Algérie

Plus ou moins bienvenue



S'il est une chose remarquable dans les annonces de nos institutions culturelles sur leurs spectacles, concerts, expositions ou autres activités, c'est le flou artistique qu'elles entretiennent généralement sur les conditions d'entrée. A de rares exceptions, on ne mentionne pas le mode d'accès ni le prix éventuel. Est-ce payant ' Est-ce ouvert à tous ' Les enfants sont-ils admis ' A partir de quel âge ' L'entrée est-elle libre ' Conditionnée, mais alors par quoi ' Les cartons de mariage sont plus diserts et explicites.Encore une fois, ragera qui voudra, les institutions culturelles étrangères agréées se distinguent par leur transparence en la matière ! Ainsi le communiqué de l'une d'entre elles : « les entrées sont libres à concurrence du nombre de places disponibles ». Le mérite de la clarté : on prend le risque d'arriver juste à l'heure ou la précaution de la précéder. Parfois, nous recevons des communiqués sibyllins. « Sur invitation », est-il soi-disant précisé. Aucune mention de l'adresse et des horaires où celle-ci peut-être retirée. Ou mieux encore : « Vente des billets avant le spectacle ». Hé ! A quel prix ' Et à quelle heure la caisse ouvre-t-elle ' On se croirait dans un roman de Graham Greene avec des mots de passe de grands espions. Ces pratiques se traduisent en outre par un recours abusif aux invitations. Courantes dans le monde, elles permettent aux organisateurs d'évènements culturels de réserver des places aux mécènes, personnalités publiques, hommes et femmes de l'art, journalistes... Les familles des artistes ont droit aussi à cette faveur. On ne saurait priver par exemple des enfants de voir leur père ou leur mère sur scène. Après tout, les enfants de travailleurs de l'ex-RSTA ne paient pas le bus et les avantages d'appartenance demeurent acceptables. Mais nous assistons souvent à des spectacles entièrement réservés et c'est autant d'argent dont sont privés les salles et les artistes qui, de plus, ne rencontrent pas toujours leurs vrais admirateurs. Le recours aux invitations doit être limité, une proportion de 15 % étant déjà énorme. Les invitations doivent être listées et les invités, justement invités à confirmer. Par un populisme étrange qui aboutit à son contraire, on prône la gratuité quand nombre de particuliers et de familles sont prêts à payer pour voir dignement un spectacle. Craint-on la ségrégation de l'argent ' Il n'est qu'à arrêter des prix adaptés au niveau de vie moyen et mettre fin à « l'invitationnisme » qui est, lui, une ségrégation par le statut ou les relations. Pas besoin d'attendre une réglementation. De simples instructions suffiraient. C'est une question culturelle de la plus haute importance. Il y a là, conscient ou non, un souverain mépris des publics pour lesquels, en principe, tout cela a lieu. A moins que ce ne soit pas le cas, ce qu'il faudrait dire alors.


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