«En moins de deux années seulement, nous avons comptabilisé le massacre de plus de 120 mammifères marins. Il est temps que cesse enfin cette hémorragie qui nuit considérablement à un monde pourtant conventionnellement protégé», déclare, lors d'un entretien, Hocine Bellout, président du Comité national des marins pêcheurs et poissonnier (CNMPP). «Notre pays, qui est signataire de la convention de Barcelone, devrait de fait œuvrer pour limiter les atteintes que subissent encore des espèces protégées comme les dauphins, les marsouins, les tortues…» L'Algérie représente actuellement l'un des rares pays méditerranéens à tolérer la pratique de cette pêche. Cette dernière pratique, destinée à la pêche de l'espadon, consiste à utiliser des filets s'étalant sur plus 10 km qu'on laisse dériver au gré des courants, pour opérer un véritable raclage des fonds marins, d'où les captures accidentelles de mammifères marins.
«En Algérie, on a tenté de normaliser les longueurs des filets en les limitant à moins de 3000 m. Mais dans la pratique, les pêcheurs dépassent largement cette longueur. Il suffit juste d'aller faire un tour à travers les 31 ports de pêche du pays pour constater ces infractions», explique M. Bellout. Le foie du dauphin coûte 3500 DA. Selon lui, les données actuelles relatives au nombre de mammifères massacrés par cette pratique «illégale» seraient nettement inférieures à la réalité. «Nous disposons d'un certain nombre de données que nous communiquent les pêcheurs, bien que nous restons convaincus que le nombre de mammifères massacrés par cette pratique reste beaucoup plus important». Et de justifier : «Nous savons que la plupart des mammifères capturés accidentellement dans ces filets sont rejetés en haute mer.
Les dauphins surtout sont le plus souvent éventrés vivants par certains marins pêcheurs qui s'emparent de leur foie pour le vendre au prix fort», explique le président du CNMPP et de rajouter : «Le foie du dauphin est vendu à raison de 3500 DA l'unité. On lui attribue, certainement à tort, des vertus curatives». Pour M. Bellout, la pratique de la pêche par les FMD devrait définitivement disparaître de nos côtes : «Le raclage opéré par ces filets ne nuit pas seulement aux espèces protégées mais également à toute la richesse faunistique et floristique. C'est une pêche aveugle qui draine tout ce qu'elle trouve sur son passage. A Skikda, par exemple, on déplore le massacre de huit dauphins, d'un bébé cachalot de 2 tonnes et d'une tortue de 400 kg qui a été récupérée vivante avant d'être massacrée à coups de pelle par des agents communaux. Où étaient donc les responsables de l'environnement et les élus locaux '
Les filets dérivants ont occasionné la perte de 8 dauphins à Mostaganem, 3 à Béni Saf, 4 à Annaba…», M. Bellout citera plusieurs autres exemples qui concernent l'ensemble des ports du pays : «Le topo est le même. Les filets dérivants, respectant les normes ou les dépassant ainsi que les filets invisibles, interdits en principe, sont étalés sur les quais au vu et au su de tout le monde». Il souhaite en dernier lieu de voir les instances concernées réagir en bannissant «comme l'ensemble des pays de la Méditerranée» cette pratique nocive. A relever à ce sujet que les FMD ont été bannis en Méditerranée en 2002. Seuls l'Algérie, le Maroc et la Turquie avaient poursuivi cette pratique. En 2011, ces deux derniers pays ont interdit à leur tour toute pêche aux FMD. En Algérie, le massacre se poursuit et le matériel des FMD aurait même enregistré une impressionnante croissance grâce à l'acquisition de matériels des pêcheurs grecs et turcs qui, eux, sont passés à une nouvelle étape de restructuration.
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Posté Le : 03/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Khider Ouahab
Source : www.elwatan.com