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«Plus de 60 millions d'armes circulent en Libye»



«Plus de 60 millions d'armes circulent en Libye»
Devant un parterre de diplomates, de parlementaires, d'experts et de journalistes, le commissaire pour la paix et la sécurité auprès de l'Union africaine, Smaïl Chergui, a animé, hier à Alger, une conférence sur la situation en Afrique. Il met en garde contre la circulation de plus de 60 millions d'armes en Libye, auxquelles s'ajoutent des armes très sophistiquées transférées vers le sud et le nord du Mali.Invité par le Conseil de la nation, le commissaire africain pour la paix et la sécurité a passé en revue, hier, les foyers de tension, de guerre, de terrorisme et de criminalité qui laminent trois principales régions de l'Afrique, à savoir le Sahel, les Grands Lacs et la Corne d'Afrique. Cependant, il s'est attardé particulièrement sur le Mali, mais aussi sur la Libye, où, dit-il, «l'égoïsme de l'occident, l'intervention de l'Iran, des Emirats et de certains pays arabes n'ont pas aidé à sortir le pays de la crise. La Libye est un pays riche. Chacun des Etats européens a son propre envoyé spécial pour la Libye qui défend ses intérêts. On a imposé aux Libyens des solutions qui n'ont pas mené loin.Il y a nécessité pour la Libye d'avoir d'une voix africaine forte afin de la soutenir». A ce titre, le diplomate annonce l'envoi (en Libye) durant la dernière semaine du mois en cours, par le CSP (Conseil pour la paix et la sécurité), d'une délégation ministérielle «chargée d'aider nos frères libyens à trouver eux-mêmes une solution pour faire sortir leur pays de la crise afin qu'il reprenne sa place le plus tôt possible». Il annonce également la réouverture prochaine des bureaux du CPS dans la capitale libyenne, après le retour récent du bureau de l'Onu à Tripoli.Selon lui, cette crise «a trop duré en raison des interférences de nombreux pays arabes et occidentaux». Elle a eu pour conséquence, souligne-t-il, «la prolifération de quelque 60 millions d'armes, auxquelles il faut ajouter d'autres de plus en plus sophistiquées transférées au sud du pays. Plus ces armes atteignent le nord du Mali et le Sahel, plus la tragédie prendra de l'ampleur. Ce qui renforce davantage nos inquiétudes.»Sur le conflit du Sahara occidental, Smaïl Chergui souhaite que «l'adhésion du Maroc à l'Union africaine aux côtés de la République sahraouie puisse résoudre dans l'immédiat le conflit qui n'a que trop duré et qui alourdit les souffrances de la population. Le CPS a la responsabilité de proposer une voie, comme la relance de la commission présidentielle qui existait auparavant dans une tentative d'arriver à une solution?».M. Chergui note par ailleurs que «la présence du Maroc dans cette famille (l'UA) l'oblige à aller dans le sens des aspirations de celle-ci, qui vont dans le sens du règlement de ce conflit.» Abordant la crise syrienne, Smaïl Chergui n'a pas manqué de mettre l'accent sur «l'égoïsme des pays occidentaux qui ne voient les souffrances de ce pays qu'à travers l'immigration, devenue la priorité de leurs priorités. Le Liban, qui compte 3 millions d'habitants, accueille près d'un million de réfugiés syriens, alors que l'Europe peine à recevoir quelques centaines de milliers. Qui a ajouté de l'huile sur le feu pour que les Syriens qui vivaient en toute sécurité se retrouvent dans cette situation '» interroge-t-il.Revenant sur les problèmes de l'Afrique, le commissaire rappelle également la question climatique et les maladies qui frappent des régions entières et qui multiplient les défis auxquels l'Afrique doit faire face. «Source de démocratie ailleurs, les élections sont dans beaucoup de pays africains la cause de conflits armés, de la propagation de la violence et de l'instabilité. Le CPS aide beaucoup à la construction des institutions de l'Etat, qui sont des facteurs de stabilisation et de paix», a souligné Smaïl Chergui.Il a rappelé les efforts consentis pour endiguer le phénomène du terrorisme, notamment au Nord du Mali à travers des mécanismes, comme ceux de Nouakchott pour le Mali et de Djibouti pour l'Afrique de l'Est. Le diplomate a longuement parlé des forces de maintien de la paix de l'UA installées entre autres en Somalie, au Rwanda, au Sud-Soudan, en République centrafricaine où «nous avons beaucoup avancé et où il ne reste que le chef des cette organisation criminelle à neutraliser.La force installée à N'djamena, renforcée par des moyens, a elle aussi enregistré de nombreuses victoires sur le groupe terroriste Boko Haram retranché dans une seule région, d'où il envoie des jeunes filles avec des ceintures d'explosifs pour marquer sa présence.» Il insiste sur le développement du continent, à travers la récupération des revenus de ses ressources. «Les experts évoquent 50 milliards de dollars de fuites de capitaux chaque année, que l'Afrique peut se réapproprier au profit de son développement.Elle peut également récupérer la somme de 50 milliards de dollars par an liés aux taxes sur l'utilisation de ses ressources naturelles, dont elle ne perçoit aujourd'hui que 18 milliards de dollars», révèle Smaïl Chergui. Revenant sur l'apport de l'Algérie, il affirme que notre pays assure sa sécurité, «mais également celle des Etats qui nous entourent à travers la formation des forces spéciales et l'aide logistique qu'elle met à leur disposition.Son v'u est d'arriver à constituer cette force d'intervention africaine regroupant dans un premier temps 5000 hommes au Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad et l'Algérie». Sur le retrait de certains pays africains de la CPI (Cour pénale internationale), Smaïl Chergui explique que «beaucoup de pays ont estimé que convoquer un Président et le laisser durant plus de trois ans à l'extérieur de son pays n'était pas normal. Ils ont proposé à ce qu'il soit interrogé dans son pays, mais cela a été refusé.L'idée largement partagée aujourd'hui, c'est que l'Afrique se dote de sa propre Cour pénale». Sur la question des sièges au profit de l'Afrique au sein du Conseil de sécurité de l'Onu, le diplomate déclare : «Nous avons demandé deux sièges permanents et trois autres non permanents. L'Afrique a droit à des voix au sein de cette institution qu'elle veut avoir pour défendre ses intérêts.»


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