Algérie

Plus de 100 morts à Deraa: Le régime de Bachar Al Assad face à la révolution «Faceboook»



La révolution «Facebook», celle mise en place par des mouvements de jeunes, un peu partout dans les pays arabes, a atterri cette semaine en Syrie. Le mur de la peur a, de fait, volé en éclats, dans un pays qui vit sous état d'urgence depuis 1963. Hier, un peu partout dans le pays, des milliers de manifestants ont bravé l'interdit et la peur pour revendiquer des réformes politiques en profondeur en Syrie. Mais également pour dénoncer l'usage de la violence contre les habitants du village de Deraa. Mercredi dernier, plus de 100 personnes ont été tuées, selon plusieurs sources, par les forces de sécurité au village de Deraa, dans le sud du pays, après 5 jours de manifestations contre le pouvoir et le régime de Bachar Al Assad. En fait, le vent de la révolte, qui lamine les régimes arabes, a fini par atteindre la Syrie, au village de Deraa, d'où est partie une vaste contestation populaire. La violence des manifestations dans ce village, accompagnée d'une répression policière inouïe, a conduit le régime à reculer. Arès la violente répression de mercredi, le régime a limogé le gouverneur de Deraa, Fayçal Kalthoum, et jeudi les autorités syriennes ont affirmé qu'elles envisageaient de supprimer l'état d'urgence dans le pays, en vigueur depuis 1963. Ce mouvement de contestation a débuté le 15 mars en Syrie, à la suite d'un appel via une page Facebook, intitulée «la révolution syrienne contre Bachar Al-Assad 2011».

Vendredi, «jour de dignité»

Vendredi, c'était «le jour de la dignité», et des milliers de manifestants sont sortis dans les grandes villes du pays, notamment à Damas, pour dénoncer le régime et soutenir les manifestants de Deraa, au lendemain de l'annonce par les autorités de mesures sans précédent pour calmer la colère des manifestants. Après la prière, à la mosquée des Omeyyades, dans le cÅ“ur de Damas, 300 manifestants ont marché vers le souk Hamadiyeh, en criant «Deraa, c'est la Syrie», «Nous nous sacrifierions pour Deraa», «Dieu, la Syrie, la liberté et c'est tout». Ils ont croisé des partisans du régime qui leur répondaient: «Avec notre sang et notre âme, nous nous sacrifierons pour Bachar» al-Assad, le chef de l'Etat, «Dieu, la Syrie, Bachar et c'est tout». Près de 200 personnes ont également défilé dans la vieille ville jusqu'à la rue «Athaoura», avant d'être dispersées violemment par la police. Des manifestants ont été interpellés violemment par les forces de police. Dans le sud du pays, à Daael, à 30 km au nord de Deraa, 300 personnes, portant des drapeaux syriens et précédées d'une dizaine de motards, criaient «Daael et Deraa ne se laisseront pas humilier». Aux environs de Deraa, des soldats chargeaient des sacs de sable dans des camions et des bus de l'armée ont pris position aux croisements menant à des villages de la région, selon des témoins. A Deraa, où les journalistes ont été expulsés hier, des habitants, après la prière du vendredi, à la sortie de la mosquée al-Omari, ont défilé jusqu'au cimetière en criant des slogans hostiles au régime, comme «le peuple veut libérer le Golan» et «avec notre sang et notre âme, nous nous sacrifierions pour le martyre». La veille, ils avaient enterré leurs morts tués dans les affrontements avec la police. Par ailleurs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, 3.000 personnes ont manifesté vendredi, à Banias, à 250 au nord-ouest de Damas.

Bachar prié de partir

Dans un communiqué publié hier sur Facebook, «l'Union de la jeunesse syrienne» a appelé «le président Bachar al-Assad et les membres de son régime à démissionner» et à la mise en place d'un «gouvernement de transition formé de toutes les composantes du peuple».

 Sentant le vent de la révolte, les autorités syriennes avaient annoncé jeudi, qu'elles envisageaient l'annulation de l'état d'urgence, ont promis des mesures anti-corruption et annoncé des libérations ainsi qu'une augmentation de 30% des salaires des fonctionnaires. L'avocat et militant de Deraa, Issa Al-Masalmeh, âgé de 70 ans, fait partie des gens libérés après quatre jours de détention. Il a déclaré à propos de ces mesures: «si elles se réalisent, on aura répondu à une partie des revendications du peuple exprimées depuis des années»». Notre mouvement pacifique va toutefois se poursuivre car nous ne voulons pas simplement des promesses mais la mise en Å“uvre des mesures annoncées. De simples promesses ne suffisent pas, nous voulons des mesures tangibles», a-t-il ajouté. Boussaina Chaâbane, conseillère du président Bachar Al-Assad, a déclaré, lors d'une conférence de presse jeudi à Damas, au lendemain de la tuerie de Deraa, que les demandes de la population étaient «légitimes». La télévision d'Etat a fait état de son côté, de la libération de «toutes les personnes détenues lors des récents évènements». La conseillère du président syrien a indiqué par ailleurs que 10 personnes avaient été tuées depuis le 15 mars, reprochant aux médias étrangers d'exagérer le nombre de victimes, notamment mercredi dernier à Deraa. Il y a sûrement plus de 100 morts, a répliqué un militant des droits de l'Homme.

Deraa, ville martyre, occupée par l'armée

La mosquée al-Omari de Deraa, qui était devenue le quartier général de la contestation, a été évacuée par les services de sécurité qui en ont pris le contrôle. Les rues de la ville étaient désertes, les magasins et écoles fermés, alors que des milliers de soldats et unités anti-terroristes patrouillaient dans la cité. Le mouvement de contestation a débuté le 15 mars en Syrie à la suite d'un appel via une page Facebook intitulée «la révolution syrienne contre Bachar al-Assad 2011». Cette page a appelé à des manifestations, vendredi dans tout le pays, pour refuser «l'injustice et la répression».

Selon des ONG internationales et syriennes, il y a eu une vague d'arrestations depuis le 15 mars. Amnesty International a dressé une liste de 93 personnes arrêtées ce mois-ci, dans le pays, tout en estimant que le nombre réel est «vraisemblablement beaucoup plus élevé». L'ONG a demandé par ailleurs, à la Syrie de «s'assurer que les forces de sécurité cessent immédiatement l'usage excessif de la force et permettent aux manifestants de se rassembler librement».

Paris a dénoncé des «violences inacceptables» et Londres a appelé la Syrie à «respecter le droit de manifester». L'Union européenne a réclamé la libération des manifestants et la fin de l'état d'urgence. La diplomatie américaine a réagi avec circonspection aux promesses de réformes des autorités syriennes, soulignant que Washington attendait «des actes» et condamnait les violences. Enfin, l'opposition syrienne en exil a appelé, à Paris, à la chute du régime du président Bachar al-Assad et demandé à l'Europe et à la France une «pression directe et forte» sur le dirigeant syrien «pour stopper l'assassinat des innocents.




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