Algérie

Plus forts que la canicule



Les Algériens ont renoué, hier, avec la mobilisation nationale contre le système politique à l'occasion du 19e vendredi de contestation. Malgré les fortes chaleurs - dans certaines wilayas la température a dépassé les 40 degrés - la mobilisation est restée massive et imposante.Karim Aimeur - Alger - (Le Soir) - Ni les man?uvres, ni les tentatives de division, ni le temps qui passe ne viennent à bout de ce mouvement populaire hautement pacifique qui anime le pays depuis le 22 février.
En plus des slogans habituels contre les figures du système, notamment le chef de l'Etat Abdelkader Bensalah et le Premier ministre, Noureddine Bedoui, les manifestants ont réitéré leur rejet de tout processus électoral organisé par « les bandes ». Ils ont également refusé tout dialogue avec ces dernières. Les manifestants ont réagi, en outre, pour le deuxième vendredi consécutif, aux man?uvres de division suite au discours du chef de l'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, qui s'est attaqué au drapeau amazigh, instruisant les services de sécurité de faire face à ceux qui le portent.
Ainsi, les slogans contre le régionalisme ont été lancés avec force, faisant preuve d'une grande maturité politique. Les Algériens assument désormais pleinement leur diversité et toute tentative de porter atteinte à ce sentiment s'écrase sur la digue bitumée de l'unité populaire. Les manifestants refusent l'instauration d'un Etat militaire, réclamant un Etat civil et une république démocratique.La détermination était plus forte que la canicule. L'engagement était plus puissant que les man?uvres cassantes.
Sous haute tension à Alger
Comme partout, les déferlantes humaines ont convergé vers le centre d'Alger où la tension était à son comble hier. Le chef de l'état-major de l'armée a été la principale cible des manifestants qui ont dénoncé les provocations policières et les man?uvres de division. Pour eux, le chef d'état-major fait tout pour que le système reste en place. Dans la matinée, un dispositif sans précédent des forces de l'ordre a été déployé dans la ville. Les fourgons et véhicules de la police ont occupé les rues principales comme la Grande-Poste, la place Audin, la rue Hassiba-Ben-Bouali et le boulevard Amirouche, rétrécissant ainsi la chaussée. Une occupation prise pour une provocation par les citoyens qui sont systématiquement fouillés. Des centaines de personnes ont été interpellées. Le drapeau amazigh est confisqué. Un jeune, portant un t-shirt de la JSK, a été embarqué. Nombreux sont les manifestants qui ont « frappé » le symbole d'imazighen sur le visage et celles qui sont venues manifester avec des robes traditionnelles. A 14h moins quelques minutes, des marées humaines se sont déversées sur le centre. Comme d'habitude, des dizaines de milliers de manifestants arrivent du côté de Belouizdad, traversent la place du 1er-Mai avant d'entamer la rue Hassiba-Ben-Bouali. Une surprise, des plus fâcheuses, les attendait au niveau de la place de la Liberté-de-la-Presse. Un dispositif impressionnant des forces de l'ordre, composé de fourgons et d'agents, bloquait le passage. Ils se demandent qui et comment on a osé bloquer le passage à des dizaines de milliers de personnes. Sans trop réfléchir, ils forcent la barrière. Les policiers usent de gaz lacrymogène dans un premier temps avant de céder en raison de la forte pression populaire. En avançant, les manifestants trouvent une autre surprise : la trémie de la place Maurétania, qui donne sur le boulevard Amirouche, est fermée avec un même dispositif. Ils sont passés des deux côtés de la trémie, en scandant des slogans contre l'Etat militaire ou l'Etat policier. Le dispositif déployé à Audin et la Grande-Poste le matin y est resté dans l'après-midi perturbant le bon déroulement de la manifestation. Les policiers n'ont pas hésité à s'introduire au milieu de milliers de manifestants pour arracher le drapeau amazigh.
Cette tension a régné jusqu'à la fin de la marche. Mais les citoyens promettent de venir encore plus nombreux vendredi prochain, à l'occasion du 20e acte de la mobilisation, qui coïncide avec le 5 Juillet.
K. A.


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