La stratégie prônée par le gouvernement pour une gestion efficiente des
déchets domestiques et spéciaux (collecte, traitement, recyclage), nécessaire
pour maîtriser les dangers biologiques et chimiques et leurs impacts sur
l'environnement et la santé de la population, semble buter sur le terrain à
«l'hétérogénéité de l'intervention des différents acteurs qui évoluent en rangs
dispersés usant de procédés, de techniques et de comportements antinomiques
entraînant des dysfonctionnements et des déséquilibres à tous les niveaux», relève
un rapport de 2011 de l'Agence nationale des déchets (AND). «Le caractère
limité de la compétence locale, régionale ou nationale a entraîné le recours
par les décideurs locaux à des procédés approximatifs et l'acquisition
d'équipements motorisés et non motorisés inadaptés», précise l'AND, relevant une «réelle absence de capitalisation de
formation et «le peu d'intérêt manifeste» des élus aux problèmes liés aux
déchets. Le rapport révèle que plus de 3.000 décharges sauvages ont été
dénombrées à travers le territoire national. Ces décharges occupent une
superficie de 150.000
hectares, situées le plus souvent sur des terres
agricoles ou le long des oueds. «Les décharges sauvages sont dans un état
d'insalubrité très prononcé et constituent un danger permanent pour
l'environnement et la santé publique», affirme l'AND,
citant une enquête réalisée par les services du ministère de l'Aménagement du
territoire et de l'Environnement. Le rapport indique que la concentration
massive de la population algérienne dans le Nord du pays (4% du territoire
national abrite quelque 65% de la population globale estimée à 35 millions
d'habitants) a engendré de fortes pressions sur l'environnement, en particulier
en matière de gestion des déchets urbains. Pour remédier à cette situation, l'AND rappelle que l'Algérie a déjà mis en Å“uvre une
stratégie nationale de gestion des déchets, en lançant notamment d'importants
chantiers de réalisation d'une centaine de centres d'enfouissement technique (CET)
de classe 1 dont 42 sont en cours d'achèvement, 32 construits, 27 en phase
d'étude et de choix de site et 10 sont opérationnels. Le nombre de décharges
contrôlées s'élève, quant lui, à 102 dont 38 en construction, 18 construites, 27
en phase d'étude et choix de site et 19 en voie de lancement. Deux centres de
traitement des déchets industriels sont en cours de construction. A l'horizon 2014,
l'Algérie prévoit de réhabiliter 14 décharges les plus importantes à travers le
territoire national, tandis que le nombre de CET de classe 2 dépassera 300 et
contribuera ainsi à prendre en charge «plus de 75% des déchets ménagers».
Concernant le coût de gestion des
déchets ménagers solides, le coût moyen de traitement et d'élimination d'une
tonne de déchets se situe entre 1.500 et 2.000 DA. Pour l'agglomération
algéroise, le coût de traitement, collecte, transport et élimination est estimé
à plus de 4.000 DA/tonne. Selon le rapport, plus de 10 millions de tonnes de
déchets municipaux solides (DMS) sont générés annuellement en Algérie. Un
Algérien produit quotidiennement en moyenne 0,85 kg de déchets solides
et cette production avoisine 1,2
kg dans la capitale Alger. La collecte des DMS atteint
les 85% en zones urbaines et 60% en zones rurales. Les DMS sont composés
notamment de matières organiques (61,7%), de plastiques (11,9%), textiles (11,3%),
papiers (9,2%), métaux (2,5%) et verres (1,3%). Environ 80% des déchets
municipaux solides sont déversés dans les décharges, 15% mis dans des centres
d'enfouissement technique (CET) et seulement 4 à 5% sont recyclés. La
production annuelle des déchets ménagers solides dépassera, en 2015, les 12
millions de tonnes et approchera les 17 millions de tonnes en 2025.
En plus des déchets ménagers, l'Algérie
a accumulé aussi «un retard» dans la gestion des déchets industriels et
spéciaux dangereux (produits phytosanitaires, huiles usagées contenues dans des
appareils électriques, etc.). Elle est ainsi confrontée à la production et au
stockage d'une quantité «notable» de déchets industriels (production de 2,5
millions de tonnes/an et stockage de 4,5 millions de tonnes), dont les déchets
spéciaux dangereux atteignent les 325.100 tonnes/an. Une cartographie nationale
des déchets spéciaux a permis «de quantifier et de domicilier les déchets
spéciaux tout en identifiant les principales sources et les différents
générateurs». «Les quantités stockées de déchets spéciaux dangereux, en attente
d'une solution d'élimination, dépassent les deux millions de tonnes». Les
activités de soins à risque infectieux génèrent, quant à elles, «37.900 tonnes
de déchets par an», estime l'AND, qui indique que les
incinérateurs existants sont «trop insuffisants pour satisfaire toute la
demande». «Sur 178 incinérateurs installés, seuls 131 sont opérationnels dont
plus de 70% sont utilisés comme brûleurs», ajoute l'agence, notant qu'«une
bonne partie de ces déchets se retrouve dans la décharge». La gestion de ce
type de déchets pose de sérieux problèmes à cause, notamment, «de la non
application de la réglementation et de l'absence d'une définition précise des
responsabilités».
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Posté Le : 19/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Sofiane M
Source : www.lequotidien-oran.com