La délégation algérienne au Forum Social Mondial (FSM) de Tunis est une des plus importante cette année. Décryptages dans cet article du HuffPost Algérie.Le virus altermondialiste a-t-il massivement touché les Algérien(ne)s' C'est la question que l'on peut se poser, avec un brin d'ironie, au vu de la forte augmentation du nombre des participants et associations d'Algérie au Forum social mondial (FSM) 2015 qui se déroule à Tunis du 24 au 28 mars.L'écart entre la participation au FSM 2013 et celle de cette année est spectaculaire. Il y a deux ans, et au prix parfois d'un véritable parcours du combattant, deux petites centaines d'Algériens seulement s'étaient rendus au rendez-vous altermondialiste à Tunis. Au FSM 2015, la présence algérienne s'élève à quelque 1.500 participant(e), ce qui représente sept fois plus de convertis "à un autre monde possible".Une chose est certaine ? et cela fait une des curiosités politiques de ce Forum social mondial - la délégation "DZ" est l'une des plus importantes de cette 13e édition.Double visageMais qui sont tous ces altermondialistes' Il y a bien entendu, les habitués des FMS, les oppositionnels, type Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), SOS Disparus, etc., qui considèrent leur présence comme naturelle. Mais pour ce FSM 2015, il y a aussi les "nouveaux ", les organisations et associations pro-pouvoir, qui ont décidé d'un déplacement en nombre."La participation algérienne se scinde en deux blocs" constate l'envoyé spécial d'El Watan au FSM, Mustapha Benfodil. D'un côté "les associations, collectifs, ONG, s'inscrivant dans le champ de l'opposition" et de l'autre "ce que d'aucuns qualifient de "société civile officielle", identifiable, pour certains, par leur casquette à l'effigie de Bouteflika".MosaïqueEnviron 650 associations ont ainsi été dépêchées à Tunis parmi lesquelles l'UGTA, des organisations étudiantes, le réseau Nada pour la défense des droits de l'enfant ou encore l'Association nationale des échanges entre jeunes (ANEJ)."C'est une mosaïque, et c'est une première", a réagi Ali Sahel, coordinateur de la délégation et président de l'ANEJ, interrogé par l'envoyé spécial d'El Watan à Tunis, Mustapha Benfodil. "Nous avons plusieurs associations du sud du pays", a-t-il poursuivi. "J'ai même ramené quelques militants du PT. Nous sommes tous Algériens et on est pour la diversité".Une diversité telle que l'ANEJ qui œuvre, hors FSM, à la promotion des activités des jeunes en Algérie animera à Tunis des conférences sur le "Droit des Peuples à l'autodétermination (cas du peuple Sahraoui)", "les Ingérences et droit à la souveraineté nationale" ou la "défense du gaz de schiste"."Contrairement en 2013 où les autorités algériennes avaient choisi le scénario de la répression en bloquant un bus de militants à la frontière algéro-tunisienne, cette année le pouvoir a décidé d'occuper l'espace en envoyant des participants en masse", analyse le directeur de Maghreb Emergent, Ihsane El Kadi.DisparitéLa présence de toutes ces associations aidées et soutenues par l'Etat irrite leurs compatriotes indépendantes et souvent véhémentes à l'égard du pouvoir. "Le pouvoir a créé une société civile parallèle, à la merci de l'administration, et qui soutient le programme présidentiel. Ils ont tous les privilèges, comme en témoignent ceux qu'on voit ici, dans ce Forum, alors qu'ils n'ont absolument rien à voir avec l'esprit de ce Forum", a ainsi confié Fouad Ouicher, secrétaire général du RAJ à El Watan.La disparité des moyens est aussi pointée du doigt par les participants dans "l'opposition" à l'image de Chafaâ Bouaiche, député du FFS, qui a dénoncé sur Facebook, l'opulence de la caravane officielle.AlternativeChez les habitués, en revanche, comme à chaque fois "on s'est débrouillé avec les moyens du bord ", déclare au Huffington Post Algérie, Madjid Serrah, membre de l'Observatoire des droits de l'homme de Tizi Ouzou présent à Tunis. "Nous avons organisé notre déplacement en Tunisie, avec nos propres moyens, en s'associant avec un collectif d'associations pour le transport en bus et le logement en résidence universitaire ".Quant aux actions initiées par ces associations au FSM, elles suivent les traditionnelles activités militantes menées en Algérie. L'Observatoire des droits de l'homme de Tizi Ouzou tente ainsi de mobiliser les participants et les différentes associations présentes au Forum sur les deux cas des prisonniers d'opinion en Algérie, explique Madjid Serrah, à savoir le journaliste Abdessami Abdelhai en prison provisoire depuis mars 2014 et le net citoyen Youcef ould dada condamné à deux ans de prison ferme assorti d'une amende pour avoir publié une vidéo montrant des policiers en train de voler un magasin à Ghardaïa.Le RAJ a, de son côté, organisé plusieurs conférences sur des thèmes qui lui sont chers tels que "le mouvement anti gaz de schiste ", "Les défis et enjeux des organisations de la société civile algérienne dans le contexte national et régional", "La place et le rôle de la jeunesse et des mouvements sociaux dans le changement démocratique", etc.
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Posté Le : 27/03/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : HuffPost Algérie Nejma Rondeleux
Source : www.maghrebemergent.info