, établi à quelques jours du 19 mars 1962 et à quelques mois d'un cinquantenaire qui fait visiblement désordre dans la maison. L'inventaire est attristant. Il révèle tout le mal fait à une indépendance aujourd'hui âgée d'un demi-siècle. Car à 50 ans, c'est valable pour les individus comme pour les nations, on est censé atteindre maturité et cumuler des expériences utiles. Force est de constater cependant que l'Algérie donne l'image d'un pays qui ne sait plus quoi faire de ses dates repères, alors qu'un tel parcours exige bien l'élaboration d'un bilan. Pour savoir surtout où se situe la faille en posant les vraies questions sur ce qui a été fait pendant 50 ans d'indépendance. Il n'est pas si difficile d'imaginer la gêne qui s'est emparée de nos dirigeants pris de court par une commémoration plus visible ailleurs qu'ici. D'où la nécessaire interrogation sur les raisons qui font que le pays soit devancé même dans la célébration de ses propres dates historiques. Il s'agit pourtant, on ne peut pas attendre une meilleure conjoncture, de rappeler ce que système colonial veut dire. Ce qu'il représente et ce que furent les «'uvres» de la France en Algérie. Pourquoi évoluons-nous donc au-dessous des dates phares du pays ' Du côté des officiels, donc de l'Etat, on vend l'idée selon laquelle «le meilleur est à venir». Et que les festivités seront «libérées» pour une grande réussite. Il faut peut être souhaiter que les festivités prévues se révèlent à la hauteur de l'évènement et ne pas assister à une ritualisation des faits. Est-ce encore possible ' Il y a franchement des raisons de douter. A l'évidence, un travail de commémoration nécessite un minimum de liberté et de vitalité, deux facteurs qui font cependant défaut dans le cas de figure algérien. L'absence de ces deux éléments- incontournables dans toute construction- a fini, après un demi-siècle d'Indépendance, par donner une société complètement dévitalisée. C'est d'autant plus déroutant que nous sommes devant une société qui n'arrive pas à se donner les moyens, ni à trouver la force, pour célébrer ce qu'elle a fait de mieux dans son passé. Signal inquiétant. Il est le résultat d'une gestion originelle de la société. Une gestion par laquelle, on ferme davantage à mesure qu'on parle assez d'ouverture. Avec une société empêchée de s'organiser librement et des élites poussées à la fuite, le pays se retrouve dans un état de dévitalisation avancée. Le désert fait du cinquantenaire n'est pas qu'impréparation.
A. Y.


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