Plus de 100 millions de dollars empochés par les terroristes...

Depuis hier et jusqu'à demain, une quarantaine d'experts de la lutte antiterroriste venus d'Europe, d'Australie, d'Amérique et d'Afrique débattent, au siège du Centre africain d'étude et de recherche sur le terrorisme (Caert), à Alger, de la mise en œuvre du Mémorandum d'Alger du Forum mondial de lutte contre le terrorisme sur les bonnes pratiques de prévention des enlèvements contre rançon.Lors de son allocution d'ouverture, le directeur du Caert, Francesco Madeira, a qualifié les kidnappings suivis de rançon de «procédé mortel» utilisé par les mouvements djihadistes comme Boko Haram, le Mujao, Al Qaîda. «Ces groupes ont reçu plus de 100 millions de dollars en contrepartie de la libération des otages. Ils ont renforcé leurs capacités et leurs activités, dont les connexions avec le trafic de drogue, la traite humaine, la criminalité organisée sont avérées», explique l'orateur. Selon lui, plus de 35% des kidnappings suivis de demande de rançon enregistrés en 2013 ont été commis en Afrique, région confrontée à une criminalité en hausse, à des déséquilibres dans le partage des ressources et à une instabilité politique.M. Madeira a insisté sur «les mutations et les changements» que connaissent les groupes d'Al Qaîda en disant : «Avant, l'organisation avait des modes de financement locaux. Les kidnappings suivis de demande de rançon sont apparus comme un moyen lucratif. Au Sahel, ces revenus ont donné aux groupes terroristes les capacités de s'adapter à leurs besoins et d'acquérir des armes sophistiquées supérieures à celles des armées et des polices. Avec les millions de dollars obtenus en contrepartie de la libération des otages, ils ont les capacités de créer d'autres foyers de tension, d'instabilité et d'insécurité. Ils constituent une menace pour la paix et la sécurité.» Pour y faire face, «les Etats doivent identifier les auteurs, les localiser et les déférer devant la justice, afin qu'ils ne récidivent pas ailleurs».M. Madeira préconise les mesures préventives prévues par les Mémorandums d'Alger et de Rabat sur la lutte contre les kidnappings, ainsi que les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Il note, par ailleurs, que l'atelier «permet d'ouvrir le débat entre experts, d'échanger les informations et de mettre à disposition de tous les mécanismes nécessaires pour prévenir et lutter contre les enlèvements». Conseiller à la Présidence pour les questions liées à la lutte antiterroriste, maître Rezzag Bara a souligné l'importance d'une telle rencontre, dans le renforcement des approches internationales, relatives aux activités de prises d'otages et aux moyens visant à empêcher les terroristes de bénéficier des rançons : «Il est question de coordonner les efforts de chacun pour mieux gérer la situation de crise résultant d'une prise d'orage suivie de demande de rançon.»