Algérie

Plus de 140 morts et 828 blessés: Emeutes d'un nouveau genre en Chine



Au moins 140 personnes ont été tuées et plus de 828 autres blessées, dimanche, dans des émeutes ethniques à Urumqi, capitale régionale du Xinjiang, majoritairement peuplé de musulmans. Un bilan qui pourrait s'alourdir encore. Ces émeutes sont les plus meurtrières en Chine depuis des décennies.

«C'est l'incident ethnique le plus grave depuis la fin de la Révolution culturelle (1966-1976) si les chiffres sont confirmés», a déclaré à l'AFP Nicholas Bequelin, de l'organisation Human Rights Watch.

Pékin, qui accuse directement la dissidence Ouighour en exil d'être derrière ces violences, a renforcé hier la sécurité dans cette région autonome, située dans l'extrême nord-ouest chinois, aux confins de l'Asie centrale. Des centaines de personnes ont été arrêtées. Ces émeutes ont éclaté dimanche soir quand des milliers d'émeutiers sont descendus dans les rues et ont attaqué des Hans, ethnie majoritaire en Chine, selon les témoignages d'habitants. Hier, la télévision chinoise a montré des blessés couverts de sang, des carcasses de véhicules incendiés et des foules jetant des pierres sur les forces de l'ordre ou retournant des voitures de police. Mais des groupes exilés ouighours ont affirmé que les forces de l'ordre avaient tiré sur des manifestants pacifiques.

Le Xinjiang, peuplé notamment de 8,3 millions de Ouighours, des musulmans turcophones, est régulièrement la proie de troubles séparatistes. Des habitants dénoncent aussi la répression politique et religieuse menée, selon eux, par la Chine sous couvert de lutte antiterroriste, et s'insurgent contre la sinisation de leur terre.

Dans un discours musclé, le président de région Nur Bekri, a affirmé hier que le Xinjiang prendra les mesures les plus fortes pour empêcher la situation de s'étendre à d'autres régions et pour préserver la stabilité. «Les forces de sécurité et la police armée doivent renforcer leur contrôle sur Urumqi et la poursuite des éléments criminels, et traiter fermement et résolument les nouveaux actes de destruction», a-t-il déclaré.

Cette vaste région aride constitue l'une des deux zones, avec le Tibet, où Pékin redoute particulièrement l'instabilité. La flambée de violence d'Urumqi évoque d'ailleurs les émeutes de Lhassa, la capitale régionale du Tibet, où, le 14 mars 2008, des émeutiers tibétains avaient attaqué des Hans et leurs commerces, tuant, selon les autorités chinoises, 18 civils et un policier.

Un couvre-feu devait être imposé dans la soirée d'hier. «Un couvre-feu sera en vigueur à 20h00» (12h00 GMT), a déclaré un policier à l'AFP, sans préciser si cela concernerait l'ensemble de la ville ou simplement les quartiers théâtres des troubles. La sécurité avait été particulièrement renforcée hier dans les zones où les violences se sont produites, tandis que les forces de sécurité étaient moins visibles ailleurs.

Dans les quartiers musulmans d'Urumqi, notamment près du grand marché de la ville, de nombreuses forces de sécurité patrouillaient dans des rues vidées de leurs habitants et bordées de commerces restés fermés.

Des véhicules patrouillaient les rues bordées de bon nombre d'échoppes closes. «Les boutiquiers ont peur», a expliqué à l'AFP une propriétaire de bar han. L'internet a été interrompu et les communications mobiles également, ont indiqué des résidents. Le renforcement de la sécurité avait gagné jusqu'à l'extrême ouest de la région.

Joint par téléphone, un commerçant de Kashgar a signalé à l'agence française une présence policière inédite. A Urumqi, des centaines de personnes ont été arrêtées, dont «plus de dix personnalités-clefs qui ont attisé les troubles», a indiqué la Sécurité publique. Le gouvernement régional a accusé le Congrès mondial ouighour, dirigé par la dissidente en exil Rebiya Kadeer, d'avoir excité ses sympathisants à la violence par des appels sur l'internet.

Interrogé sur ces troubles, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé que «tous les différends, qu'ils soient à l'intérieur (d'un pays) ou au niveau international, doivent se résoudre pacifiquement par le dialogue».




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