Plus patriotes, plus musulmans, plus nationalistes

Ils sont plus musulmans que nous, plus près de Dieu que nous, plus patriotes que nous. Ils aiment trop le pays, et nous pas assez. Un député qui avait emmagasiné dans son c?ur tout l'amour pour la nation avait proposé le retrait de la nationalité à Aït Ahmed.Ils aiment à en mourir la langue arabe mais envoient leurs enfants étudier en France. Le jour même de la marche à laquelle avait appelé Aït Ahmed, une journaliste fort connue de la Chaîne III avait révélé qu'un ancien ministre de l'Education nationale qui voulait faire reculer l'enseignement de la langue française d'une année avait envoyé ses deux enfants dans un lycée de Strasbourg. Peu importe qu'il les envoient là où il veut, mais quand il a la charge de la scolarité des enfants de ce pays, on lui demande d'être conforme à ses convictions. Voter contre un parti islamiste, serait-il rejeter l'islam ' Voter contre le parti qui dit avoir libéré le pays, serait-il un vote contre l'indépendance nationale ' Un excès de zèle «nationaliste» devrait probablement combler un déficit dans la participation à la guerre pour l'indépendance. A travers son livre Les chercheurs d'os, feu Tahar Djaout voulait certainement parler de nombre de ceux qu'on montrait à la TV déterrer les ossements des chouhada pour bénéficier d'un transfert de patriotisme. «Nul ne peut s'ériger en gardien du patriotisme», nous dit Mme Benghebrit.Les femmes en Algérie savent s'engager quand le pays est en danger. Guerre pour l'indépendance, en tête des manifestations contre le terrorisme, et aujourd'hui la mère des batailles pour la modernité à travers l'éducation. On connaît le rôle des gardiens de la révolution. Fais ce que je te dis, sinon tu meurs. Au mois de mai 1990, entre les deux tours des élections communales, l'hôtel El-Aurassi abritait le dernier séminaire sur la pensée islamique. Y participait le Soudanais Tourabi. Les participants y avaient condamné à mort la sociologie pour la raison qu'elle utilise les instruments d'analyse occidentaux pour «expliquer» le musulman. Nos leaders de chefs de partis islamistes réclamaient des milices du contrôle de conformité à la chariaâ des comportements des musulmans et surtout des musulmanes. Ils voulaient également qu'au-dessus du Conseil constitutionnel, au-dessus de l'Assemblée nationale, siège un Conseil d'oulémas qui vérifie la conformité à la chariaâ des lois votées par l'APN, ceci dans le cas où siègent des députés «laïcs».