Algérie

Plus de 10 000 patients non soignés annuellement Les 6 centres régionaux de thérapie débordés



Un déséquilibre flagrant entre la demande et l'offre en matière de soins est quotidiennement constaté dans les différents services de la santé, mais surtout au centre Pierre et Marie Curie (CPMC) de l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger.
Ce dernier et les cinq autres à Aïn Naâdja (Alger), Blida, Constantine, Oran et Ouargla n'arrivent pas à satisfaire les besoins, en dépit de la bonne volonté de leurs personnels à faire face à la forte demande pour les soins en radiothérapie estimée à plus de 20 000 patients.
«Sur 20 000 cas qui doivent bénéficier de radiothérapie, seulement 10 000 sont traités dans les centres», nous a indiqué un médecin du CPMC qui a requis l'anonymat. «Avec environ 40 000 cas de cancers dépistés chaque année, vous imaginez le nombre de personnes qui ne sont pas prises en charge», s'alarme-t-il, en affirmant que «malheureusement, 10 000 malades seulement sont traités dans les centres».
Le tri est difficile, la course pour un rendez-vous est des plus ardue pour ces malades qui affluent des quatre coins du pays vers ces centres qui ne peuvent y faire face.
«Pour l'obtention d'un rendez-vous, les malades sont contraints d'attendre 7 mois et plus au minimum, ce qui peut paraître insoutenable devant l'urgence des cas de cette maladie», a-t-il expliqué. Il a ajouté que le nombre de patients pris en charge en radiothérapie dépendait des capacités des machines de son service.
«Nous avons trois machines qui ne peuvent traiter que 75 malades chacune par jour, c'est le seuil de capacité maximum», souligne-t-il, en signalant les travaux de rénovation du service qui influent sur la capacité d'accueil du centre.
«Le service tourne à 50% de ses capacités et seulement 20 malades sont accueillis», a-t-il dit en se montrant rassurant. «Pour nos patients qui habitent loin et qui requièrent des séances quotidiennes, nous avons une maison d'accueil à Birkhadem et une ligne de bus affrétée en conséquence.» Ces lacunes ne sont pas les seules à entraver la bonne marche de ce «service de survie» puisque le médecin fait état du manque de personnel qualifié. «Nous sommes sept médecins permanents et les autres sont des résidents», a-t-il indiqué.
50% de patients traités se remettent du cancer
Par ailleurs, le médecin s'est montré optimiste en dépit des cas et des moyens limités en soins. Pour lui, il suffit de s'y prendre à temps pour venir à bout de cette maladie. «En moyenne, le cancer du sein est dépisté à l'âge de 45 ans mais il n'est pas rare de voir des jeune filles victimes de tumeurs.
Nous ne pouvons pas établir de généralité car les facteurs de risques sont tirés d'études épidémiologiques européennes dont les modèles établis ne sont pas applicables à notre société. Le message qu'il faut porter haut et fort, est que le cancer n'est pas une fatalité.
50% des patients traités ont pris le dessus sur la maladie», argumente-t-il. Dans son service, il dit que les médecins répondent aux appréhensions des patients, des psychologues les aident à se familiariser avec la maladie et à penser un avenir car le patient doit avoir confiance en ses capacités de guérison, première étape d'un long processus.
La maladie n'est pas une fin en soi et le plus important c'est de garder la tête froide pour pouvoir lutter en gardant espoir de la vie. Sur un autre aspect, il déplore le peu d'impact des campagnes de sensibilisation par rapport à l'Europe. «Si l'on dépiste des pathologies à des stades précoces alors que l'on n'arrive pas à traiter les 40 000 cas repérés chaque année, ces nouveaux cas ne seront pas traités en priorité, alors que le temps est notre ennemi. Un dilemme de plus», déplore-t-il.


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