Plus de 600 000 migrants sur le sol libyen

Coincés dans l'enfer de la guerre en Libye, des migrants sont pris dans l'étau des réseaux de passeurs et des milices locales qui les obligent à aller sur le terrain des combats.Plus d'un demi-million de migrants sont actuellement présents sur le sol libyen, a indiqué un dernier rapport de l'OIM (Organisation internationale pour les migrations) de l'ONU, publié en fin de semaine. "600 362 migrants sont en Libye", indique un résumé de ce document, précisant que 49% sont établis dans le nord-ouest du pays, une région sous le contrôle des autorités légitimes du Gouvernement d'union nationale (GNA) et plus proches des côtes italiennes, pour une grande partie d'entre eux qui ont pour projet de poursuivre leur route vers l'Europe.
Les 51% restants sont répartis comme suit : 28% dans l'est frontalier avec l'Egypte et le Soudan, 23% dans le sud-ouest du pays frontalier avec le Tchad et le Niger. Cela explique d'ailleurs la prédominance des migrants issus de ces quatre pays, comme le montre l'enquête menée par l'OIM.
Les nationalités figurant parmi les cinq premières places, selon toujours l'OIM, sont en effet la nationalité nigérienne avec 21% des migrants recensés, suivie de l'Egypte avec 16% de ressortissants, en majorité installés en Libye dans le cadre d'une migration de travail. Le Tchad et le Soudan arrivent en troisième et quatrième places avec respectivement 16 et 13%, suivis du Nigeria (8%).
Si la Libye est toujours minée par la guerre, elle reste attractive en matière d'emploi pour beaucoup de migrants, dont certains renoncent parfois à l'idée de rejoindre l'autre rive de la Méditerranée, malgré le prix exorbitant qu'ils ont payé pour réaliser leur rêve européen. D'ailleurs, l'OIM affirme qu'un migrant paierait en moyenne environ 1 216 dollars américains pour son voyage de son pays d'origine jusqu'en Libye et doit travailler dur pour pouvoir payer sa traversée en Méditerranée, comme ultime étape de son voyage.
Malgré les conditions de travail et de vie en Libye, des migrants réussissent à mettre un peu d'argent de côté, destiné à aider leurs familles. "28% des migrants ont déclaré que les fonds qu'ils envoient sont la principale source de revenus de leur ménage", précise encore le rapport de l'OIM, se basant sur les témoignages et les informations recoupées chez diverses sources en Libye.
Aussi, les femmes représentent 10% des migrants présents sur le sol libyen, sur un pourcentage de 93% d'adultes, alors qu'ils sont 7% de migrants mineurs, dont 2% sont des enfants non accompagnés. Coincés dans l'enfer de la guerre en Libye, beaucoup d'entre eux sont victimes de traite humaine, selon les différents rapports d'enquête d'experts de l'ONU et d'ONG locales et internationales.
Certains se sont retrouvés enrôlés dans les rangs des milices locales, tandis que d'autres étaient vendus en esclaves ou emprisonnés après avoir été interceptés par les gardes-côtes libyens ou renvoyés par les pays européens dans ce pays, même si l'OIM et d'autres ONG considèrent que "la Libye n'est pas un port sûr".

Lyès MENACER